Sénégal: LE CAS ALADJI KONATE POURQUOI LE JUGE ET LA MINISTRE DE LA JUSTICE NE BOUGENT PAS?

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Bien avant de quitter la Martinique le 6 février 2013, j’avais pris soin d’envoyer une lettre recommandée avec accusé de réception au Ministre la Justice du Sénégal pour lui demander une audience entre le 8 février et le 21 février période où je devais séjourner à Dakar. Je devais lui remettre en mains propres les « Doléances » du COTRAJUSFI.

Dès mon arrivée au Sénégal, j’ai pris rendez-vous avec Me  Demba Ciré Bathily pour m’enquérir de ses silences inquiétants. Une délégation du COTRAJUSFI s’est donc rendue à son cabinet le 12 février à 16h30. Après d’âpres discussions, nous avons abordé le vif du sujet. Il nous a indiqué que si le dossier n’avance pas, c’est en grande partie à cause du juge qui, selon lui, n’a pas de moyens d’investigation. Il ne peut pas se rendre à Bakel faute de véhicule de service, voire de carburant…

Il est donc contraint de s’adresser aux seuls gendarmes pour ses investigations…
Il est donc le seul responsable du blocage du dossier depuis mars 2011... Ni le procureur de Tambacounda, ni la Ministre de la Justice, ni même le Président de la République ne peuvent rien y faire…
 
La seule issue nous a-t-il indiqué, serait de porter plainte contre le juge pour « inertie » dans le dossier Aladji Konaté avec une éventuelle possibilité de le voir dessaisi.

Même si dans une première phase Me Bathily m’a persuadé de ne pas rencontrer la Ministre de la Justice, il a finalement accédé à l’idée d’aller lui remettre nos doléances.

Le 13 février j’appelle la Secrétaire du Ministre Madame NDour pour lui demander si elle a reçu ma lettre recommandée envoyée depuis le 14 janvier 2013 de la Martinique. La réponse fut un non catégorique, la lettre n’était pas encore parvenue au Secrétariat. Alors, je lui ai proposé de me rendre au Ministère afin de déposer directement ma demande d’audience le 13 février au matin, ce qui fut fait.

L’objectif est de remettre au Ministre nos doléances en mains propres. Mais la Secrétaire me fit comprendre que Madame la Ministre était trop occupée… et qu’il ne me fallait nourrir aucune illusion d’être reçu durant mon séjour…

Tous les jours j’appelais vainement le secrétariat du Ministre. Mais le 18 février, devant les grilles fermées du building pour affluence d’étudiants… je décide de faire téléphoner par quelqu’un d’autre. On décroche… et je m’annonce…

Toujours aucune chance de vous recevoir, M. SY, Madame la Ministre a un calendrier trop chargé ! Répond un Monsieur au bout du fil.

Même si je restais à Dakar jusqu’au vendredi 22 février inclus… ?
Même si vous étiez à Dakar jusqu’au vendredi 22 inclus
Que constate-t-on autour du dossier Aladji Konaté ?
Depuis l’arrivée de Macky Sall on a observé que les gendarmes incriminés dans plusieurs affaires de « bavures » ont été inquiétés voire arrêtés un peu partout au Sénégal sauf pour le cas d’Aladji Konaté où ils ont été mutés avec promotion… mais jamais convoqués et a fortiori entendus par le juge.
A quoi cela est dû ?
Au peu de mobilisation des Bakélois eux-mêmes et à la peur viscérale des Soninké de faire face à l’autorité administrative et étatique.

Au manque de respect pour les citoyens ordinaires des nouvelles autorités qui continuent à se comporter dans notre département comme au bon vieux temps de Wade…

Quant à la presse nationale « son devoir d’informer » est strictement circonscrit à Dakar et dans quelques grandes agglomérations.
Comment dès lors peut-on parler de démocratie si le juge n’a pas de moyens et surtout s’il peut  impunément bloquer un dossier aussi sensible qu’une mort d’homme durant deux ans ?
Mais les nouvelles autorités doivent savoir qu’à Bakel nous avons massivement appelé au changement et voté dans une proportion légèrement supérieure à la moyenne nationale pour Macky Sall. Mais il ne s’agit nullement d’un chèque en blanc qu’on lui a octroyé.
Ceux qui dirigent ce pays doivent savoir que nous sommes comme eux… c’est-à-dire que nous sommes des hommes et des femmes sensibles à la disparition barbare d’un des nôtres…
NON ! Aladji Konaté n’est pas un chien qu’on a jeté au fleuve et que le courant devait emporter vers  les territoires lointains de l’oubli.
C’est bel et bien un être humain en chair, en os qui mérite le respect de l’humanité entière.
Nous disons : Honneur, respect et dignité pour Aladji Konaté, pour les siens, pour tous les hommes et les femmes du département de Bakel, pour tous les Sénégalais et Sénégalaises libres et égaux en droit.
Quant à nos politiciens locaux, ils doivent cesser d’être les « cokxeurs » des partis politiques et des pouvoirs en place. Ils doivent cesser de toujours danser « au carnaval des autres » ne défendant que leurs « petits » intérêts personnels ou partisans au détriment de ceux de leurs populations laborieuses.
Nous leur disons : ASSEZ ! FAISONS-NOUS RESPECTER !!!
La lutte continue et continuera jusqu’à ce que justice soit faite.
Ensemble nous vaincrons !
Le Coordinateur du COTRAJUSFI
Yaya SY

Collectif des citoyens du Département                                        
de Bakel « Pour la Transparence, la Justice,                                     
et la fin des Intimidations » : « LE COTRAJUSFI »
S/C de l’Association des Ressortissants de Bakel
en France (ARBF)
11-13, Rue Bellièvre chambre 320
75 013 Paris.
 
                                                            A Madame la Ministre de la Justice de la République
                                                                                            du Sénégal   ( Dakar)
      
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                                                              DOLEANCES DU COTRAJUSFI
     (Collectif pour la Transparence Justice et la Fin des Intimidations dans le Département de Bakel)
                                ADRESSEES AU MINSTRE DE LA JUSTICE GARDE DES SCEAUX DU SENEGAL

Madame la Ministre,
Notre Collectif vous a déjà écrit à travers le duplicata de la lettre qu’il a adressée au Président de la République pour attirer votre attention sur la mort suspecte d’Aladji Konaté à Bakel en mars  2011.
Le Président nous répondu que l’affaire est entre les mains de la Justice de notre pays.
C’est pourquoi nous nous adressons à vous pour nous informer de la situation exacte de ce dossier.
Nous ne comprenons pas ce silence du Parquet qui n’a encore pris aucun contact officiel avec la mère d’Aladji soit directement, soit par l’intermédiaire de notre avocat Me Dema Ciré Bathily.
C’est pourquoi  nous venons vous reconfirmer  notre soutien indéfectible à la famille dans cette affaire et que nous comptons sur votre diligence afin que toute la lumière soit faite autour de cette disparition tragique.
Madame la Ministre, la famille d’Aladji Konaté, et le Collectif des associations du département de Bakel attendent de vous que Justice soit rendue à Aladji Konaté.

Les Associations signataires :
-« L’Association des Ressortissants de Bakel en France » (ARBF)
-« Le Conseil Communal de la Jeunesse de Bakel » (Il regroupe toutes les associations    
    des jeunes de Bakel)
-« LE COREDIA » (Comité de Rénovation de Diawara)
-« L’Association Gajaaga » en France (qui regroupe les villages du Gajaaga)
-« L’Association des Elèves et Etudiants Ressortissants de Bakel à Ziguinchor ».
-« L’Union des Elèves et Etudiants de Bakel à Dakar » (UDEEB)
-« L’Association des Elèves et Etudiants Soninkés (AEES) à Dakar, Thiès, et             
  Ziguinchor ».
-« L’Association des Imams et Oulémas de la Communauté Rurale de Balou » qui
   siège à Aroundou.

             Doléances déposées le 13 mars 2013 au Secrétariat du Ministre de la Justice  par un
membre du Collectif.  
                   Le Coordinateur du COTRAJUSFI

                                                                             Yaya SY