Dieynaba Sidibé défend à New York la cause des populations mobiles pastorales en Afrique

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Sa passion pour les bonnes et justes causes ne fait l’ombre d’aucun doute, surtout quand il est question du monde pastoral pour lequel Mme Dieynaba Sidibé a suffisamment mouillé le foulard. La présidente du Directoire régional des femmes en élevage de Tambacounda(DIRFEL), également vice-présidente pour l’Afrique de l’Ouest de World Alliance of Mobile Indegenous People(WAMIP), comprenez Alliance Mondiale des populations mobiles pastorales a pris la parole au Palais des Nations Unies, devant un parterre de sommités mondiales, pour livrer la substance du point de vue de l’Afrique sub saharienne sur les impacts des changements climatiques sur les populations indigènes mobiles pastorales. Tambacounda.info vous livre la quintessence de ce speech.

L’essentiel du discours de Mme la vice-présidente pour l’Afrique de l’ouest de WAMIP a porté sur les effets des changements climatiques sur les peuples autochtones mobiles dont elle dira qu’il urge «d’analyser la stratégie de mobilité utilisée par les éleveurs, les causes et conséquences de la transhumance ainsi que les principales zones de provenance et d’accueil». Dieynaba Sidibé poursuivra en posant sans aucune forme d’ambiguïté que «les pays sahéliens sont dominés par des systèmes d’élevage extensif qui, au cours du temps, se sont adaptés (par une meilleure valorisation des écosystèmes) aux difficiles conditions environnementales dont la caractéristique essentielle est la variabilité des ressources dans le temps et dans l’espace». Sous ce rapport, «la mobilité pastorale doit être garantie du fait qu’elle constitue pour les éleveurs transhumants une stratégie de gestion de leur troupeau ainsi que des pâturages et points d’eau».

La présidente du directoire régional des femmes en élevage reviendra sur les facteurs principaux de la mobilité et c’est pour mettre en exergue, entre autres faits majeurs, «la recherche d’eau et de pâturage de meilleure qualité, la protection des cultures hivernales de la divagation des animaux, le rétrécissement des zones de parcours du bétail ainsi que le fait que le régime alimentaire des petits ruminants soit tiré vers le ligneux qui accroît leur productivité».

Dieynaba Sidibé s’arrêtera un moment sur le listing des phénomènes liés aux changements climatiques pour dire qu’il y a «le déficit pluviométrique avec comme corollaire des sécheresses de plus en plus longues, d’où la raréfaction des points d’eau». A cela s’ajoute «les inondations qui entraînent des pertes inestimables de ressources agricoles et végétales ainsi que le relèvement des températures qui augmentent les besoins en eau». Les conséquences de tels phénomènes, expliquera Mme Sidibé, se manifestent à trois niveaux.

«Au niveau écologique, nous assistons à une recrudescence des feux de brousse, à un émondage et élagage abusif des ligneux fourragers particuliers, à la surcharge dans certains parcours et autour des grandes mares qui engendre un piétinement excessif causant des difficultés de régénération du ligneux et de la biomasse herbacée». Autre conséquence toujours au niveau écologique, «la violation des règles prévues dans les réserves de biodiversité, l’ensablement des mares ou encore la régression, voire la disparition du gibier».

An plan socioéconomique, la vice présidente de WAMIP mettra l’accent sur près d’une douzaine d’éléments dont «la surpopulation dans les zones les plus favorables qui se traduit par un développement d’un habitat et d’une occupation des sols anarchiques, une augmentation de la pauvreté, un développement de l’insécurité se traduisant par des vols de bétail et des abattages clandestins, une recrudescence des conflits entre agriculteurs et éleveurs, une santé maternelle et infantile précaires chez les transhumants, l’éducation des enfants des peuples autochtones mobiles, la dislocation de leurs familles, la surexploitation des forages et la mésentente entre élus locaux et populations pastorales mobiles».

S’agissant des conséquences au plan zoo sanitaire, Mme Sidibé dira très clairement que «la réglementation sanitaire est foulée du pied, la peste des petits ruminants, la gale, la dismatose, le piétin, la pasteurellose refont surface de plus belle avec une contamination possible à partir des zones d’accueil». Elle ajoutera que «l’intoxication des animaux transhumants du fait des herbes toxiques non connues dans les zones de partance, la pollution des mares par les fèces des animaux» constituent autant de faits négatifs liés aux changements climatiques. Par voie de conséquence, la présidente du DIRFEL recommandera aux Etats et différentes communautés vivant directement ces changements climatiques «de faire participer les autochtones et peuples mobiles aux efforts de lutte contre le phénomène, de créer un observatoire des changements climatiques dans toute la sous région ouest africaine, de former et renforcer les capacités des autochtones et peuples mobiles pour une meilleure prise de conscience du phénomène et de mettre en place un bon système d’information intercontinental». En attendant le prochain rendez-vous fixé en septembre octobre en Espagne, Mme Dieynaba Sidibé s’active dans la mise en place du bureau sous régional de WAMIP, dont le siège se trouve à Genève.

Compte rendu par Boubacar Dembo Tamba / tambacounda.info