La vallée du fleuve Sénégal : Caractéristiques biophysiques

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Relief, géologie et sols, climat, hydrologie, couvert végétal et faune
Relief, géologie et sols
Relief

La vallée du fleuve Sénégal se distingue par un relief assez plat qui est généralement inférieur à 100m d’altitude. Axée au niveau de cette zone de la vallée du fleuve Sénégal, la zone du projet, présenté tout naturellement de vastes extension de surfaces planes. Toutefois, on note quelques dunes et de petites buttes dans la partie non inondable de la vallée (Diéri), et un relief plus élevé au niveau de zones inondables (Walo).

Géologie

Centrée dans le bassin du fleuve Sénégal, la zone d’étude du projet dessine un arc de cercle d’environ 600 km entre Bakel et Saint-louis. Son passé géologique nous révèle que celle-ci s’est principalement constituée à l’ère quaternaire. Sous l’effet combiné des variations climatiques et des fluctuations du niveau marin, c’est-à-dire des cycles de desséchements et d’inondation, plusieurs cycles d’érosion alluviale et de dépôts alluvionnaires ont été dénombrés. Ces alternances successives de mouvements transgressifs et régressifs ont fini par laisser leurs empreintes sur la quasi-totalité des éléments du paysage. Les dunes, les cordons littoraux, les dépressions, tout comme les glacis sableux et les terrasses ferrugineuses qui bordent actuellement la vallée sont des marques de cette période.

Sols

Les sols sont le résultat des transformations de la partie superficielle de la lithosphère, surtout sous l’effet du milieu bioclimatique. La connaissance des types de sols, leur répartition, leurs relations avec le modelé, peut renseigner sur certains aspects de la morphogenèse présente ou passée. Si le milieu bioclimatique a probablement toujours été tropical dans la vallée, des phases humides ont alterné sans doute avec des périodes sèches. Les premières permettaient une altération plus ou moins profonde des roches selon leur dureté tandis que les secondes favorisaient la fragmentation et le transport de ces matériaux. Ainsi l’éventail des sols représentés dans la vallée du fleuve Sénégal est très large (Figure : Coupe schématique transversale de la vallée du fleuve Sénégal) (Michel 1973)

Figure : Coupe schématique transversale de la vallée du fleuve Sénégal (Michel, 1973)

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Dans la vallée alluviale, les différents types de sols correspondent à des entités du microrelief que des études de nombreux géomorphologues ont permis de distinguer. Les sols brun rouge du Diéri, constituant les parties hautes insubmersibles de la vallée se caractérisent par leur fragilité et leur forte teneur en sable. La zone de cuvette de décantation ou zone Walo s’identifie par la présence de sols lourds hydromorphes (hollaldé ranéré et hollaldé balléré). En effet, avec la forte crue du fleuve, les eaux drainent les limons de berge et se décantent, engendrant ainsi une couche d’argile brune (de type vertisol) qui tapisse le fond de ces cuvettes. Au niveau de ces cuvettes, des zones très argileuses (vendou) sont distinctes.

Dans les parties moins élevées, recouvertes par les fortes crues, le limon devient légèrement argileux et prend une teinte foncée. Ces sols fondés (fondé ranéré et fondé balléré), sablo-argileux, se définissent par des sols à taches et concrétions sur limon de débordement.

La pédogenèse de la vallée du fleuve Sénégal n’a pas connu une réelle dynamique. Cette situation peut être due à diverses facteurs parmi lesquelles, l’aridité du climat et la faiblesse du couvert végétal. Toutefois, malgré une pédogenèse lente, on distingue dans la vallée du fleuve Sénégal, plusieurs types de sols, classés en fonction de leur texture et de leur structure.

Tableau : Caractéristiques des types de sols du bassin du Sénégal (source : IUCN, 1998)

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Climat

Le climat de la vallée du fleuve Sénégal est commandé par des mécanismes généraux de l’Afrique de l’Ouest. Ainsi en remontant du Sud vers le Nord, on note successivement la présence de divers zones climatiques : le climat guinéen ou subéquatorial, le climat soudanien et le climat sahélien.

La zone d’étude du projet appartient à deux domaines climatiques à savoir, d’une part le domaine de l’alizé maritime stable (Saint-louis) et d’autre part le domaine sahélien (Podor, Matam, Bakel).

Situé le long du littoral, le domaine de l’alizé maritime stable subit une forte influence de l’océan Atlantique. Ce qui est l’origine des amplitudes thermiques faibles et de la forte humidité qui prévalent dans ces zones littorales.

Quant au domaine de type sahélien, il se caractérise par une longue saison sèche de 9 à 10 mois et une saison pluvieuse de 2 à 3 mois (aout-octobre). La saison sèche entre mars et juin, se manifeste par un vent chaud et sec pouvant atteindre 70 km/h, accompagné de poussière (harmattan) et commandé par l’anticyclone saharo-libyen. Ce vent contribue à l’élévation des températures, ainsi que l’évapotranspiration.

La période sèche est aussi marquée par une période fraîche allant du mois de novembre à février, une assez forte humidité relative, des vents forts, secs et relativement frais. Ces vents frais et humides sont le fait de l’anticyclone des Açores activé par l’alizé maritime. C’est ainsi que l’on depuis quelques années, la recrudescence des pluies hors saison (heugg) au mois de janvier-février. Ces pluies causent plusieurs pertes en vies humaines et au niveau du cheptel. En 2002, les averses qui se sont abattues ont fait d’énormes dégâts sur les cultures et sur le bétail.

Quant à la saison humide, elle s’étale de la fin du mois de juillet au début du mois d’octobre avec des températures tout aussi variant en fonction de la saison et de la zone (Tableau : Evolution moyenne mensuelle de la température). Tableau : Evolution moyenne mensuelle de la température (en °C ; 1961-1990).

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La répartition mensuelle de la pluviométrie permet d’observer une évolution unimodale avec un maximum qui intervient en moyenne au mois d’août (tableau : Evolution mensuelle de la pluviométrie durant la normale 1961-1990). Viennent ensuite par ordre d’importance pluviométrique respectivement les mois de septembre, juillet, octobre et juin. Dans cette zone, la pluviométrie est de plus en plus fable et irrégulière depuis la sécheresse des années 70.

Tableau : Evolution mensuelle de la pluviométrie (en mm) durant la normale 1961-1990

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Hydrologie

Le fleuve Sénégal, long de 1800 km, est formé de la réunion de deux rivières, le Bafing (principal affluent du Sénégal) et le Bakoye dont la confluence se situe à Bafoulabé (Mali) à 1055 km de l’embouchure. Il prend sa source dans le Fouta-Djalon en Guinée, traverse la partie occidentale du Mali, forme ensuite la frontière entre la Mauritanie et le Sénégal, se jette dans l’océan Atlantique à environ 25 km en aval de Saint-Louis du Sénégal. Le fleuve Sénégal traverse successivement les régions soumises aux climats guinéen, soudanien, sahélien avant d’atteindre la zone littorale influencée par la mer.

Carte : hydrologie du bassin versant du fleuve Sénégal

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Les régimes hydrologiques des fleuves d’Afrique au Sud du Sahara ont des caractères communs dus aux précipitations atmosphériques et à la nature des sols. Il existe ainsi une corrélation entre la courbe des précipitations et celle des débits fluviaux. Le fleuve Sénégal présente généralement un régime de type tropical pur.

Avant l’artificialisation du régime hydrologique, les crues du fleuve Sénégal se caractérisaient par une première montée des eaux en mai et début juin. Cela étant due principalement aux pluies abondantes dans le Fouta Djalon en Guinée. Cependant jusqu’en juillet, la crue n’est pas considérable et elle atteint son amplitude maximale en septembre. Les crues arrivent à Dagana, en basse vallée en juin et se poursuivent faiblement jusqu’en mi-juillet. Elles s’accélèrent ensuite jusqu’en mi-octobre et elles atteignent leur amplitude maximale. Cette crue se maintient pendant plusieurs jours, décroît sensiblement et se poursuit jusqu’à l’embouchure : c’est la période d’étiage ou de décrue. L’intensité de la crue déterminait ainsi les superficies inondées par les eaux du fleuve. Ceci avait ainsi permis le développement de la culture de décrue au niveau du Walo. Cependant, cette dernière subissait les contres coups de la remontée de la langue salée.

Toutefois, avec l’artificialisation du régime du fleuve, l’eau est destinée principalement à l’irrigation au niveau des aménagements hydro-agricoles. Malgré cet atout pour l’agriculture, la maîtrise des crues du fleuve Sénégal a créé, une baisse de la biodiversité, des problèmes environnementaux et sanitaires avec la prolifération de maladies liées à la présence permanente de l’eau douce. La zone d’intérêt du projet correspond au bassin inférieur du fleuve Sénégal. En effet, à partir de Bakel, à 800 km de l’embouchure, le fleuve Sénégal entre dans son bassin inférieur où il suit un parcours sinueux dans la vallée alluviale plate et inondable. Le lit majeur de Bakel à l’embouchure couvre une superficie de 12 000 km2, dont environ 8000 km2 pour la vallée et 4000 km2 au delta.

Ce bassin inférieur peut être subdivisé en 4 unités hydrologiques :

  • la Haute vallée, qui va de Bakel à Waoundé dispose d’une pente moyenne (4 cm/km) associée à des berges peu développées et de grandes cuvettes plates ; le fleuve se situe à une quinzaine de mètres au-dessus du niveau de la mer ;
  • la Moyenne vallée, de Waoundé à la confluence du Sénégal-Doué avec également une pente moyenne de 3 cm/km ; en revanche, les berges sont bien développées et les cuvettes y sont très plates ; le lit mineur est en général assez stable ;
  • la Basse vallée est comprise entre la confluence Sénégal-Doué et Rosso ; la pente moyenne s’élève à 1,5 cm/km ; elle se distingue par ses hautes berges, ses cuvettes profondes et ses plaines inondables à micro-relief prononcé ;
  • le Delta commence à partir de Rosso, soit à 165 km de l’embouchure. Avant toute intervention humaine, les eaux de crue submergeaient chaque année une grande partie du Delta.

Cependant, il faut noter la présence, dans cette zone d’étude du projet, de deux importants lacs, à savoir le lac de Guiers au niveau de la rive gauche du fleuve Sénégal et le lac R’kiz sur l’autre rive (Figure : Le lac de Guiers et son système hydrographique). 

Figure 17 : Le lac de Guiers et son système hydrographique (Coly, 1996)

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Couvert végétal et faune
Couvert végétal

Les paysages végétaux évoluent suivant divers facteurs, à savoir climatiques et/ou anthropiques. Cependant, les facteurs climatiques (pluviométrie, températures,) et certains facteurs physiques (type de sol, relief) jouent un rôle prépondérant dans la répartition de ses paysages. Ainsi, compte tenu de la diversité climatique et physique dans la zone du projet, on rencontre diverses formations végétales notamment : les formations sahélo soudaniennes, les formations sahéliennes, les formations sur dunes continentales, les formations sur dunes côtières, les formations alluviales et enfin les mangroves.

Dans ces zones à majorité semi désertique, la végétation est composée d’espèces ligneuses, épineuses et rabougries, formant ainsi ça et là une savane claire, une steppe arbustive ou une steppe arborée. Cette végétation reste aussi dominer par les herbacées, qui montrent aussi comme les ligneux des spécificités remarquables compte tenu des zones climatiques. La figure ci-après (Paysages du fleuve Sénégal) démontre bien toute la diversité, bien qu’elle ne date un peu longtemps, que regorge le couvert végétal au niveau de la vallée du fleuve Sénégal.

Figure : Paysages du fleuve Sénégal (Michel, 1973)

Faune

Il y a longtemps, précisément jusqu’au début du 20ème siècle, la vallée du fleuve Sénégal était le berceau d’une importante et riche faune. On y rencontrait un bon nombre d’espèce animale, des herbivores aux insectes, passant par les félins, les animaux aquatiques, les oiseaux et les reptiles. Toutefois, on note de nos jours, que ce capital faunistique et floristique a lourdement régressé, du fait de plusieurs facteurs naturels et humains combinés. Un grand nombre d’espèce a disparu et d’autres sont actuellement en voie d’extinction.

Cependant, malgré quelques contraintes d’ordre naturel, l’avifaune de la vallée du fleuve Sénégal, plus particulièrement celle du delta, dévoile un bilan assez positif. En effet, les zones humides du delta du fleuve jouent un rôle primordial dans la vie des oiseaux migrateurs. Elles constituent des zones propices au repos et à la reproduction des oiseaux. A cet effet, le Parc National des Oiseaux de Djoudj au Sénégal tout comme le Parc de Diawling en Mauritanie ont acquis une réputation internationale comme sanctuaires d’oiseaux parmi les plus important du monde.

Source : http://www.projetbiodiversite.org