Pays en développement : La manne des transferts familiaux

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Dans 36 pays, les transferts de fonds familiaux représentent la principale source de devises.
Les transferts de fonds vers les pays pauvres en provenance des migrants vivant en France représentent une somme équivalente à l’aide publique au développement (APD) française. Pour encourager l’investissement productif de ces fonds dans le tissu économique des régions déshéritées, le gouvernement promeut les « comptes épargne codéveloppement ». Et, pour lutter contre les prélèvements abusifs opérés par certaines banques lors de ces transferts, il s’apprête à mettre à la disposition des migrants un site internet de comparaison des tarifs. Les travailleurs migrants ont transféré 300 milliards de dollars vers leurs pays d’origine en 2006, soit trois fois plus que le montant de l’aide publique au développement (APD) accordée par les pays riches, d’après une étude du Fonds international de développement agricole (Fida) des Nations Unies, parue en octobre.

En France, selon le ministre de l’immigration Brice Hortefeux, auditionné mercredi par les commissions des finances et des affaires étrangères à propos des crédits 2008 de l’APD, ce sont l’an dernier « 8 milliards d’euros qui ont été envoyés par les migrants résidents sur le sol français vers leurs pays d’origine, soit l’équivalent de l’aide publique de notre pays. Ces transferts représentent une part souvent considérable du PIB des pays bénéficiaires : 11 % pour le Mali, 19 % pour le Sénégal, 24 % pour les Comores. »

80 % des fonds servent à la consommmation courante des familles

Première source de devises pour 36 pays, les transferts de fonds investis dans le tissu socio-économique sont souvent le principal facteur de développement des régions les plus déshéritées.

D’après la Banque Mondiale, les transferts d’argent des Maliens résidant en France vers leurs familles ont par exemple permis de construire 60 % des infrastructures de la région de Kayes, au Mali.

En charge du codéveloppement, « seule solution pour maîtriser les flux migratoires », Brice Hortefeux regrette toutefois que « plus de 80 % de ces fonds transférés ne servent qu’à la consommation courante des familles  » et souhaite encourager leur utilisation « dans des investissements productifs.  »

Et le ministre de promouvoir les « comptes épargne codéveloppement », créés dans cette optique en début d’année.

Proposés notamment par les caisses d’épargne, ces comptes permettent aux étrangers vivant en France d’obtenir une exonération fiscale de 25 % des sommes placées à condition que celles-ci soient réservées à un investissement futur dans leur pays d’origine (création d’entreprise, micro-finance, etc.).

Contrer le monopole de la Western Union

Le ministre a également indiqué que « la France sera bientôt en mesure de proposer des initiatives pour faire baisser les frais excessifs des transferts, notamment ceux pratiqués par la Western Union. Car lorsqu’un migrant envoie dix euros vers son pays, cette banque en prélève deux ! »

En situation de quasi monopole sur ce type de transferts, la banque américaine n’est cependant pas la seule à pratiquer des tarifs prohibitifs.

Une étude menée au Royaume-Uni en 2005 révélait en effet que 18 banques prélevaient jusqu’à 40 % des sommes envoyées à l’étranger depuis ce pays.

Le gouvernement britannique avait réagi en créant à l’intention des migrants le site d’information « sendmoneyhome ».

Un exemple que s’apprête à suivre le gouvernement français, puisque le secrétaire d’Etat aux entreprises Hervé Novelli, également auditionné mercredi par les députés, a indiqué qu’un site de comparaison des coûts des transferts serait « mis en place en collaboration avec les banques dans les prochaines semaines, afin de garantir une meilleure transparence. »

Les migrants résidants en France apprécieront. Du moins, ceux qui ont accès à Internet.

Source: Développement Durable