Mauritanie: Entre ambiguïtés et incertitudes

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Mauritanie: Entre ambiguïtés et incertitudes
Depuis l’accès à l’indépendance le 28 novembre 1960 jusqu’à nos jours, la Mauritanie d’une façon générale se plonge de jour en jour dans une apathie quasi-certaine malgré les innombrables dites politiques de ‘’refonte de l’Etat’’ que l’on peut raisonnablement déchiffrer et appeler politiques: ethnique, tribale, esclavagiste…

La démesure a toujours été le point focal des diverses entreprises, celle qui consiste à vouloir finir avec tout ce qui bouge par des propagandes bien orchestrées.
Des mots  tels que esclavage, ethnicisation, tribalisme, racisme ne veulent plus rien dire dans le vocabulaire de nos précise-dents (la faculté de tout mettre entre ses dents) qui se préoccupent plus des théories fumeuses que des citoyens.

Coup d’Etat après coup, nous revenons toujours au point de départ, à la situation absurde, au désespoir. La vitesse avec laquelle, le pays avance ressemble à celle du caméléon. Un pas en avant trois en arrière.

C’est dans ce sens que les institutions ont été vidées de leur sens par des politiques des banalisations extrêmes de tous les crimes. Crime, il n’ya pas d’autres mots pour qualifiée l’état piteux dans lequel le pays se trouve.
Et à chaque fois qu’une personne lève le petit doigt pour exprimer une opinion différente de celle exprimée par le sommet, elle est aussitôt ridiculisée, minimisée et réduit au degré le plus bas pour qu’il ne puisse jamais se relever et s’épanouir.
Cette faculté de propagande, de désinformation est bien une spécialité mauritanienne pour ne pas dire africaine, qui dans un sens puise ses sources de la médiocrité dans le système de gouvernance.

On a beau dire, beau faire les endoctrinements, il ne peut y avoir des résultats escomptés si l’on ne prend pas en compte les vrais problèmes du pays, si l’on continue à nier le problème de l’esclavage tant dénoncé par les organisations de droits de l’homme, le problème de la langue….Faire passer une chose prioritaire pour secondaire est la manifestation d’une déficience face aux problèmes de l’heure.

Les solutions miracles n’existent pas dans ce genre de situation, il faut accepter ou se rendre compte de l’évidence d’une situation si l’on veut bâtir du solide, au cas contraire ce sont les racines du mal qui demeureront.
L’art de s’émerveiller sur le néant ou disons sur le vide est bien un insidieux procédé de brouiller les pistes.

Et le pire, est que les citoyens ne semblent pas comprendre ou refusent de comprendre la dangerosité de la situation. Ou peut-être n’ont-ils pas vraiment le choix en se contentant du peu qu’ils ont, renonçant ainsi à leurs droits fondamentaux, ‘’nahnou dorou le El avia’’, comme l’on dit en hassania, ‘’oni do jomoun ya mulla soutiennent les soninkés’’, ‘’minen daara ko Jam’’( à améliorer) disent les pulaar, comme si le bonheur tenait ou tient à ce qu’on renonce à tout. C’est l’image du mauritanien ou de la mauritanienne qui croit avoir tout en croisant les bras ou les doigts, alors que dans un sens il n’y a nul dédommage possible pour celui qui renonce à tout. Où allons nous ainsi ?

Il est curieux aussi de constater que beaucoup des cadres au sommet de l’Etat considèrent l’ossature des problèmes de la Mauritanie comme dépassée, par exemple le problème linguistique est un problème bien sérieux qui, au lieu d’être banalisé a besoin des solutions à long terme, le rapiècement ramène toujours à la case de départ.

L’échec du système éducatif de la Mauritanie trouve son explication en partie dans cette problématique.
Les prochains états généraux annoncés de l’éducation ne devront pas être une farce politique comme ce fut le cas dans les années précédentes.
Si malice il y’a dans la prise des décisions finales, l’avenir deviendra plus sombre qu’il ne l’était et l’égoïsme prendra plus d’ampleur alors qu’il empêche souvent de voir même les défauts les plus criants.

Il faut le dire sans risque de se tromper que les dirigeants commencent souvent par là où ils devraient finir, ça s’appelle tout simplement de l’anarchie. C’est bien l’idéologie, socio-éconmique qu’entreprennent les dirigeants depuis des années. Le développement est un processus qui ne se limite pas à quelques réalisations ou aux discours bien montés et enjolivés.

On est appelé à se demander quand est ce que le navire de la Mauritanie à la vitesse de l’escargot arrivera-t-il à destination dans un monde en pleine mutation et vitesse ? Le pouvoir cessera- t-il d’être une affaire de demon-cratie avec les ‘’remplaçants’’ actuels? Entre ambiguïtés et incertitudes, la Mauritanie trouvera-t-elle son chemin? Wait and see

Fofana Samba  Correspondant de soninkara.com