L’islam et les voies de sa diffusion au Mali du VIIIème au XVIème siècle

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Le présent article vise à analyser les conditions de pénétration de l’islam au Mali et les voies de sa diffusion.

Cependant, pour mieux cerner ces questions, nous présenterons d’abord les conditions de sa pénétration en Afrique de l’Ouest, ensuite procéderons à son analyse à la période des grandes empires (Ghana-Wagadu, Mali, Songhay) qui ont été les territoires sur les ruines desquelles a vu le jour le Mali actuel.

Nous avons choisi les repères chronologiques VIIIème siècle, période d’existence de la mosquée à Kumbi Saleh d’où la présence de l’Islam dans cette ville jusqu’à la période du XVIème siècle correspondant au rayonnement de la culture islamique sous l’empire Songhay.

L’Afrique pendant longtemps est restée un continent enfermé. Son contact avec le monde extérieur a été rendu possible grâce la vallée du Nil surtout par la navigation sur l’Océan Indien contribuant ainsi au développement de la brillante civilisation égyptienne.

C’est ici que sont nés tôt des Etats historiques influencés par l’Egypte ancienne. Cette dernière a conquis le Nord du Soudan dès le 16ème siècle avant Jésus Christ et vers -300 apparaît le royaume de Meroé ; en 300 se constitue en Ethiopie, un empire chrétien, le royaume d’Aksoum que l’islam a dû isoler de la Méditerranée au VIIè siècle. C’est surtout, à partir du VIIIè siècle de notre ère que l’Afrique noire subit à travers le Sahara et la côte de l’Océan Indien (Swahili) l’influence de l’islam.

Les richesses du continent, en particulier celle de l’or [1], ont été l’une des raisons de son ouverture sur le monde extérieur. Le commerce de ce métal jaune ainsi que celui des esclaves plus tard ont fait que l’Afrique est désormais ouverte sur le monde extérieur. Cette ouverture du continent s’accompagnera de profondes mutations politiques et culturelles.

La diffusion de l’islam au Mali actuel remonte à la période des grands empires. C’est pourquoi il est important de l’examiner à travers l’évolution des ces empires qui se sont succédés sur le territoire du Mali actuel.

Le premier empire a été celui du Ghana.

L’islamisation de cet empire a été l’initiative de Moussa Ibn Noussair qui s’est dirigé vers le Sud à la tête de 17.000 Arabes et 12.000 Berbères afin de convertir à la religion musulmane, les Berbères, les Touaregs et leurs voisins Soudanais et ce pendant le dernier quart du premier siècle de notre ère [2]. C’est ainsi que les Touaregs se sont convertis à l’islam et ont fini par envoyer des « missionnaires » au pays du Soudan afin de faire propager la religion musulmane au royaume païen du Ghana. On peut noter aussi les migrations des savants au Ghana qui ont été reçues et encouragés par les rois pour la diffusion de l’islam. Ces migrations ont ainsi permis l’expansion de l’islam et favorisé l’émergence des centres islamiques au Soudan.

A la période de l’empire du Mali qui a succédé au Ghana, le pèlerinage du roi du Mali, Mansa Moussa a en grande partie contribué à l’émergence de la culture islamique.

Après le déclin de l’empire du Mali c’était l’empire Songhay surtout à la période de la dynastie des Askia qui a connu l’épanouissement de la culture islamique.

Parmi les voies ayant contribué à la diffusion de l’islam on peut citer :

1. Les échanges commerciaux,

2. Le pèlerinage aux lieux saints de l’islam,

3. Les échanges culturels et scientifiques,

4. La politique de certains souverains du Soudan Occidental,

5. Les récits des voyageurs arabes sur le Soudan.

C’est à partir de l’Afrique du Nord, à travers le Sahara,que l’islam va s’implanter progressivement au Mali.

A partir du Xème siècle l’islamisation de l’ensemble du Maghreb était achevée sauf quelques régions éparses d’accès difficile où vivaient de petites communautés chrétiennes [3]. Mais bien avant le Xè siècle des musulmans avaient pris contact avec les Maliens.

Au Mali, les premiers contacts avec l’islam ont eu lieu au nord-est du Mali (Gao) et le nord-ouest (sud-est de la Mauritanie), probablement par le nord du seuil du Wagadu [4]. Les Berbères islamisés du Maghreb supportant mal la domination arabe optèrent pour le karijisme qui est né de la fitina (grande crise) qui ébranla la communauté musulmane à la suite de l’assassinat d’Uthman en 656 [5].

Les Karijites [6] ont un accès très large au califat et pensent qu’il doit être confié par élection au meilleur musulman en dehors de toute considération de tribu et de race « fût-il un esclave noir ».

1- Les échanges commerciaux ont permis au Mali de s’ouvrir à l’Afrique du Nord

A l’issue des pistes transsahariennes vont apparaître de grandes hégémonies politiques : les empires du Ghana - Wagadu (de -III au XIIè siècles ) du Mali (XIII- Vè siècles), du Songhay (XV-XVIè siècles) accélérant ainsi leur islamisation. Les communications entre Tadmakka-Gao-Wargla, carrefour ibadites des voies du nord étaient plus anciennes [7]. Ainsi nous pouvons en déduire qu’à Gao, l’influence ibadite donc musulmane aurait été plus importante qu’au Wagadu et Awdaghost.

La diffusion de la culture islamique à Gao,Koko ou Gogo, la capitale du Songhay s’était faite très tôt grâce à son contact avec l’Egypte. L’islam s’y est propagé par le biais des caravanes commerciales qui liaient à l’Egypte, à l’Afrique du Nord et au Maroc compte tenu de l’excellente position géographique notamment pour les caravanes venant d’Egypte, de Libye et d’Afriqiya (Tunisie).

A la première époque de l’islam, un certain nombre de savants musulmans étaient venus à Gao où ils se mirent à propager l’islam et à diffuser sa culture parmi les populations.

Ainsi, ces savants avaient poursuivi cette œuvre jusqu’à ce qu’ils aient réussi à convertir en 400/ 1009 G, le roi du Songhay de l’époque, Za Kassoy [8].

Les tombeaux [9] des rois de Gao découverts par les archéologues nous confirment cette thèse.

Dès le VIIè siècle, les auteurs ont commencé à parler d’un empire, le Ghana- pays de l’or. Des caravanes, des commerçants arabes et juifs ont atteint Ghana Wagadu.

Des recherches récentes infirment cette hypothèse et au VIII è siècle vivaient bien au Ghana, à Aoudaghost, au Zafunu, des marchands ibadites qui y avaient des établissements. Ces marchands ibadites étaient non seulement originaires de Tahert, mais aussi de Wargla, du Sud tunisien. Il est aussi à rappeler que les tribus berbères : Lamtuma et Godala qui vivaient en contact avec Awdaghost et le Wagadu furent les premières à se convertir à l’islam.

Aussi peut-on affirmer que dès le VIIIè siècle, l’or du Wagadu Ghana a attiré les musulmans du Nord [10], un prélèvement effectué sous le niveau de la première mosquée de Kumbi Saleh a été daté de la fin VIIIè siècle, fin Xè siècle au plus tard [11].

Les échanges commerciaux fréquents entre l’empire du Ghana Wagadu et les musulmans ont permis une large diffusion au IXè siècle de l’Islam sur son territoire.

Contrairement à l’Afrique du Nord où l’islam a été introduit par la conquête [12]. D’ailleurs les Arabes qui furent très durs avec les Berbères qu’ils comprenaient mal ne constituaient plus au milieu du VIIIè siècle que quelques groupes compacts habitant les villes, l’islamisation du Soudan Sénégalo nigérien s’est faite de façon pacifique. Les Ibadites convertiront d’abord leurs partenaires Soudanais, puis les princes, les chefs.

Aussi de 800 moins de deux cent ans après l’hégire jusqu’au XIè siècle et même jusqu’au-delà, les Ibadites continueront leur œuvre de conversion [13].

Il est difficile d’évaluer le nombre de musulmans soudanais de cette époque, mais vers le nord à Gao, Al Muhallabi note en 985-990, que le roi du pays se déclare musulman devant ses sujets. Beaucoup parmi ces derniers se déclarent également musulmans [14].

Al Bakr (première partie du XIè siècle) confirme aussi l’appartenance du roi à l’islam et signale que pour son investiture on lui remet un sceau, un sabre et un coran cadeaux de l’émir des croyants [15]. Il semblerait que le roi du Kaniaga, l’imam Ben Rostem de Tahert du Wagadu, ait été Karijite, comme on le mentionne dans le Tarikh el Fettach. Il s’asseyait au milieu de ses courtisans confondus avec eux, ne portait pas de turban et n’avait qu’un seul cheval malgré l’abondance des chevaux dans son armée [16] .

2- Le pèlerinage aux lieux saints de l’islam a aussi contribué à l’épanouissement de la culture islamique au Soudan occidental

Beaucoup de rois soudanais ont accompli leur pèlerinage par des voyages successifs, en passant par l’Egypte. Le Sultan Manssa Moussa qui gouverna le Mali de 1307 à 1332, effectua son pèlerinage à la Mecque. A son retour, il était accompagné de nombreux savants.

Le sultan avait fait connaissance avec Abou Ishak Ibrahim al-Sahili, poète d’Andalousie à la Mecque lors de son pèlerinage et l’invita à se rendre au Mali. Ainsi ils vinrent ensemble au Soudan. A la demande du roi Mansa Moussa, Abou Ishak Ibrahim al-Sahili avait bâti la mosquée de la ville de Gao en 725H/1325G après son retour du pèlerinage en 1235 en introduisant la technique de la brique brûlée. Il donna à son minaret une forme pyramidale et ce fut le premier bâtiment de ce genre au Soudan. Il a également construit la Grande Mosquée de Tombouctou.

Ces mosquées étaient devenues des universités fréquentées par des savants et des étudiants de partout [17]. C’est ainsi que de nombreux savants originaires de Tlemcen, de Fès, de Fajij et de Sousse, se dirigeaient vers les villes du Soudan, à Gao et Tombouctou.

Lorsque Mansa Souleymane avait accompli son pèlerinage en 1351 après Jésus Christ, il a saisi l’occasion pour acheter beaucoup de livres en vue de reconstituer les bibliothèques détruites par les Mossi, adeptes de la religion traditionnelle ce qui redonna à Tombouctou son rayonnement culturel. C’est pendant la période du règne de Moussa Souleymane qu’Ibn Battuta visita Tombouctou et se rendit au Mali et au Songhay.

3-Les échanges culturels et scientifiques ont été aussi à l’origine de la diffusion de l’Islam au Mali

La religion musulmane a généralement accepté de cohabiter avec les cultures africaines et l’islam n’a jamais mis d’objection aux pratiques magiques. Les marabouts, les saints hommes de l’islam ont été plus ou moins assimilés aux magiciens. Les sultans et rois du Soudan essayaient d’instaurer les bases d’une renaissance culturelle islamique florissante en envoyant des étudiants en Egypte, au Maroc, et au Hidjaz afin d’approfondir leurs connaissances scientifiques et culturelles pour enfin regagner le pays. Parmi eux on peut citer le cheikh et savant Abou Mohamed Youssouf Ibn Abdellah al-Takruri qui étudia à Al Azhar en Egypte et a eu à diffuser son savoir et ses connaissances jusqu’à sa mort.

C’est ainsi qu’en récompense aux efforts déployés pour la diffusion de l’Islam, les Egyptiens avaient construits une coupole au-dessus de sa tombe ainsi qu’une mosquée connue sous le nom de la Mosquée al-Takruri [18].

Nous pouvons ainsi citer les Cheikhs Sabih Ibn Abdellah al Takruri al- kalutati, Rashid Abdullah al- Takruri, Abdel Malik Ibn Ali al- kanimi, Mohamed Ben Ahmed Ben Othman Ben al-Abbas al-Harraz al-Izz al- Takruri, Muhamed al-kashnawi ont largement contribué à la diffusion de l’islam [19]. Parmi les savants soudanais qui sont allés chercher le savoir en Egypte, à Fès, à Tlemcen, à Kairouan, au Hidjaz et dans d’autres pays islamiques du Machrek ou du Maghreb avant de regagner leur pays on peut citer le Cadi Katib Moussa qui était resté l’Imam de la grande mosquée de Tombouctou pendant quarante années consécutives, Ben Mohamed Aqit Ben Omar Ben Ali Ben Yahya As-sanhaji Al-Massufi qui était le Cadi de Tombouctou, savant du Tekrour, jurisconsulte et l’Iman ; il y a aussi Ahmed Ben Omar Mohamed Aqit, le Cheik Makhlouf Ben Ali Ben Saleh al-Balbali qui était parti chercher le savoir au Maroc, après regagna le Soudan, visita Kano, Katsina, Agadez. Ce dernier répandu son savoir dans toutes les régions du Soudan.

Mohamed Ben Ahmed Ben Abi Mohamed Al-Tazakhti qui étudia en Egypte et de son retour au Soudan il s’installa à Katsina où il fut récompensé par son sultan qui le couronna cadi, Abou Bahr Ben Ahmed Ben Omar Ben Mohamed al Tomboukti qui partit en orient et étudia auprès des savants de Medine. Ahmed Ben Ahmed Ben Omar Ben Mohamed Aqit était admiré par l’empereur du Songhay Askia Dawud qui lui rendait visite.

Mohamed Ben Mahmoud Ben Abi Baker Al Wankari al- Tombukti, connu aussi sous le nom de Baghayogho, la destination des étudiants de tous les horizons, était considéré comme l’un des cheikhs de l’école de Tombouctou qui ont joué un rôle dans la redynamisation de la vie scientifique et la propagation de la culture islamique dans tout le Soudan. L’augmentation de l’effectif des étudiants et savants soudanais venus étudier en Egypte a nécessité la création d’une galerie spéciale à Al Azhar. Ainsi, les sultans du Soudan Occidental ont chargé le Faqih égyptien Malekite Alam al-Din Ibn Rashiq, de bâtir une école réservée aux étudiants soudanais afin qu’ils apprennent la jurisprudence (Fiqh) de l’Imam Malek.

Ibn Rahiq réalisa la construction de l’école qui fut célèbre dans toute l’Afrique Occidentale.

Ainsi pouvons-nous dire que les relations culturelles entre l’Egypte et le Soudan Occidental avaient atteint leur apogée durant l’époque des Mamelouks. Cette époque coïncidant à la propagation de l’enseignement islamique, est considérée comme la période de l’âge d’or de la culture islamique en Afrique Occidentale.

L’envoi d’étudiants soudanais dans les centres culturels du monde islamique a contribué à la propagation de la science et à l’établissement d’une renaissance culturelle dans leur pays.

L’invitation des savants du Hidjaz, de l’Egypte et du Maghreb par les rois du Soudan Occidental pour consolider les centres scientifiques et culturels islamiques dans les villes soudanaises a joué un rôle important dans l’épanouissement de la culture islamique.

Les centres d’enseignement et de culture islamiques au Soudan Occidental ont été aussi à l’origine de la diffusion de la culture islamique. La prospérité de la vie scientifique a eu lieu surtout dans les centres urbains où les écoles et les universités furent créées. Ces centres ont attiré une multitude d’étudiants et de savants venus de tout le monde islamique, contribuant ainsi au rayonnement intellectuel et culturel des villes soudanaises.

Parmi ces centres, nous pouvons citer les villes les plus célèbres comme Gao avec ses mosquées, Tombouctou avec ses universités scientifiques ainsi que Djenné ont renforcé les échanges culturels entre le Soudan et le monde islamique.

Les mosquées qui avaient joué un rôle important dans la diffusion de la culture islamique à la période de la gloire des empires islamiques du Soudan Occidental, sont les 12 mosquées de l’Etat du Ghana [20]. Des étudiants et des savants soudanais ont été accueillis par l’Université de Qarawiyyin à Fès.

A la période de l’Empire Songhay, des savants marocains étaient venus dans cet empire et ont contribué à l’épanouissement et à la diffusion de la culture islamique. Parmi eux, on peut citer : Mohamed Ben Abdelkerim al Maghili, Saleh ben Mahamoud Andy Omar, Abou al Kassim al- tuati Aberrahmane Ben Ali Ben Ahmed al- Sufyani.

4- La politique de certains souverains du Soudan Occidental a largement contribué à l’épanouissement de la culture islamique

Les sultans et rois du Soudan essayaient d’instaurer les bases d’une renaissance culturelle islamique florissante en envoyant des étudiants en Egypte, au Maroc et au Hidjaz afin d’approfondir leurs connaissances scientifiques et après regagner le pays [21]. Le sultan Mansa Moussa accordait une grande importance à faire venir beaucoup de savants et de scientifiques, surtout d’Egypte, et du Maroc.

En Egypte, il y avait une communauté importante d’étudiants, de Fuqaha et de savants soudanais, dès l’époque fatimide, faisant partie intégrante de la société égyptienne et ayant leur propre cité (Boulak) At-Takrour. Cette communauté a fortement imprégné la vie égyptienne dans beaucoup de domaines : scientifique, culturel et religieux. Les relations dans le domaine de l’éducation et de la culture étaient très importantes entre l’Occident et l’Egypte à l’époque de Mamelouks (743 H- 1342 G). Nombreux sont les savants, les Fuqaha, les commerçants et les médecins égyptiens qui étaient partis au Mali [22].

Le sultan Mansa Moussa ne s’était pas contenté de faire venir les savants et les Fuqaha du Hidjaz, d’Egypte, du Maghreb et d’Andalousie ; en plus de cela, il se mit à acquérir le plus grand nombre possible de livres malékites ainsi que d’autres écoles et dans les domaines linguistique, littéraire scientifique et culturel. C’est pourquoi les villes de son empire comme Tombouctou, Gao, Djenné, Walata et Awdaghost devinrent célèbres en tant que centres culturels vers lesquels tous les étudiants du monde se dirigeaient. Ces villes furent des lieux propices fournissant aux savants et aux Fuqaha tout ce dont ils avaient besoin, aussi bien du point de vue de la sécurité et toutes les conditions nécessaires à leur profession. La langue arabe est ainsi devenue la langue de la science, de la culture et de l’écriture en Afrique Occidentale.

Quand Mansa Moussa mourut en 1333 G, il laissa dernière lui un Etat islamique fort et prospère. Ses successeurs accordaient la plus haute importance à la propagation de la science et de la culture islamique dans leur empire. Ils bâtirent des mosquées, des écoles et amenèrent les savants au Mali [23]. Nous pouvons ainsi en déduire que l’ère de Mansa Moussa et de son frère Mansa Souleymane constituait la période de l’âge d’or du Mali. A cette époque l’éducation, le savoir et la culture islamiques s’étaient propagés à travers tout l’empire puisque le Sultan envoyait des missions culturelles dans les villes marocaines pour y approfondir leurs connaissances [24].

Tous ont œuvré pour que la langue arabe devienne la langue officielle du pays. La période du XIV è siècle a été celle de la révolution scientifique et de l’épanouissement de la culture islamique en comparaison avec les époques antérieures aux Mansa Moussa et Souleymane. A la période de l’Empire du Mali, les sultans accordaient une grande importance à la science, aux savants, aux étudiants ainsi qu’aux centres culturels et scientifiques.

Les souverains de l’Empire Songhay ont aussi contribué à l’épanouissement et à la diffusion de la culture islamique.

L’époque de la dynastie Askia Mohamed, qui avait gouverné l’empire islamique du Songhay pendant un siècle, était la plus florissante puisque la culture arabo-islamiqe s’était propagée presque partout au Soudan Occidental. Durant cette même période, l’islam avait connu sa plus grande diffusion et stabilité dans toute l’Afrique Occidentale, tout comme les échanges scientifiques, culturels et commerciaux entre les habitants du Soudan et le monde islamique avaient atteint leur apogée. Mais l’époque du roi Askia Mohamed Ibn Abi Bakr et de son fils Askia Dawud était la plus prospère.

Askia Mohamed qui gouverna le Songhay de 1493 à 1528 après Jésus Christ avait du respect et d’amour pour les savants. Ainsi, il traita les savants et les étudiants avec une grande attention, fut généreux avec eux [25].

Durant le règne d’Askia Mohamed, les savants soudanais avec son encouragement n’arrêtaient pas de voyager vers les centres culturels du Maroc.

Il avait tant œuvré pour la venue de nombreux savants du Maroc, d’Egypte et du Hidjaz.

De plus, lors de son pèlerinage en 902 H/ 1496- 97, Askia Mohamed avait pu faire venir un certain nombre de savants parmi lesquels figuraient le savant Al- Chérif Ahmed al Saqili et tous ceux qui étaient avec ce dernier comme il fit venir son propre secrétaire : Ali Ben Abdallah. De même il avait acheté à la Mecque et à Médine les jardins et des maisons pour ensuite les conserver à un usage pieux, en faveur des savants et des étudiants originaires du Soudan Occidental ainsi que des pauvres [26].

De toute l’histoire du Soudan Occidental aucun Etat n’a pu égaler celui du Songhay à l’époque d’Askia Mohamed et Dawud ainsi que leurs successeurs, tant le progrès culturel, intellectuel et scientifique était remarquable. Ce fut aussi le cas de l’Islam qui s’est diffusé dans tout le Soudan.

Askia Dawud qui avait gouverné le Songhay pendant 33 ans (de 1549 à 1583 après JC) était le premier à instaurer les bibliothèques publiques et avaient engagé des écrivains qui lui recopiaient les livres précieux qu’il offrait parfois aux savants [27].

Quant à ses successeurs, les sultans du Songhay, n’ont ménagé aucun effort pour faire venir les savants au Soudan et diffuser les sciences et la culture islamique.

Le Soudan à cette époque a pu toucher à toutes les sciences connues par les musulmans grâce à l’importation des livres qui arrivaient en grande quantité, aux Fuqaha enseignants et commerçants qui venaient vendre leurs marchandises pour y finir comme Fuqaha enseignants, grâce enfin aux étudiants Soudanais qui voyageaient beaucoup vers l’Afrique du nord, l’Egypte et le Hidjaz pour des études avant de regagner ensuite leur pays et y enseigner. Il y a aussi la contribution des Fuqaha et des savants [28] que les rois de la dynastie Askia furent venir de tous les pays islamiques pour diffuser le savoir. L’Etat islamique du Songhay avait perpétué la tradition de bien traiter la science, les savants et les étudiants.

De même, il accordait une grande importance à la publication des ouvrages scientifiques et à la diffusion de la culture islamique, et ce jusqu’à la conquête marrakéchite en (999h/1591G). C’est au cours de cette conquête qu’il y’a eu la persécution et même la détention, l’expulsion et l’assassinat de certains savants et Fuqaha et surtout la destruction des Bibliothèques publiques et privées de Tombouctou ainsi que celles des autres centres islamiques et culturels du Soudan.

Gao a été à l’origine du mouvement scientifique à la période des empires du Mali et du songhay. La ville a connu, son rayonnement scientifique pendant trois siècles : XIVe, XVe, XVIe siècles G pendant la dynastie Askia et le royaume du songhay islamique. Ainsi nous notons l’installation des savants et des Fuqaha dans les mosquées de Gao pour y enseigner le coran et les sciences multiples de même que la religion islamique.

Déjà, à l’époque où le royaume du songhay était sous la domination de l’empire du Mali, ses rois se sont intéressés spécialement à la diffusion de la culture islamique à Gao [29].

Aussi, nous pouvons mentionner l’apport des rois ayant gouverné Tombouctou dans le cadrede ladiffusiondumouvement scientifique et culturel.

Il est à rappeler que l’empire du Mali fut le premier Etat à avoir administré Tombouctou et ce après avoir conquis le songhay. Le premier des rois à avoir gouverné fut Kankan Moussa, juste après son retour de pèlerinage, puis ce fut le tour des Touaregs de Maghcharen de la gouverner pendant 40 ans et ce, dès la trente septième année du XIe siècle [30].

A la période de Mansa Moussa, Tombouctou avait connu une activité scientifique et culturelle sans précédent. Il avait ordonné la construction d’une Grande Mosquée en 724 H /1324 après JC et l’agrandissement de la Mosquée de Sankoré devenue par la suite une université islamique ; un pôle intellectuel et culturel dans le Soudan et dans le monde. On trouvait trois mosquées importantes à Tombouctou : la Grande Mosquée, la Mosquée de Sankoré et la mosquée de Sidi Yahia.

Ces mosquées étaient l’équivalent d’université, de grands instituts éducatifs et de centres culturels. Toutes celles-ci avaient atteint leurs objectifs éducatifs et culturels puisqu’elles ont formé plusieurs futurs cadis, savants hommes de lettres et historiens [31].

Le Sultan Mansa Moussa avait déployé de gros efforts pour le développement de l’enseignement et le redressement de la culture islamique dans les universités de Tombouctou, en amenant les savants du Hidjaz, d’Egypte, d’Afrique du Nord et d’Andalousie. Il envoya aussi plusieurs missions scientifiques vers les centres scientifiques du monde islamique de l’époque, en achetant les ouvrages précieux, notamment du malékisme. Il a aussi traité convenablement les étudiants et les savants venus très nombreux de toute part jusqu’à ce que la culture islamique et les sciences générales y prospèrent. C’est ainsi que Tombouctou est mondialement connue pour ses manuscrits.

La ville s’est transformée en une capitale culturelle qui avait des relations étroites avec les autres pôles culturels du Maroc et du monde arabe, tels que Fès au Maroc, Kairouan en Tunisie, Cordoue en Andalousie et le Caire en Egypte.

A l’époque de Mansa Moussa, l’islam s’est largement diffusé dans le Haoussa. C’est ainsi que Kano et Katsina ont connu un développement scientifique et culturel grâce aux activités des savants de Tombouctou et de Djenné. C’est aussi durant son règne que le pays de Yorubas avait connu l’Islam, qui s’y est propagé sous le nom de la religion du Mali [32].

Une partie au moins des savants du Mali ont joué un rôle important dans l’instauration et la diffusion de l’Islam dans le Haoussa et ce, à l’époque de Mansa Moussa. Ce sont eux qui ont posé dès le XVè siècle les jalons d’échanges en matière d’enseignement et de la culture islamique entre l’Université et les Instituts de Tombouctou, ainsi que des savants de la ville de Djenné au Mali d’une part et le Haoussa d’autre part (Nigeria actuel).

Il fallait ainsi attendre l’arrivée des savants Wangara pour voir le véritable islam instauré et l’idolâtrie éradiquée.

Aussi, lorsque Mansa Souleymane avait succédé au trône du Mali après la mort de son neveu, il a tout fait pour que Tombouctou retrouve sa gloire culturelle et scientifique perdue par suite de son attaque par les Mossi qui avaient détruit les mosquées, les écoles et les bibliothèques. C’est à cette époque que les chefs des Songhay ont pu acquérir leur indépendance et se détacher du Mali.

Mansa Souleymane a fait construire les mosquées et fit venir les savants et les Fuqaha malékites.

Cependant, il faudrait signaler que Sonni Ali a réservé un mauvais traitement aux savants parce qu’il n’était pas un bon musulman [33]. Lorsqu’Askia Mohamed était devenu roi du Songhay, il avait commencé par les faire revenir tous à Tombouctou en les indemnisant avec générosité.

Il a reconstruit tout ce qui fut détruit par Sonni Ali et a acheté beaucoup de livres scientifiques et culturels. Il s’est intéressé à la diffusion des sciences et de la culture, ce qui a redonnééclat à Tombouctou durant son règne.

La ville de Tombouctou, sous la dynastie Askia, notamment à l’ère d’Askia Mohamed et de son fils Askia Dawud, était un pôle de la culture islamique de premier plan dans le Soudan Occidental. Durant cette période, l’architecture de la ville s’est nettement améliorée avec la construction de mosquées, des instituts, des Kuttâb et des medersas [34]

A Tombouctou, les savants bénéficiaient d’un statut particulier dans la société soudanaise, puisque les rois et les sultans Songhay ont pris l’habitude de décréter des lois qui rendaient la personne du savant, sa progéniture et ses biens inviolables à vie.

Ce qui a contribué à l’épanouissement des sciences et de la culture islamique à l’université de Tombouctou. Aussi les savants et les riches de Tombouctou ont contribué à l’épanouissement de la culture islamique en créant leur propre bibliothèque et ne refusant aucun prêt aux étudiants. Ces derniers allaient à Tombouctou pour étudier à l’Université de Sankoré ou dans les Universités semblables en Afrique du Nord ou de l’Ouest. Les étudiants étaient les hôtes des riches, des commerçants et des nobles de la ville. De plus la mosquée de Sankoré, grâce à des legs pieux, pouvait subvenir à leurs besoins.

La ville de Tombouctou est devenue un pôle culturel qui rayonnait sur tout le Soudan. Elle était mondialement célèbre pour son commerce des livres et ses manuscrits. On y apportait les ouvrages de tout le monde islamique pour les recopier et ensuite les revendre sur le marché local. Les sultans, les savants et les étudiants s’empressaient de les acquérir. Les savants s’adonnaient à la création des bibliothèques privées [35].

L’Université de Sankoré, à l’époque, jouissait d’une belle réputation puisque des professeurs de renommée y enseignaient, ainsi leur réputation atteindra l’Afrique du Nord et le Maroc. Il en était de même pour les cheikhs de la Grande mosquée et de la mosquée de Sidi Yahia.

On notait la coopération étroite et continue entre les savants des Universités et instituts de Tombouctou et les universités du Maghreb à Marrakech, à Tunis et à Alger ainsi que d’autres villes.

Les savants du Maroc visitaient régulièrement Tombouctou et autres villes du Soudan, tout comme lessavants de Tombouctou, résidaient beaucoup à Fès ou à Marrakech soit pour étudier, soit pour enseigner.

5-Les récits des voyageurs arabes ont témoigné de la diffusion de l’islam au Soudan

Ibn Battuta ayant visité le Mali à l’époque de Mansa Souleymane en 753-754 H/1352-53 G, avait parlé de l’ampleur qu’avaient connue la science, la culture islamique, la justice et la sécurité au Soudan Occidental. Il était stupéfait de l’insistance des soudanais sur la mémorisation du Coran, son enseignement ainsi que l’apprentissage du Fiqh. Il disait d’eux qu’ils ne causaient aucun tort à quiconque, même leur sultan ne tolérait aucune injustice. Le Soudan de l’époque était très pacifique puisque personne ne craignait d’être volé ou exproprié. De même les soudanais étaient dignes de confiance et ils se souciaient beaucoup de la prière, en remplissant les mosquées aux heures de prière. Même après leur mort, les étrangers appartenant à la race blanche étaient assurés que leurs biens seraient, quelques soit la qualité, confiés à des hommes de confiance pour qu’ils les rendent à qui de droit.

Les Soudanais se distinguaient par une assiduité remarquable car ils ne rataient aucune prière à la mosquée. Ils frappaient même leurs enfants pour un manquement à la prière.

Vendredi, les mosquées étaient pleines, c’est pourquoi ils devaient y aller tôt ou envoyer leurs valets pour leur réserver une place. Ils s’habillent en blanc et portaient ce qu’ils auraient de meilleur. Lorsque quelqu’un d’entre eux n’avait qu’un seul vieil habit, il le lavait pour le vendredi. Ils accordaient une grande importante à la mémorisation du coran, allant jusqu’à enchaîner leurs enfants lorsque ces derniers manquaient à leurs devoirs et ils ne les libéraient qu’une fois qu’ils avaient tout mémorisé.

Nous pouvons retenir le témoignage d’Ibn Battuta recueillis par Aboubakr Maïga : « Un jour de l’Aïd je rendrais visite au Cadi et je trouvais ses fils enchaînés. Je lui avais demandé de les libérer et il m’a dit qu’ils ne seraient libérés qu’après avoir appris le coran par cœur.

Un autre jour j’avais rencontré un beau jeune homme très bien habillé avec la jambe enchaînée. J’avais cru qu’il avait commis un délit fort grave, avant de me rendre compte qu’il ne trouvera sa liberté qu’après avoir appris le coran » [36].

Ibn Fadhl Allah Al Umari avait parlé de la dévotion et de la piété qui caractérisaient le Sultan Moussa et les Soudanais lors de leur passage par l’Egypte en 724 H/1324 G sur la route pour le pèlerinage. Quant à Ibn Amir Hadjib, il était stupéfait par la bonté du Sultan et sa maîtrise de la langue arabe. Ce qui prouvait l’essor de la culture et des sciences islamiques dans tout l’empire du Mali et l’attachement des Soudanais à l’Islam et à sa compréhension.

Ibn Fadl avait rapporté d’Ibn Amir Hadjib que ce sultan et ses compagnons, lors de leur passage par l’Egypte étaient tout le temps en train de prier. Ils avaient une belle allure qui forçait le respect. En plus, le sultan était très généreux et multipliait l’aumône. Ibn Fadl avait rapporté aussi : « A mon arrivée en Egypte pour y séjourner, j’ai entendu les Egyptiens raconter le passage du sultan Moussa en route pour le pèlerinage. Alors tous parlaient de sa générosité, c’est pourquoi j’ai cherché à savoir plus chez l’Emir d’Abou - al - Abbas Ahmed Ben al- Djaki qui m’avait confirmé qu’il était aisé, bon et religieux » [37].

Il a ajouté qu’il l’avait rencontré en la présence d’un traducteur bien qu’il maîtrisât la langue.

Al-Umari et al-Qalqashandi, ils ont rapporté que le Sultan loyal du Mali Mansa Moussa maîtrisait la langue arabe écrite et parlée, tout comme son frère le Sultan Mansa Souleymane.

Ibn Battuta avait parlé de la dévotion que les Soudanais réservaient à la culture islamique durant le règne du Sultan Mansa Souleymane. Quant à la calligraphie dominante durant ces années, c’était la calligraphie marocaine de Fès.

Al-Hassan ben Muhammad al-Zayyati Al Wazzam dit Léon l’Africain, le marocain visita Tombouctou et les autres villes de Soudan et se rendit compte que c’était un pôle scientifique et culturel. Il constata avec admiration la renaissance scientifique et culturelle ainsi que le dévouement des sultans pour cette cause.

Il parla de la présence de beaucoup de savants, de Fuqaha et d’imams, qui avaient un salaire fort respectable et étaient traités aussi bien par les rois que le peuple avec dignité et respect. Il ajouta que le commerce des livres était le plus florissant, qu’ils soient reproduits sur place ou importés d’autres pays islamiques.

Concernant l’Etat islamique du Songhay, Al- Hassan Ben Muhammad al- Zayyati Al- Wazzam avait parlé des savants, des cadis, des imams et des hommes de lettres et aussi de l’estime que les rois du Songhay leur réservaient ainsi que des offrandes et des grands salaires que Askia Mohamed leur décernait. Il a aussi parlé des manuscrits et des livres vendus à des prix exorbitants et inimaginables, puisqu’ils dépassaient toute autre marchandise en gain.

S’agissant du règne d’Askia Mohamed et celui de ses fils à Tombouctou, le cadi Mahmud Kâti disait d’Askia Mohamed : « Il était l’unique roi qui a tant aimé les savants et les étudiants, le plus généreux et le plus pieux. Il était à la fois intelligent et malin. En ce qui concerne les savants, il fut modeste et très généreux envers eux. Pour les autres citoyens musulmans, il mettait toujours en avant leurs intérêts, tout en les aidant à accomplir convenablement leurs devoirs religieux. Il avait éradiqué toute innovation en matière de religion, toute injustice, et toute pratique non conforme à l’islam, en y instaurant le vrai islam. Il avait nommé des imams et des cadis dans chaque ville qui en avait besoin, notamment à Tombouctou, à Djenné et toute les autres villes « du Kanta à Sibiridougou » [38].

Aussi à la période du règne d’Askia Dawud, l’atmosphère sécurisée du pays, la prospérité et le bon traitement qu’il réservait aux étudiants et aux savants ont encouragé les savants à s’acquitter de leur devoir et à produire, les étudiants à apprendre et à beaucoup voyager pour assouvir leur désir de savoir.

 

[1] Il est à signaler qu’à l’époque l’Afrique était riche en or dans sa partie occidentale (Ghana, Bouré, Bambouk, Akan) ainsi que dans sa partie sud (Zimbabwé).

[2] Pr. Dr Aboubakr Ismaïl Maïga.- La culture et l’enseignement islamiques au Soudan Occidental ... p 22

[3] HRbek El Fasi.- Les étapes du développement de l’islam et de sa diffusion en Afrique.- Histoire générale de l’Afrique du VIIè au XIè siècle.- TIII, Présence Africaine Edicef UNESCO, 1997, p 77

[4] Jean Devisse, Commerce et routes du trafic en Afrique Occidentale, Histoire générale de l’Afrique, UNESCO, NEA, 1990 pp 397- 463

[5] J.M Cuoq, Histoire de l’islamisation de l’Afrique de l’Ouest des origines à la fin du XVIè siècle, 1984, p 16

[6] Farkat Dachraoui.- Le califat fatmide du Maghreb 292-362/ 909-973, Histoire politique et Institution.- thèse principale pour le doctorat d’Etat présentée à Sorbonne, 1981. Les karijites sont contre le luxe, le tabac, les jeux du hasard cette tendance puritaine a vu le jour au Maghreb et particulièrement au Mzab à la frange du Sahara en Algérie

[7] J.M Cuoq op.cit

[8] Za Kossoy est surnommé MuslimDam c’est à dire celui qui s’était converti de son plein gré et sans aucune pression

[9] Sur le marbre des tombeaux des rois du Songhay des écritures arabes attestent la présence et la prospérité de la culture islamique ainsi que la diffusion de l’Islam et de la langue arabe dans cette ville bien avant l’époque de ces rois décédés. A ce propos voir : Pr. Dr. Aboubakr Ismaïl Maïga.- Op.Cit.- p.38

[10] Dachraoui Farhat.- Op. Cit. pp. 38- 39. Dès le VIIIè siècle selon Dachraoui les produits manufacturés des Soninko étaient écoulés au Soudan et venaient alimenter le marché de l’or. L’archéologie a permis à Tegdaoust et à Koumbi d’exhumer des balsamaires des lampes à huile, de la céramique importée du Nord.

[11] Sophie Berthier, Etude archéologique d’un secteur d’habitat à Kumbi-Saleh (Mauritanie) TI, thèse de 3ème cycle, 1983, p.35. La mosquée existait à cette date. Ce qui signifie que dès cette époque des musulmans habitaient à Kumbi

[12] L’Afrique du Nord, selon l’expression de Robert Fossier, fut enlevée par les Arabes, in Histoire universelle, Larousse, TI, 1960.- pp 190- 198

[13] Aussi Ibn Battuta, voyageur et auteur arabe de passage à Dya en 1353 signale y avoir rencontré des musulmans blancs de rite Ibadite qu’on nommait Saganogo. In Ibn Battuta.- Voyages d’Ibn Battuta texte arabe accompagné d’une traduction de C. Defremery, TIV, 1968.- pp 394- 395. Le Karijisme se maintiendra jusqu’au XVè siècle. A. Saadi, l’auteur du tarikh es Soudan traite en effet Sonni Ali (1464- 1492) de grand Tyran Karejite in A.Saadi.- Tarikh es Soudan.- 1964.- P 12. Très tôt donc des commerçants soninko convertis à l’islam vont à leur tour propager cette religion à de nombreuses populations plus au Sud. Dans des regions fréquentées par eux seuls, car ils veillaient jalousement sur les ressources en or.

[14] J.M Cuoq, Op Cit, p18

[15] Ibidem p.19. Sous les Askia ; les mêmes pratiques existaient. Le Hombori-Koy lors de son investiture recevait aussi les mêmes attribus.

[16] Mahmoud Kati - Tarikh el Fettach - 1913.-pp. 72-91. Le Tarikh el Fettach précise que les rois du Kaniaga ne siegeaient pas avec une troupe vraiment royale, ne s’asseyaient pas sur des tapis et que le peuple disait qu’un prince est assez rehaussé par l’éclat de son pouvoir et de son autorité pour en n’avoir pas besoin d’autre personne.

[17] Parmi les plus célèbres savants qui ont contribué à la diffusion de l’islam et la réforme des écoles et universités de Gao, on peut citer l’imam Mohamed Ben Adelkerim al-Maghili, Abou al Mahasin Mahmud Ben Omar.

[18] Pr.Dr Aboubkr Ismaïl Maïga, Op. Cit. p. 23

[19] Ibidem p. 24

[20] Pr. Dr Aboubakr Ismaïl Maïga .- Op Cit. p. 37. Ces 12 mosquées ont été citées par Al- Bakri et attiraient un grand nombre de savants, de Fuqaha et d’étudiants. Les mosquées de la ville islamique d’Aoudaghoust étaient un pôle culturel car proche du Maroc près de la ville d’Aghmet et de Fès et rayonnant sur le Maroc et le Soudan

[21] On peut citer le cheikh et savant Abou Mohamed Youssef Ibn Abdellah al- Takruri qui étudia à Al- Azhar en Egypte, il a vécu au Caire où il difusait son savoir et ses connaissances jusqu’à sa mort. Pour ce mérite les égyptiens avaient construit une coupole au dessus de sa tombe ainsi qu’une mosquée comme sous le nom de la Mosquée al-Takruri qui a été élargie et renouvelée à l’époque des Mamalik Marins (743 H- 1342 G)

[22] Ibn Battuta rapporte que les Fuqaha, commerçants et savants égyptiens blancs possédaient dans la capitale du Mali, un lieu à eux seuls.

[23] Ibn Fadlallah al- Umari rapporte dans Masalik Al- Absar que Mansa Souleymane qui gouverna le Mali dès 753 H/ 1352 G, avait construit à travers tout l’empire des mosquées et des minarets pour que les gens puissent y prier toujours en groupe. Il a fait venir les Fuqaha malikites pour apprendre lui- même le Fiqh et renforcer le statut de l’islam à l’intérieur de l’Etat.

[24] On peut citer, comme exemple son secrétaire le célèbre Faqih qui était parti à Fès y chercher le savoir. De plus le Sultan Moussa avait acheté durant son pèlerinage beaucoup de livres scientifiques du Hidjaz et du Caire. A son retour, il construisit dans sa capitale une grande école pour l’apprentissage du Coran, de la langue arabe et autres disciplines.

[25] Il rénova la religion et nomma des cadis et imams partout. Ainsi, il nomma un cadi à Tombouctou, à Djenné surtout à Gao. Aussi le cadi Mohmoud Kâti disait qu’Askia Mohamed avait des gardes de qualité et qu’il était un grand politicien qui aimait son peuple et adorait les savants et les étudiants. Il était très généreux, fort, pieux, sage et rusé.

[26] Pr. Dr. Aboubakr Ismaïl Maïga.- Op. Cit. p. 32

[27] Ibidem

[28] Ces savants étaient mis par les rois dans de très bonnes conditions, ce qui a incité la plupart d’entre eux à s’installer définitivement au Soudan.

[29] Parmi les plus célèbres savants ayant contribué à la diffusion de l’islam et la reforme des écoles et universités de Gao, on peut citer l’Imam Mohamed Ben Abdelkerim al- Maghili , Abou al- Mahasin Mahmud Ben Oumar.

[30] Pr.Dr Aboubakr Ismaïl Maïga Op. Cit. p.41

[31] Ces mosquées ont contribué à la formation de la famille Kâti, le cadi al-Aqib, les savants et les Fuqaha de la famille Akit, l’historien As-Sâ’di, l’auteur de l’histoire du Soudan ; Ahmed Baba l’auteur du nayl al- Ibtijaj et autres ouvrages, et le cadi Mahmud Kâti ainsi que beaucoup d’autres.

[32] Pr Dr Aboubakr Ismaïl Maïga.- Op. Cit p.42. Aussi on raconte que durant cette même période (l’ère de Mansa Moussa et de ses successeurs), une mission de quarante savants maliens, du mandé - du wangara plus précisément -s’est dirigée vers le pays Haoussa (Nigeria actuel) pour y diffuser l’Islam. Ils ont proposé au Roi de Kano la reconversion, chose faite et il a même ordonné à tous les habitants de villages et de villes qui dépendaient de lui de se reconvertir et il a été très vite satisfait. Ainsi, il a construit une première mosquée à Kano près d’un arbre qu’ils croyaient sacré et il a confié les poste religieux aux gens de la mission : la justice, l’imamat, l’appel à la prière et l’abattage du bétail selon le rite musulman.

[33] Sonni Ali fut élevé chez sa mère du pays Haoussa. C’est pourquoi il n’a jamais laissé les pratiques religieuses traditionnelles de Songhay. Sonni Ali reconnaissait le mérite des savants et pense qu’ils sont indispensables. Il a même récompensé et respecté beaucoup d’entre eux.

[34] Pr Dr Aboubakr Ismaïl Maïga .- Op Cit. p.45.

[35] On racontait que beaucoup de savants avaient plus de 2000 livres.

[36] Pr Dr Aboubakr Ismaïl Maïga.- Op. Cit. p.30

[37] Ibidem p.30

[38] Pr Dr Aboubakr Ismaïl Maïga.- Op. Cit. p.45. L’auteur du Tarikh al- Fattash rapporte qu’il y avait à l’époque d’Askia, 150 ou 80 maktabs pour apprendre le coran aux enfants

Bibliographie

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YATTARA Elmouloud
(Professeur à l’Université de Bamako- Faculté des Lettres, Langues, Arts et Sciences Humaines (FLASH)- Département Histoire Archéologie.)


Source : histoire-afrique.org