Transports routiers: la ville de Bakel risque d'être coupée du reste du Sénégal

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Les ponts situés sur les principaux axes routiers du département de Bakel s’effondrent un à un. Il en est ainsi des ponts de Bondji et de Moribougou alors que celui construit à 35 km de Bakel-ville menace de s’écrouler. S’il finit par céder, ce département sera coupé du reste du pays. Et c’est pour sonner l’alerte que les populations de Bakel organisent demain, jeudi, une marche de protestation, malgré les assurances données par le préfet quant aux travaux de réfection sur le point de démarrer.

La ville de Bakel risque, à tout instant, d’être coupée du reste du Sénégal avec ses ponts endommagés ou sur le point de l’être, notamment sur les routes nationales n°1 et 2. Cet amer constat pousse les populations de la zone à se faire attendre. C’est ainsi qu’elles ont prévu d’organiser demain, jeudi, une grande marche de protestation pour dénoncer cet état de fait qui, si l’on y prend garde, risque de rendre la localité inaccessible en cette période d’hivernage. Une manifestation d’autant plus légitime que, depuis longtemps, des ponts situés sur ces deux principaux axes routiers sont coupés. Le dernier à se dégrader est celui situé sur la RN2, à hauteur du village de Bondji, qui délimite les départements de Bakel (région de Tambacounda) et de Kanel (Matam). En fait, ce pont cède à chaque hivernage.
 
Sur la RN1, outre le pont de Moribougou, localité située à une dizaine de kilomètres de la commune de Bakel, un autre ouvrage du genre menace de s’écrouler. Il s'agit de celui construit à hauteur du village de Saré, à 35 km de Bakel-ville. Ainsi, si rien n’est fait, Bakel sera, sous peu, coupée du reste du pays.
La coupure du pont de Bondji avait été à l’origine d’un grave accident le 30 juillet dernier, lorsqu'un bus de transport en commun immatriculé Dk 1771 Af, conduit par Abdoulaye Thiam, se rendant à Dakar vers 5 h 30 du matin a été renversé par des eaux de ruissellement. Le chauffeur du véhicule avait tenté auparavant, sous une pluie battante, d’aborder la déviation aménagée pour la circonstance. Cependant, mal lui en a pris, car c’est à ce moment qu’une des roues s’est enlisée. Et c'est alors qu’il tentait de la désembourber que les eaux de ruissellement les ont surpris et ont renversé le bus, avec ses trente-deux passagers à bord. En effet, le relief à Bondji est tel que quand il pleut, toutes les eaux de pluie en provenance de Koumpentoum, Tamba et Goudiry y convergent. Ce qui est à l'origine des coupures de ponts.

En tout cas, le nouveau préfet de Bakel, Amadou Mactar Cissé, qui a organisé les secours ayant permis de sauver trente des trente-deux passagers, prévoit pour très bientôt la réparation des ponts de Moribougou et de Grimpalé. Un optimiste qui se fonde sur la fin de la mission de techniciens de l'Aatr qui ont déjà fait l'état des lieux alors qu’une entreprise est attendue sur les lieux, dans trois semaines, pour démarrer les travaux.

OPA DIALLO (EXPERT COMPTABLE NATIF DE BAKEL) : ‘Il faut des infrastructures de dernière génération pour développer le département’

Pour développer le département de Bakel, il faut des infrastructures pouvant durer 100 ans. Autrement dit, des infrastructures durables et de dernière génération. C’est la conviction du président des Cadres et ressortissants de Bakel (Crb), Opa Diallo, interpellé, le week-end dernier, en marge du mémorial de feu capitaine Abdou Aziz Kanouté, tombé sur le champ de l’honneur en territoire casamançais le 27 décembre 1995. ‘Côté infrastructures, nous sommes d’accord que tout ne peut se faire en même temps. Mais il est grand temps qu’on intègre le département dans ces ouvrages de grande envergure, comme se plaît à les appeler le chef de l’Etat qui soutient qu’il faut des infrastructures à cent ans’, dira cet expert financier, initiateur de la première édition de ce mémorial dédié à feu capitaine Kanouté, son ami d’enfance.

Pour Opa Diallo, ce serait bien qu’on mette le département de Bakel dans le ‘panier’ d’infrastructures de l’Etat afin de promouvoir son développement. Cette revendication est d’autant légitime, dira-t-il, que le département de Bakel qui ne dispose que d’infrastructures de courte durée de vie (5 à 10 ans), se trouve confronté à des coupures de ponts et de routes emportés par les eaux de pluie. Or, croit-il savoir, il faut des ouvrages de qualité et de dernière génération pour permettre aux populations de la zone d’écouler leurs produits vers les grands centres commerciaux de Tamba, Kaolack, Dakar, Saint-Louis, entre autres. Aussi rappelle-t-il que le département de Bakel constitue une porte d’entrée de l’Uemoa. Et qui dit Uemoa, parle d’un espace économique qui concerne tous les pays de l’Afrique de l’Ouest, fait remarquer Opa Diallo.

Pour notre interlocuteur, aider ce département à se doter d’infrastructures modernes et durables, revient à aider le Sénégal à mieux prendre à bras-le-corps ses exportations vers le Mali, le Burkina et la Côte d’Ivoire, mais aussi à restaurer le trafic ferroviaire, c'est-à-dire le train qui faisait vivre à 90 % le département avec, notamment la ligne Dakar-Bamako en passant par Tamba et Kidira. A l’époque se souvient l’expert financier, la pauvreté, compte tenu du petit commerce qui s’effectuait, n’était pas aussi manifeste. Mais malheureusement, se désole Opa Diallo, le train n’étant plus, le transport des marchandises qui était moins cher, ne l’est plus aujourd’hui.

Pour preuve, les populations de ce département situé à l’extrême est du pays payent plus cher pour se faire transporter et transporter leurs biens que n’importe quel autre Sénégalais. S’agissant des marchandises, le moyen de transport prisé reste les camions et, le tonnage n’étant plus aussi important que jadis, cela se répercute sur le prix de revient. Et finalement, c’est le Bakelois qui supporte le coût, regrette M. Diallo.

Elhadji Thiendella FAL, WALFADJRI