Parlons de citoyenneté

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M. Roland Serres-Bria, de Toulouges, constate. L'identité d'une famille repose sur ses racines, manifestée par le partage d'un même patronyme. A l'échelon national, peut-il y avoir une identité française comme le laisse entendre Eric Besson ? Rien n'est moins sûr (...). L'Hexagone tel que nous le connaissons aujourd'hui s'est lentement constitué au cours des siècles. Mariages princiers et annexions ont été les principaux facteurs de sa formation. (...). La France actuelle ne peut être qu'une juxtaposition de peuples et non une nation homogène comme le voulait le jacobinisme

révolutionnaire. Multiplicité des langues, dites régionales (...), nombreuses coutumes (...) prouvent cette présence de peuples divers sur le sol français. Distincts par leurs racines, idiome et culture propre, Basques, Bretons, Catalans, Alsaciens, Occitans peuvent-ils se réclamer d'une même identité ? Non et cette vérité devient plus criante avec l'immigration. On me rétorquera que l'identité française est fondée sur l'acceptation délibérée des valeurs de démocratie, liberté, égalité, laïcité... Mais comme de nombreux ressortissants étrangers (...) professent ces mêmes valeurs, comment y voir une identité française ? Ce qui est sûr, c'est que vivant sur un même sol, adhérant aux mêmes valeurs, respectant les mêmes lois, des hommes et femmes se sentent heureux de vivre en France parce qu'ils en sont citoyens. Parlons de citoyenneté française, tout le monde sera d'accord.

"A la reconquête d'une identité" M. Edmond Harlé, de Perpignan, compare. Débat sur l'identité nationale en France, célébration de la chute du mur de Berlin en Europe, la coïncidence est éclairante. Quand j'aidais les dissidents de l'Europe communiste dans leur combat pour la "justice dans la liberté", ils savaient l'identité de la France mieux que les Français. Pour eux, la France c'était la volonté d'associer développement économique et progrès social, justice et liberté, par l'intervention économique de l'Etat comme correcteur (...) organisé des défauts du capitalisme. C'était un Etat qui organisait la redistribution, l'école pour tous, la santé et la sécurisation de l'avenir pour tous avec la Sécurité sociale. C'était avant Sarkozy et son rêve d'américaniser la France, de détruire l'héritage qui fait l'identité de la France. (...) On parlait de progrès social et non de "modernité", qui cache la remise en cause des moyens donnés à l'Etat pour imposer un peu de justice au capitalisme. Ces politiques dites modernes ont échoué mais Sarkozy, l'Europe et le monde persistent. (...) L'identité de la France c'est celle des Lumières, celle dont les penseurs proposeraient un "nouveau contrat social" que les acteurs politiques et sociaux pourraient mettre en oeuvre. L'identité nationale c'est la politique de Sarkozy qui la menace. Alors, prenons-le au mot et proposons la reconquête d'une identité française et européenne pour un monde où, selon l'expression de Lamartine, "chacun aurait sa place au soleil".


Source : lindependant.com