M'bouh Séta Diagana: 'La littérature mauritanienne ne devrait souffrir d'aucun complexe'

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ImageM’bout Séta Diagana, professeur de littérature à l’Université de Nouakchott, vient de publier aux éditions Harmattan son premier livre "Eléments de la littérature mauritanienne de langue française". La présentation de ce livre a eu lieu au Centre Culturel Français de Nouakchott, ce mardi 28 Octobre.


De la poésie engagée au roman en passant par la poésie du dialogue et le théâtre, il aborde tous ces différents genres de la littérature mauritanienne d’expression française.

Sur la quinzaine de romans qu’il a étudiés, la thématique de l’esclavage occupe une place prépondérante dans la littérature mauritanienne d’expression française. Dans une large mesure, nos auteurs abordent, sans tabous et sans détours, sous différents angles cette question.


Même si les raisons restent inconnues, toujours est-il que, de Tène Youssouf Guèye à Mbareck Ould Beyrouk en passant par Ould Yacoub, cette question est posée."Quelque soit la communauté dont on est issu, tout le monde (en) parle parois de façon très passionnée qui frise la polémique ou souvent de manière ironique et très sarcastique", a noté M’bouh Séta Diagana en étudiant la littérature mauritanienne d’expression française.

Son travail a essentiellement porté sur la littérature de fiction et non sur des récits documentaires comme par exemple "L’enfer d’Inal" ou "J’étais à Oualata"…"C’est des ouvrages qui ne rentrent pas dans la littérature proprement dite…", pense-t-il."Je suis très orthodoxe. Je reste fidèle à ce que mes maîtres m’aient appris. C’est la seule raison pour laquelle, je n’ai pas étudié ces textes. Mais, cela n’enlève en rien, bien sûr, leur qualité", reconnaît-il.
 
La littérature mauritanienne d’expression française est une littérature encore mineure."Mais, force est de constater qu’elle ne devrait souffrir d’aucun complexe par rapport à toutes ces littératures nationales", soutient-il en citant l’exemple des dramaturges mauritaniens à l’image de Moussa Diagana dont l’œuvre "La légende de Ouagadougou" a été porté devant l’écran par un cinéaste burkinabé.

"La littérature mauritanienne a de beaux jours devant elle si et seulement si, certaines contraintes sont levées", tempère-t-il. Et, pour éviter que la littérature mauritanienne ne devienne pas l’apanage de quelques rares spécialistes, il a préconisé que certains soient levés : les problèmes d’ordre matériel, les problèmes d’édition, la faible circulation des œuvres qui ne sont pas souvent accessibles à toutes les bourses, le peu d’appui à encourager les auteurs à éditer leurs œuvres et surtout inscrire la littérature mauritanienne au programme dans les écoles…

Lorsqu’on étudie la littérature mauritanienne de manière générale, on se demande toujours dans quelle tendance faut-il la situer ? Négro-africaine ou maghrébine ? "C’est une richesse et une chance d’avoir dans un pays deux littératures côte à côte. Cela peut créer une certaine émulation si et seulement si ces deux littératures ne se regardent pas en chiens de faïence. C'est-à-dire, il faut qu’il y ait une sorte de complémentarité plutôt qu’une sorte de contradiction", défend-il en citant l’exemple du Maroc, de l’Algérie ou de la Tunisie où il y a deux littératures.

"La littérature mauritanienne a la chance d’être un trait d’union, sans aucune considération politique, entre la littérature négro-africaine et la littérature maghrébine", souligne-t-il en se basant sur les textes fondateurs de la littérature mauritanienne.

Face à une littérature en mal de reconnaissance, M’bouh Séta Diagana a préconisé, au cours de sa conférence sur la littérature mauritanienne, qu’on donne les moyens à ses auteurs de pouvoir publier et surtout qu’on leur facilite l’édition."Il y a beaucoup de mauritaniens qui écrivent mais peu d’entre eux publient", regrette-t-il.

Dans son livre aussi, il a abordé les raisons qui empêchent l’émergence véritable d’une littérature mauritanienne d’expression française. Parmi celles-ci, il a avancé les différentes réformes scolaires que la Mauritanie a connues depuis l’indépendance à nos jours.

Babacar Baye Ndiaye.
Source = Cridem.org

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Commentaires (1)

  • Cheikhna Mouhamed WAGUE

    Espèce de clochard de komo yugo (cousin à plaisentèries) quand je penses aux belles années que nous avions passées ensemble à Paris dans l\\\'abnégation et le travail, je me dis que ce travail mérite bien d\\\'être couronné de succès. Bonne continuation, cher cousin.