Sénégal: Réfugiés mauritaniens de Bakel, la peur de retourner au bercail

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Les nouvelles autorités mauritaniennes ont, récemment, invité leurs compatriotes réfugiés dans les pays limitrophes à revenir au bercail. Ceci, après dix-huit années d'exil. Mais, de leur côté, on a comme l'impression que les principaux concernés ne sont pas pressés de franchir la frontière.

Selon Aldiouma Cissokho, président du Mouvement des réfugiés mauritaniens au Sénégal, le retour ne sera pas une chose facile. Pour lui, les réfugiés nourissent la crainte de retourner dans leur pays d'origine pour plusieurs raisons. D'autant que, explique-t-il, beaucoup de choses s'y sont passées derrière eux. Dès lors ils se demandent s'ils vont être acceptés, s'ils vont retrouver leurs droits. ' Mais, tempère-t-il, l'amour de la patrie aidant, nous pensons que c'est un défi à relever. Et c'est plutôt la raison pour laquelle, par la grâce de Dieu, nous allons trouver une adhésion totale par rapport à la question du retour '. Pour ce faire, poursuit celui qui passe pour être l'avocat défenseur des réfugiés, ' il nous appartient maintenant de travailler, avec l'assistance des autorités locales, la société civile pour renforcer les capacités de tous les éléments réfugiés '.

Aldiouma Cissokho reconnaît que les avis sont partagés par rapport à cette question du retour. Mais, explique t-il, 'ce n'est pas un conflit entre partants et non partants. L'essentiel est, en tant que mouvement de réfugiés, d'aider chacun à choisir librement ce qu'il pense être le mieux pour lui tout en faisant de sorte que cela n'engendre une cassure entre le mouvement et les réfugiés'.

En plus de cela, il est prévu, confie Cissokho, d'aider, d'assister, de suivre et de protéger ceux-là qui ne veulent pas retourner, quelles que soient les propositions qui leur auraient été faites. A ceux qui veulent retourner M. Cissokho souhaite qu'ils puissent participer pleinement et activement au développement de la ' nouvelle Mauritanie '. M. Cissokho n'a pas manqué de tirer son chapeau aux autorités administratives et politiques sénégalaises.

A noter que cette année, c'est la ville de Bakel qui a abrité la célébration du 20 juin marquant la commémoration de la Journée internationale des réfugiés. Ainsi, affichage de photos et coupures d'articles de journaux ont, entre autres, ponctué cette rencontre de Bakel dont l'objectif était de statuer sur cette question du retour mais, également, en définir les conditions. C'est ainsi que, en substance, huit points ont été retenus au sortir de la rencontre qui a duré deux jours. Trois questions ont été posées aux participants : Qu'est-ce que les réfugiés pensent-ils du retour ? Comment le veulent-ils ? Comment les préparer au retour ?

En guise de réponse, les réfugiés disent vouloir retourner au pays pour participer au destin de la Mauritanie. Mais de façon organisée. En clair, ce retour se fera sous l'égide du Haut commissariat pour les réfugiés (Hcr), du gouvernement du Sénégal et des autres institutions internationales. Avec comme préalable la reconstruction des villages détruits, la restitution des terres et des biens, la réinsertion et l'indemnisation des fonctionnaires, des paramilitaires, le dédommagement et la pension des veuves mais aussi la garantie de la jouissance des libertés individuelles, le dédommagement des dix-huit ans d'exil de tous les réfugiés sur le sol sénégalais. Sans oublier la mise en place d'une cour indépendante pour le jugement des auteurs d'actes considérés comme inhumains dans un procès équitable et juste. Mais ceci, à condition qu'il y ait d'abord une concertation entre tous les réfugiés vivant au Sénégal et une mise en place d'une commission élargie de sensibilisation et d'organisation. En effet, les réfugiés mauritaniens, même s'ils ont des craintes par rapport au retour, ont quand même un désir ardent de retourner dans le respect et la dignité.

Rappelons que ces réfugiés sont, pour l'essentiel, composés de Hal Poular. Et beaucoup d'entre eux seraient bien intégrés ici au Sénégal. Et se considèrent Sénégalais à part entière parce que détenant des pièces d'identités sénégalaises.

Elh.thiendella Fall, WalFadjri