Les classes d'âges (fedde) en milieu Soninké (Gajaaga, Sénégal)

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Souvenirs du « Fedde » des années 80-90 d’un Gajaaganke (personne originaire de la province Soninké du Gajaaga).

Le Fedde est dans son sens originel un groupe de jeunes gens du même âge issus d’un même quartier, d’un même village ou d’une même grande famille. Il est souvent formé par lien de parenté, d’amitié ou de voisinage. Le plus souvent, il dépasse ce cadre réduit pour englober tous les enfants d’un quartier ou d’un village.

Dans tout Fedde, il y a des précursseurs considérés comme fondateurs. Il naît souvent d’une amitié entre 3 ou 4 jeunes gens avant de s’aggrandir au fil du temps. Beaucoup de jeunes intégrent le système Fedde naturellement via un cousin, un ami, un voisin voire un camarade de classe ou un compagnon de fortune. Chaque Fedde a un nom. Les jeunes choisissent le nom de leur Fedde selon leur idole ou leur ville de reve. Ainsi des Fedde s'appellaient 2 pac, Babylone, Ghetto, Thiossane...

Dans certains villages de moindre envergure, il peut englober tous les jeunes gens du village. Cet esprit intégrationniste commence dés la tendre enfance. On le situe souvent entre nos 7 et 8 ans. De jeunes gens qui fréquentent les mêmes aires de jeu, une même école coranique ou française se regroupent naturellement et passent leurs heures creuses ensemble. Les fedde grandissent naturellement au fil des années, des evênements et des rencontres.

1/ Le fonctionnement d'un fedde.


Comme à l'image de nos sociétés, les fedde sont aussi hierachisés. On y trouve un chef de fedde. On l'appelle le « Fedda nxirise ». Il est normalement le plus agé du groupe ou le leader d'opinion.

Son image va de paire avec l'image que l'exterieur se fait du fedde qu'il dirige. S'il est un poltron, le fedde est considéré comme bande de "Bon à rien" et peut-être souvent victime des represailles d' autres fedde du même quartier ou du village.

Si le Chef est un brave garçon , le fedde sera considéré comme tel. Il imposera le respect de son fedde et aura une mainmise sur le quartier voire sur le village ou ville.

Le rôle du « Fedda nxirise » est de protèger ses membres, gerer les revenus du fedde et de donner une bonne image du fedde. Il doit surtout faire regner l'ordre et être juge si cela s'impose. Il doit aussi essayer de mettre l'ambiance.

Le « Feeda nxirise » est souvent secondé dans ses missions de 2 ou 3 fortes têtes qui sont aussi des leaders d'opinion d'une autre sphère. Ils sont le bras droit du chef. Ils sont sur tous les fronts où le « Fedda nxirise » est engagé. Ils sont naturellement suivis par leurs Feddalemous (les membres du groupe).

La difference d'âge est aussi une donnée importante dans les fedde. Les tâches et missions sont determinées dans la plupart du temps par âge. Il n'est pas rare de voir le plus jeune souvent couvé par les plus grands par lien affectif être le facteur ou le courtier du groupe. Mais de nos jours, cette tendance tombe en désuétude parce que tout le monde est sur le même pied d'égalité dans le fedde d'aujourd'hui.

Tradionnellement le mode de fonctionnement du fedde est à l'image des familles. Le chef est issu de la famille du chef de village ou du marabout du village ou d'une famille "Hore" ou " Manggu". Cette organisation plus ancienne est devenue caduque au fil des années. Elle a disparu avec le temps et les differents problèmes que cette catégorisation aurait généré. Cette hierarichisation des membres du fedde n'est pas sans heurts. Certains jeunes récalcitrants dérogent à cette règle. Même étant plus petits, ils refusent d'éxécuter les tâches ou missions qui leur sont assignées.

Les plus jeunes des fedde sont d'ailleurs les plus grands revolutionnaires au fil des temps. Ils n' hésitent pas à mettre leur âme sur la table pour ne pas exécuter les commissions ou missions données par les plus grands. Je vois à travers ce refus le début de la dépravation de la société dans son ensemble.



 

 

 

 

 

 

2/ Les activités d'un fedde :



Un fedde est le lieu d'épanouissement des enfants. Les jeunes gens se livrent à la satisfaction de tous leurs fantasmes. Il est aussi le lieu on l'on fait ses premières experiences.

Dans les fedde traditionnels de nos villages, on y trouve des guerriers, des saboteurs, des capricieux, des drôles, des boucantiers, les rusés et des poltrons. Il faut être fort pour faire sa place et imposer le respect dans son propre fedde. Le plus souvent, les saboteurs font tous pour tourner en bourrique un des leurs par des moqueries, des railleries et des coups bas.

Les Saboteurs passent leur temps à se moquer et à mettre les autres dans des situations inconfortables. On trouve au moins 2 ou 3 dans chaque fedde. En Soninké, on les nomme les « Misondano ».

Tous les jours, après rassemblement de la bande, tu trouveras toujours un qui prendra un autre à partie en le chambrant sous les rires moqueurs des autres membres. Seuls ceux liés affectivement ou par amitié à la victime des moqueries cachent leurs dents.

C'est dans les fedde que l'on se forge en tant qu'homme. On apprend à être patient, disponible et tolérant. Si on est pas fort mentalement, on craque facilement au bout de quelques années et descend inéluctablement dans les bastions inferieures, celles des plus petits.

C'est la raison pour laquelle, au village, on trouve de grands gailleurs aux basques de jeunes plus petits qu'eux. Ayant perdu leur légitimité dans la cour des grands, ils essaient de se créer une place et un nom à l'étage inférieur.

Les moments d'épanouissement sont souvent lors des matchs de Foot.

Généralement, un fedde digne de ce nom a une équipe de Foot. Cette équipe organise des matchs avec d'autres fedde du même quartier ou du même village moyennant un pot de lait, une pièce de 100 Cfa, un billet de 500Cfa. Qui n' a pas voulu être la star d'un match et empoché le sachet de lait en poudre ou s'emparé du pot de lait ?

Durant ces matchs, on assiste à une rivalité indescriptible.

Chaque fedde remue terre et ciel pour remporter le sésame.
Cette rivalité est aussi source de problèmes parce qu'elle s'accompagne souvent de bagarres généralisées entre les 2 groupes. Ces bagarres engendrent souvent une haine eternelle. On ne supporte plus les membres de l'autre fedde et chaque petit truc est source d'affrontements.

Ainsi , des bagarres s'organisent hors du quartier et aux berges du fleuve ( « Fanxane » ). Le plus souvent ces rivalités ne découlent pas du seul match perdu mais d'une vieille histoire entre un membre d'un dit fedde contre un autre fedde ou plus souvent d'une histoire de filles. On débouche alors sur l'autre activité d'un fedde.

La drague :

La drague aussi constitue une activité incontournable dans les fedde car c'est un élèment d'affirmation du fedde. On est respecté souvent parce qu'on draîne des foules derriere son fedde ou l'on est aimé par un groupe de filles prisé. Tout fedde digne de ce nom se doit alors d'avoir son fedde de filles . Cette union se fait naturellement parce qu'on habite dans le même quartier ou parce qu'on partage les mêmes aires de jeu ou parce que un membre d'un groupe x sort avec une fille d'un fedde de filles d'un autre quartier. Une fois le fedde de filles identifié. Les membres beaux parleurs du groupe vont voir les filles du fedde concerné pour sceller le pacte. Une fois le pacte scellé, on organise une nuit de partage.

Pour des raisons de partialité et d'un souci d'équité, on fait ce qu'on appelle du  "Lamboure Fiteye". Cela consiste à donner à chaque fille du fedde feminin un bout de pagne qu'elle doit jeter au garçon qu'elle préfère. C'est marrant mais efficace. Il previent les bagarres et les tricheries. Chaque personne ira avec celle qui l'a preferé.



 

 

 

 

 

Les jeux :


Après les cours coraniques, la descente de l'ecole ou après les travaux champêtres , les aires de jeux se remplissent. Chaque fedde a son terrtoire défini où il peut s'adonner à la pratique du foot et à d' autres jeux.
Le plus souvent, les jeux les plus marrants se font le soir au clair de lune. J'ai relevé quelques unes que je vais citer ci-dessous :

« Le Lamba » :

C'est rien d'autre que la fameuse lutte traditionelle. Les braves jeunes gens amoureux de cette discipline sortent et font appel à d'autres jeunes d'autres fedde. Chacun montre son talent, sa technique à son adversaire. e public exhulte. Les poltrons sont souvent hors jeu et s'erigent en spectateurs d'un soir.

« Ndougou ti » :

C'est un jeu d'intelligence. Il s'agit de deviner le nom de chose ou d'un animal que 2 personnes se sont dit en secret. Ces 2 personnes après concertation annoncent le thème et demandent à tour de rôle les autres copains leur pensée.

Par exemple :
Les 2 Personnes prenent en secret le thème "poisson" et choissisent le tilapia comme réponse. A tour de rôle, les autres vont dire leurs reponses jusqu'à ce qu'une d'entre elles trouvent la réponse .

« Le Pris » :

Ce jeu consiste a former 2 groupes de 4 ou 5 personnes. De part et d'autre des 2 groupes, au milieu, il y a une personne qui tient un bout de tissu. Chaque membre des 2 groupes choisit un numero allant de 1 à leur nombre total. Ainsi, le juge du jeu appelle 1 à 1 par numero. On marque un point si l'on a reussi à prendre le tissu sans se faire toucher par son adversaire en rejoignant ses camarades. Ce jeu était trop prisé.

« Bouré mbourbajo » :

Il s'agit de cacher un pagne ou un boubou dans un lieu anodin et d'appeler les participants qui etaient en cachette. Un fois arrivé sur place, ils cherchent le tissu. Celui qui le trouve frappera les personnes qui n'ont pas pu toucher le temoin qui est souvent le poteau de l'aire de jeu ou un mur quelconque. Personne n'a le droit de toucher au temoin tant que l'on aie pas trouvé le tissu. D'ailleurs certains dissimulent leur trouvaille et barre l'acces au témoin afin de bien taper leurs camarades avant leur toucher au témoin.

« Niof tinguil niof » :

C'est un des jeux dangereux qui se pratiquait durant les années 80-90. Il s'agit de se tacler. L'idée est de se tenir debout et tacler les autres qui veulent rester debout. On est hors jeu si l'on s'assoit sinon on est la cible des tacles les plus violents.

« Mama Tiyé wara » :

Il s'agit de prendre un jeune que l'on fait garder par un autre. De part et d'autre de ce jeune en garde à vue, les autres guettent les déplacements du gardien vers un sens et viennent frapper la personne gardée. Ils feront attention à ne pas se faire toucher par son gardien. Généralement, le gardien par combine poursuit une bande de jeunes et laisse le jeune en garde à vue à la merci des autres. Ces derniers le frappent jusqu'au retour du gardien. Ainsi de suite. Si le gardien touche avec son tissu une autre personne. Ce dernier remplace le jeune en garde à vue et celui - ci devient le gardien à son tour. La personne en garde à vue est appelé «tiyé = viande » et autres jeunes predateurs crient « mama tiyé wara = papi, laisse la viande ». Ce qui rend dangereux ce jeu est le fait que certains jeunes mettent des cailloux dans leurs tissus avec lequel ils frappent le jeune en garde à vue et n'hésiteraient pas à faire mal.

Signalons aussi le fleuve qui est un terrain de jeu prisé des jeunes gens.

Le fleuve constitue le lieu de convergence des jeunes surtout pendant la saison seche. On s'y baigne 3 à 4 fois par jour. On y pratique plusieurs jeux. On y joue entre autres : "Lemmu lemmu yo", du "Deebin de"… et souvent des courses. Gare à ceux qui ne savent pas nager.


Un moment de grand delire.


 

 

 

 

 

 

Le wansso :



Le wansoo se fait lors de la fête de l'Aïd. Chaque membre du fedde doit apporter le plat du jour de chez lui durant 3 jours au lieu choisi par le fedde à defaut de la chambre du fedde. On regroupe alors les plats . Avant de remplir les ventres, les plats les plus bizarres sont victimes de moqueries les plus virulentes. Un plat de « Sim » , de « Takhayé » ou la sauce Curry… lors du premier jour de l'aïd sont le plus tournés en derison dans une bonne ambiance même si des fois le propriétaire du plat bizarre est faché. D'ailleurs des bagarres entre membres peuvent s'en suivre.

Ce moment du fedde m'a toujours plu. Il est le moment le plus convivial. Les moqueries par ci par là, les anecdotes par ci par là … consituent les saveurs de ce moment. Après avoir mangé, chacun met son joli boubou acheté pour l'occasion pour aller demander des etrennes « Sali kou gni de » dans le village ou ville. Cette activité ne se fait jamais aussi sans bagarres avec d'autres fedde, sans moqueries, sans conneries. Pendant que les uns se moquent d'un des membres mal sapés, les autres s'adonnent à d'autres conneries comme faire du boucan, provoquer des gens et les frapper…Tout cela se fait dans une ambiance bon enfant. Après le « Sali Kou gni de », on se rassemble devant la chambre du fedde ou devant la maison d'un des membres pour faire du thé. On joue à la belotte et écoute de la musique. Certains membres survoltés alignent des pas de danses magiques.

La nuit, on se rassemble pour faire une soirée dansante en esperant que nos homologues filles nous rejoignent. Plus souvent, on prepare cet evenement à l'avance. On collecte des sacs de riz vides que l'on coud afin de faire une grande barnum qui nous permettra de cloturer un lieu donné afin de faire un dancing de fortune. Plus souvent, ces soirées dansantes sont les lieux de conneries inégalables. On danse, on rigole, on se taquine, on se chamaille et on drague. Gare aux gros dormeurs. Ils sont souvent victmes de coups bas tels que prendre de l'eau froide se voir attacher ses pieds ou se faire mettre des fournis dans son pantalon.



 

 

 

 

 

 

3/ Les valeurs d'un fedde :



Un fedde doit cultiver certaines valeurs. Il doit grandir dans la dignité et le respect des règles de la société. Pour s'enrichir, on n'accorde du crédit qu'au travail.


Ainsi pendant l'hivernage, les membres du fedde doivent aller au « Ledjir“ ». « Le ledjir » consiste à silloner les champs à la recherche d'un clientèle qui accepterait de payer moyennant qu'on laboure une parcelle de son champ. Cette activité constitue une des principales revenus des fedde. On pratique cette activité tous les soirs de la saison des pluies.

Entre autres travaux, il y a d'autres services comme faire les dockers pour les commerçants, aller chercher de l'herbe à vendre, faire du jardinage collectif. Tout membre du fedde qui ne participe pas à ces activités doit s'acquitter d'une amende au risque de se voir sanctionner par ses Feedalemus. On peut même le licencier en cas de non paiement de son amende.

Cette activité procure des valeurs comme la bravoure, l'honnetété et la responsabilité et le refus de la fainéantise. Les revenus issus de ces activités permettent de refectionner la chambre du fedde ou d'acheter du materiels comme une radio-cassette dernier cri, des chaises, des matelas, des lits, des lampes, des jeux de lumières afin de ne plus aller emprunter lors des fêtes ou des manifestations. Une personne qui a fait un fedde est très different d'une autre qui n' en a jamais fait. Dans les fedde, on recolte de l'experience, on durcit sa resistance, affine ses tactiques de defense et ecrit les plus belles pages de sa jeunesse.


 

 

 

 

 

 

 

La devise d'un fedde est :



« On vit ensemble, on meurt ensemble ».

Les membres d'un fedde même s'il n'y a aucun lien de parenté entre eux se considèrent comme des frères de sang. Ils partagent tous leurs secrets et essaient de vivre en harmonie. Il est naturel de voir les membres de même fedde se soutenir mutuellement en cas de problèmes. On voit souvent les membres de son fedde essayaient d'intercéder auprès de ses parents pour regler un problème ou essayer de venir en aide à sa famille dans leurs differents travaux.

Ce qui est plus frappant est la solidarité que l'on trouve dans les fedde. Que l'on soit fauché, victime de repressailes ou menaces, on demande soutien et conseil à ses frères du fedde afin de sortir de l'impasse. Si l'on a un Rv galant aussi, on fait apell à un de ses feddalemus. Il arrive de voir des membres du fedde faire des remontrances ou conseiller un des leurs qui a fait des erreurs ou en proie à des tentations comme la cigarette, la drogue…Mieux, il arrive que l'on soit ecarté du fedde pour mauvais comportements ou mensonges mettant en peril la vie du groupe. Rare sont ceux qui laissent leurs compagnons en galère même s'ils ne peuvent rien faire, ils apportent leur soutien. C'est ainsi que l'on se fait lyncher parce que l'on a fourré son nez dans une bagarre entre un Feddalema et un membre d'un autre fedde.

Il est rare de voir des membres d'un même fedde se balancer même dans la torture. On est tenu de respecter la ligne conduite du fedde. Un fedde est une deuxième famille. On lave le linge sale en famille. Les membres d'un même fedde sont comme des mousquetaires et ils cultivent la philosophie suivante : « On vit ensemble, on reussit ensemble et on meurt ensemble ».


Le fedde est à l'instar du Xaralemaxou le lieu où l'on apprend, à accepter les differences , à garder les secrets et à vivre en communauté.




 

 

 

 

 

 

 

Les dangers du fedde :


Un fedde est le lieu où chaque enfant fait ses premières experiences. Il est le lieu par excellence de tous les fantasmes. On est entre jeunes sans surveillance donc une certaine façon d'affirmer sa liberté. Cette liberté confère aux jeunes des responsabilités. Ils apprennent à fixer des règles que tout membre du fedde doit respecter.

Generalement les plus grands sont ceux qui fixent les règles mais aussi les premiers à les enfreindre. Il arrive de voir des jeunes se livrer à des jeux dangereux. Plusieurs jeunes se blessent ou se fracturent un membre lors de ses jeux.

Le plus souvent, ce sont des blessures bénignes mais il arrive que certains cas s'aggravent. De plus, comme c'est le lieu des premières experiences, beaucoup de jeunes subissent l'influence des autres copains. C'est ainsi que l'on fume, se drogue ou drague parce que son copain le fait ou traite les autres.

Beaucoup de jeunes trâinent de mauvais comportements qu'ils ont hérités d'un membre de leur fedde. Certains fument, boivent ou se droguent aujourd'hui parce qu'ils ont subis l'influence de leurs « Feddalemou ».


C'est pourquoi l'adage dit : « An nta taralema farampere woutou kha a gni a jikou ni khe yene ».

D'ailleurs, à coté de ces points négatifs, il serait pertinent d'ajouter le vol. Beaucoup de jeunes ont participé à des vols de bétail, de volailles dans le cadre du fedde. Cette activité à la fois joviale et délicate est très pratiquée. Rares sont les jeunes gens qui n'ont pas volés un mouton ou des coqs à l'approche des fêtes. Dés fois, on s'organise aussi pour aller voler des boissons ou d'autres produits chez les commercçants.

Aujourdh'ui rares sont des acussations de vol qui ne se terminent pas au tribunal. Les jeunes, prenant consicence du danger que ces vols engendrent, abandonnent de plus en plus ces pratiques.

Il serait pertinent aussi de souligner le danger que génère le fedde pour les petits écoliers. En général, il y a toujours 2 ou 3 membres d'un fedde qui ne vont pas à l'école. Ces derniers n'ont pas d'imperatifs sinon l'exécution de leurs travaux quotidiens. Ils sont très contents à cet âge de ne pas avoir de leçons à apprendre ou de devoirs à faire. Ils influencent parfois leurs copains écoliers afin qu'ils n'aillent pas à l'école. Beaucoup finissent par succomber à la tentation. Ainsi on accompagne les copains non - élèves à aller faire leurs travaux champêtres parce qu'il y a la chasse, la pêche ou la cueillette à la clé. Plusieurs jeunes écoliers seraient pris au piège parce que les activités de leurs amis non - écoliers leur feraient fantasmer. Beaucoup d' écoliers pratiqueraient alors l'ecole buissionniere et finiraient par perdre le goût des études. Aujourd'hui 10 voire 20% d'analphabètes proviennent de ce système. Ils sont nombreux ceux qui ont echoués aux examens ou ont eu de mauvais resulats à cause de l'influence du fedde. Vers la fin des années 90, on assiste un niveau phénomène qui gangrène les fedde. Beaucoup ont vu leur casier judiciaire se remplir progressivement parce que l'on a été acteur ou témoin passif d'un viol. Dans plusieurs villages, les jeunes prennent en guet-apens les jeunes filles ou les femmes et les violent. Combien de filles ont été victimes de viols collectifs dans les Feddan Kompu. Elles seraient des dizaines. Le fedde , même s'il est le lieu de l'affirmation de soi est aussi un lieu où l'on devient la proie à plusieurs difficultés sociales. Certes on y apprend, on s'y forme, on lie des amitiés durables, on s'y amuse mais ses experiences sont sources d'inombrables écarts de conduite et de problèmes.

Par Samba Fodé Koïta (Makalou)