Migrations : Une conséquence de la pauvreté des populations

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Il est largement admis que les conditions économiques sont un déterminant essentiel les migrations. Selon les modèles économiques d’inspiration néo-classique, la rationalité migratoire s’inscrit ainsi dans le déséquilibre entre les conditions défavorables des milieux de départ et celles plus attractives, des lieux de destination.

L’EXODE RURAL FRUIT DE L’ECART DU DEVELOPPEMENT

Dans le contexte du développement urbain des pays africains, les zones rurales pauvres, excédentaires en main d’oeuvre, envoient le surplus dans les zones urbaines. Qui sont en pleine croissance économique et demandeuses de main d’oeuvre.

En dépit de la récession urbaine, la crise économique et les contraintes liées à la dégradation de l’environnement entre autres la sécheresse, irrégularité des pluies, accroissement démographique et les ressources naturelles limitées ont contribué à entretenir les mouvements migratoires et à inscrire le recours à la pratique migratoire dans les stratégies de diversification des revenus développées par les femmes pour faire face à la détérioration des conditions économiques en milieu rural.

LES RETOMBEES DES MIGRATIONS

Si le niveau de développement socio-économique est un facteur de migration, les mouvements migratoires peuvent en retour jouer sur le niveau de pauvreté du milieu de départ. L’émigration peut contribuer à améliorer la situation socio-économique dans le milieu de départ en allégeant la pression sur les ressources et par le flux de moyens adressées par les migrants à leur communauté d’origine.

Mais elle peut aussi contribuer à entretenir, voire à dégrader les conditions de vie quand la force de travail captée par l’émigration déséquilibre l’organisation du système de production locale.

LA MIGRATION VARIE AVEC LE NIVEAU DE PAUVRETE DES REGIONS

C’est avec l’accroissement migratoire que les indicateurs migratoires s’avèrent le plus fortement corrélés. Le déficit démographique dû aux migrations est d’autant plus élevé que la profondeur de la pauvreté est importante. Ainsi les régions de Sikasso et Kidal où la répartition des équipements socio-économiques est la mieux assurée bénéficient d’une dynamique de peuplement.

A l’inverse, la région de Tombouctou se caractérise à la fois par une forte carence des infrastructures socio-économiques et par le déficit migratoire le plus élevé du Mali.

Les régions de Koulikoro, Kayes et Ségou se situent dans une position intermédiaire avec un solde migratoire négatif mais modéré et une profondeur de la pauvreté proche de la moyenne nationale. Les régions de Gao et de Mopti s’inscrivent hors de la tendance générale, avec un déficit migratoire plus élevé que n’aurait pu le laisser penser la profondeur de la pauvreté et, pour la seconde, un déficit migratoire relativement faible, en comparaison de la profondeur de la pauvreté.

LES CONTRAINTES NATURELLES FRAPPENT LES REGIONS DU NORD

Les contraintes du milieu naturel sont les plus fortes dans les régions du Nord (Tombouctou, Kidal, Gao). Le climat désertique, potentiel limité de terres cultivables, manque d’eau potable, faible occupation humaine (densité inférieure à 2 habitats) (Km2), enclavement etc... Ces contraintes sont certainement déterminantes pour expliquer d’une part les carences dans les infrastructures socio-économiques et d’autre part, le faible pouvoir d’attraction de ces zones. Les régions du Mali où l’incidence de la pauvreté générale est la plus élevée sont en effet celles de Kidal, Tombouctou et Gao.

LES REGIONS DE MOPTI ET SIKASSO: PRESSIONS SUR LES RESSOURCES ET FAIBLE ATTRACTION MIGRATOIRE

Proches des régions du Nord, les régions de Mopti et de Ségou bénéficient au premier abord d’un environnement moins ingrat dont entre autre climat sahélien, activités économiques autour du fleuve Niger, carrefours commerciaux et pour la région de Mopti retombées du tourisme en pays Dogon.

Malgré cette situation, ces régions présentent une incidence de grande pauvreté très élevée et un pouvoir d’attraction migratoire faible, soit une situation comparable, sinon plus défavorable encore qu’à Tombouctou.

SIKASSO, UNE DYNAMIQUE DE PEUPLEMENT PORTEE PAR LES ATOUTS NATURELS

La région de Sikasso se distingue clairement des autres régions du Mali à la fois par des conditions naturelles bien plus favorables qu’ailleurs et une répartition assez satisfaisante des infrastructures socio-économiques (niveau faible de l’incidence de la grande pauvreté). Avec une grande disponibilité de terres fertiles et d’eau et des conditions climatiques satisfaisantes, elle offre des conditions de culture et de sécurité alimentaire dont ne bénéficie aucune des autres régions du Mali.

Il n’est donc pas surprenant qu’elle présente, après Bamako, le niveau d’immigration le plus élevé et soit le principal lieu de destination des migrations internes, en particulier celles des populations d’agriculteurs des régions de Ségou, Mopti et Koulikoro. Cette situation favorable explique également que l’émigration soit peu fréquente vers les autres régions maliennes, moins bien pourvues, mais s’orientent davantage vers la Côte d’Ivoire voisine.

LA DYNAMIQUE MIGRATOIRE DE LA REGION DE KOULIKORO EST CONDITIONNEE PAR LA PROXIMITE DE LA CAPITALE

La région de Koulikoro présente un profil de pauvreté intermédiaire, proche de celui de Kayes. Moins enclavée que cette dernière, elle bénéficie aussi d’une situation plus favorable en terme de conditions climatiques et de ressources agricoles. Les principales contraintes relèvent de l’insuffisance d’aménagements hydro-agricoles et d’une organisation du crédit bancaire insuffisante pour porter le développement du commerce et plus largement de la petite entreprise.

Mais ces contraintes ne sont vraisemblablement pas les paramètres essentiels du profil migratoire de la région. Caractérisé par une forte mobilité, à la fois en terme d’émigration et d’immigration, celui-ci s’explique avant tout par la proximité de la capitale.

REGION DE KAYES DYNAMIQUE MIGRATOIRE ORIENTEE VERS L’EXTERIEUR

La région de Kayes se caractérise par un niveau de pauvreté comparable à la moyenne nationale et des échanges migratoires faibles avec les autres régions du Mali. Elle est cependant la région du Mali la plus touchée par les migrations internationales et connaît à ce titre un déficit migratoire global bien plus important que ne l’évoquent les indicateurs de migrations internes.

Mamoutou DIALLO (Stagiaire)

Source : Maliweb