La famille et son organisation en milieu soninké

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En milieu soninké, la famille est organisée autour des principes essentiels dont l’âge et le sexe. A la différence de l’organisation sociale de la société d’une manière générale, la famille est selon l’idéologie soninké une entité très hiérarchisée dirigée par l’aîné de la famille. Alors que l’organisation de la société dans la conception générale est conditionnée par trois critères fondamentalement étranges: la condition sociale de naissance, l’âge et le sexe. Pour comprendre cette rigoureuse organisation chez les soninkés, il est nécessaire de donner quelques éclaircissements sur la notion de famille.

La famille est l’ensemble des personnes possédant le même patronyme vivant dans la même conception ou dans des concessions différentes. Le ka « maison » est selon la définition habituelle, l’ensemble des personnes appartenant à la même maison (un lieu délimité par une cour). Et la famille dans un sens large peut être conçue comme l’ensemble des personnes avec qui un lien de parenté peut être établi. Le chef de la famille qui est impérativement l’aîné de la famille, a autorité sur tous les membres. Il est considéré comme le sage selon les principes de l’organisation traditionnelle de la famille. Son autorité est plus que réelle. Il décide de tout et le grenier familial est sous son autorité. Il prend les décisions qui s’imposent à tous. Tout ce pouvoir coutumier lui est donné puisque selon l’idéologie soninké de la famille, un aîné est toujours considéré comme un sage. Il devrait diriger sa famille dans son ensemble sans aucune distinction entre les membres. Son principal souci devrait être la cohésion et l’épanouissement de tous les membres de la famille.

Chaque chef de famille ou responsable de famille est désigné selon l’âge et le sexe. Cette structure est par essence inégalitaire. Même si l’on peut noter le rôle important que joue la femme dans la société, les hommes monopolisent souvent les idées et les décisions. Certaines circonstances font aussi que les femmes dirigent certaines familles. Mais leur place est toujours limitée par des règles sociales de vie.

Au niveau du village et même dans les villes, il existe une certaine forme d’inégalité qui est saisissant et qui pèse sur une partie des membres de la société  dans leurs contributions au processus de prise de décisions importantes.

Cette forme d’inégalité dans la conception générale de la société, ne concerne pas seulement les femmes, mais aussi l’ensemble des personnes considérées comme des étrangers. Aujourd’hui ce mode d’organisation a tendance à s’affaiblir que ce soit au niveau du village qu’au niveau de la famille. Les priorités du chef restent toujours déterminées mais elles ne sont plus affichées de la même manière que par le passé. Avec l’organisation traditionnelle du village et notamment la famille, il y’a sans aucun doute des précieuses valeurs à sauvegarder et même à renforcer qui vont dans le sens de l’intérêt commun. Mais il faut noter aussi avec réalisme certaines formes de conceptions qui loin de propulser la société ou la famille vers l’épanouissement. Les contextes dans les quels évoluaient la société et la famille ont changé et les visions des hommes aussi. Dans ce sens il faut que les membres de la société acceptent certaines formes de changements et les adapter par rapport à la structuration de la société ou de la famille avant qu’elles viennent s’imposer. Il faudrait donc avec une certaine attention  savoir remettre en cause et savoir se remettre en cause quand ça ne va pas ou quand ça ne devrait pas aller. Savoir se mettre une qualité humaine et non une faiblesse. La famille est une valeur fondamentale de soninkara. Sa consolidation et son renforcement doivent être le souci et le combat de chaque membre. Mais faut-il que ce combat soit placé dans le bon contexte avec des intentions pures tout en tenant compte de certaines réalités essentielles pour la consolidation des liens familiaux.

Fofana Samba Doulo