DÉVELOPPEMENT À LA BASE AU BOUNDOU : Les émigrés veulent renverser la tendance

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« Ensemble pour améliorer la situation sociale et économique du Boundou » reste le cri du cœur que viennent de lancer les fils de ce terroir de 131.517 habitants des 350 villages environ et avec son potentiel 2500 familles émigrées situées au nord de la région de Tambacounda, dans le département de Bakel. Aidée par les émigrés, les amis, les sympathisants et partenaires dans le cadre de la coopération décentralisée et à côté de l’État, l’association pour le développement sociale et économique du Boundou (Adseb) qui vient d’organiser une réunion de sensibilisation et d’information ont comme priorité la promotion des actions de développement.

Boundou Coumba, province historique fondée vers la fin du XVII siècle par Malick Sy du clan des syssibés, tire son nom du puits du même nom dérivant d’une légende autour de cette source d’eau, empreinte de solidarité et d’accueil. Entre Boundou Coumba qui descendait jusqu’à l’eau pour puiser et le marabout qui lie le récipient à une corde, la légende enjolive et s’embellit pour laisser la place à l’histoire, restée vivace entre les Foutankés et les autochtones. Le liant reste le Yéla, chant célèbre qui veut dire vœux exaucés, dédié aux braves, aux riches et aux nobles, nous révèle Samba Coumba Bâ, le président des communicateurs traditionnels. 

À présent, cette localité qui regroupe les arrondissements de Balla, de Goudiry, de Kidira et de Kéniéba et leurs dix communautés rurales, est au centre d’un important flux migratoire depuis l’aube des temps et reste confrontée au manque d’infrastructures de base pour l’épanouissement des populations. Malgré ses atouts non négligeables avec son espace ethnolinguistique composé de Peulhs, de Sarakolés, de Mandingues, entre autres Diankankés. Son cadre physique offre de réelles potentialités avec une pluviométrie de 600 à 300 mm, un réseau hydrographique comprenant la Falémé, ses affluents et les différents affluents de la Gambie que sont le Sandougou et le Niériko. Avec plus de 2500 familles émigrées qui ont laissé leurs parents qui s’activent dans l’agriculture, l’activité principale, avec ses réserves de terres cultivables très importantes, l’élevage, un atout de taille avec l’un des cheptels et pâturage les plus importants du Sénégal. Le tourisme offre un secteur d’avenir avec ses réserves fauniques à côté des sites historiques comme Sénédébou. Le Boundou, c’est l’apport financier important des migrants originaires de ce terroir résidant en Europe et en Afrique centrale, qui se sont particularisés par l’implantation de petites infrastructures comme les dispensaires, les bureaux de poste, les mosquées, révèle Djimo Souaré. Cette volonté d’investir est freinée par l’enclavement et l’absence d’infrastructures nécessaires à la viabilisation des projets de développement.

Orienter les actions


À côté de l’industrie qui est un véritable facteur de développement et inexistante dans cette partie orientale du pays, les milliards investis chaque année par les émigrés restent un atout pour une industrialisation.

Les contraintes soulevées par Ibrahima Kébé, le président de l’association, poussent le Boundou à vivre une situation sociale et économique dramatique.

Les femmes enceintes meurent quotidiennement, les postes de santé et l’hôpital régional sont loin et isolés à cause de l’état des routes. Des jeunes écoliers abandonnent l’école faute de structures. Le handicap de l’enclavement est exacerbé en hivernage où les localités sont coupées du reste du pays. À cela, selon lui, s’ajoute l’insécurité qui avait mis sur orbite les bandits de grand chemin poussés par l’existence d’un cheptel important et les mouvements migratoires qui attisent la convoitise des bandits et des délinquants. L’association entend mettre en œuvre et promouvoir des actions de développement social et économique en matière de désenclavement de l’amélioration des qualités des soins et l’accessibilité des structures de santé. Il s’agit, selon lui aussi, de mettre l’accent sur les infrastructures scolaires et hydrauliques et de mieux orienter les actions des émigrés du Boundou en France, tout en les invitant à mettre leur compétence, leur savoir faire et leur moyen au profit de la région.

À court terme, l’association met quelque 5000 ouvrages pour les écoles et du matériel médical collecté en France avant l’organisation d’une semaine culturelle du Boundou en France.

Des perspectives heureuses


Le gouverneur de la région de Tambacounda, Amadou Sy, qui a présidé la rencontre de sensibilisation et d’information sur le développement social et économique du Boundou, a annoncé d’importants projets et programmes sur le plan sanitaire, hydraulique, des infrastructures routières, de l’éducation et de l’agriculture pour cette partie orientale du pays et, par ricochet, le reste de la région.

La salle de délibération de l’Hôtel de ville de Tambacounda a refusé du monde. Les chefs de village, les élus, les acteurs économiques et sociaux ont répondu à l’appel de l’association pour le développement social et économique du Boundou dont la finalité de leur objectif est de proposer des solutions au retard de leur localité afin de lui permettre de devenir un pôle de développement économique et social viable avec la création d’infrastructures routières hydrauliques, sanitaires et scolaires, dira Souleymane Sadio Diallo, le vice-président de l’association.

Pour le Gouverneur Amadou Sy qui a salué cette initiative des émigrés qui ont décidé de jeter une passerelle entre leur terre d’émigration et leur localité d’origine en se basant sur les acquis et la coopération décentralisée. Pour lui, un programme ambitieux est en train de mettre en œuvre les jalons du désenclavement du Boundou avec des réalisations dans les domaines hydraulique, sanitaire, de la sécurisation et scolaire. Ce programme est en train d’être mis en branle par la route du Boundou qui va s’ajouter au programme mis en place par le chef de l’État sous l’égide du Premier ministre pour désenclaver les régions de Tambacounda et de Matam. Malgré les contraintes liées à la situation physique du terroir, les axes prioritaires ont été dégagés et le Boundou en tire une part de lion. À cela s’ajoute l’érection de trois districts sanitaires au niveau du Boundou que sont Goudiry, Kidira et récemment Diankémakhan, pour rapprocher les soins aux populations en plus de l’équipement du centre médical de Goudiry. Il a lancé un appel aux fils du pays de rentrer après leur formation. Au plan agricole, un projet de 1000 ha d’un coût de 17 milliards pour l’aménagement des terres irrigables va s’ajouter au plan Reva. Il a, en outre, mis l’accent sur Kidira, à la frontière malienne, qui va abriter la plate-forme qui va relayer les entrepôts de Tambacounda et la Foire sous-régionale, des projets imminents. Sur le plan sécuritaire la région a obtenu un renfort en logistique, informatique et a vu la naissance d’une Légion de gendarmerie, avec sa brigade de recherche.

Dossier réalisé par PAPE DEMBA SIDIBÉ, le Soleil

Credit carte du Boundou : au-senegal.com