Mauritanie: A quoi servent réellement les hauts cadres soninkés?

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J’ai eu à réfléchir beaucoup à propos de la situation socioéconomique de la région de Guidimakha. Les conclusions par lesquelles j’ai abouties, réalités du terrain à l’appui, obligent bien à se poser un certain nombre de questions et dont les plus patentes, à bien d’avis avertis, semblent être les suivantes : A quoi servent réellement nos cadres ?

Oui à quoi peuvent réellement servir nos hauts cadres, eux qui ont les entrées et les sorties faciles des lieux nettement surveillés et d’où les vrais problèmes des citoyens des coins reculés du pays ont du mal à parvenir loyalement, eux à qui les hommes les plus puissants de notre pays tendent souvent l’oreille ? Quel a été le service honorable rendu à leur région en plus du fait qu’en période d’élections ils ont toujours semé la zizanie entre les populations ?

Oui comment une région qui pouvait devenir un des poumons de l’économie mauritanienne reste encore socio-économiquement des plus répugnantes ?A chacun son point de vue. Mais de notre côté, la réalité que vit la région depuis toutes ces décennies départage ses principaux problèmes en tant que conséquences de marginalisation politique, d’inconvenances climatiques d’effets d’une urgence fatale et d’injustice quasiment institutionnalisée.
 
Pas besoin d’aller au bout de mes idées. Chacun sait ce qui s’en est suivi : l’extrême pauvreté et tous ses rejetons à spécificités d’humiliation. De ce bel immonde tout ce qui relève de la volonté des cieux est sagement accepté. Quant à ce qui est de l’injustice humaine, on se contente juste de hausser la tête, de dire haut ce que nos hauts cadres n’osent dire bas auprès des grands de ce pays.
Ainsi des années durant, les champs des pauvres cultivateurs sont dévastés par des troupeaux sans aucune forme de procès, des inondations ont assiégé des villages entiers sans aucune assistance quelconque après, des maladies de plus curables continuent de prendre parmi les forces vives de la population, l’école devient de jour en jour le lieu de perte de temps et de clochardisation, l’émigration clandestine devient davantage la principale préoccupation de la jeunesse tenue à trouver des solutions immédiates aux problèmes immédiats occasionnés par la pauvreté, les camelins, bovins et autres caprins ne meurent plus naturellement.

Ces problèmes malheureusement continuent aujourd’hui encore. Pour dire vrai, cet état de fait repoussant a un seul et unique responsable : le haut cadre de la région, ce cadre qui semble ne pas se reconnaître, ce cadre qui par son attitude d’indifférence cause plus de conséquences nocives qu’autre chose, ce cadre qui oublie qu’en Mauritanie le choix à des postes clés est généralement un souci de représentativité communautaire et régionaliste plus qu’autre chose.

Pourtant il y a plusieurs façons de servir son pays, sa région ou sa ville : faire entendre sa voix c’est-à-dire ses doléances, contribuer activement à son développement par des investissements et d’autres initiatives associatives ou encore soumettre et soutenir les initiatives relatives entre autres au développement socio-économique voire culturel.

Malheureusement rien de tout cela n’est fait. La région de Guidimakha n’est utile d’une part qu’en période d’élections, lesquelles élections ont d’ailleurs mis en éclat le peu d’union qui existait entre des populations certes diverses à bien des points de vue mais qui ont toujours demeuré une. Les déchirements et autres divisions sont tels que ce qui se faisait par union ne l’est plus.

Et chacun semble regarder l’autre désormais en chien de faïence. D’autre part, si l’un des principaux problèmes de la région reste relatif au manque des cadres formés, quelle situation vivent déjà ceux qui ont pu faire mieux en décrochant des grands diplômes dans des conditions où tout semble décourager pourtant ?

Ici aussi l’indifférence de nos cadres est patente. Et la situation est telle que le désœuvrement que vient la plupart des diplômés ne puisse pas encourager un parent analphabète à envoyer ses enfants pour être dans la même situation. Donc le constat à faire aujourd’hui est que de ces hauts cadres n’ont pas rempli la mission morale qui leur revenait.

Il revient alors à la jeunesse de prendre la relève. Cela n’exige pas beaucoup des moyens surtout dans cette Mauritanie d’Aziz où il y a toujours quelqu’un prêt à écouter. L’exigence des temps actuels est de s’unir, s’unir en se fixant d’objectifs clairs entrant dans le cadre du développement socio-économique de notre région.

Les champs d’expérimentation ne manquent sûrement pas. Avec la forte communauté que notre région dispose à l’étranger, beaucoup de projets peuvent être accomplis. Mais faudrait-il d’abord que nous nous unissions afin de constituer un contrepoids aux mouvements anciens qui ont toujours bradé la région sans résultats dignes de ce nom. Faudrait-il encore que nous nous unissions d’abord afin de faire entendre la voix de Guidimakha, d’œuvrer pour son essor, pour faire arriver les doléances des milliers de pauvres auprès des à qui de droit.

Tout est facile, il suffit juste de vouloir et se croire. Car que l’on le veuille ou non l’histoire de la Mauritanie ne pourra être complète que lorsque toutes les composantes de sa population remplissent comme il se doit le devoir qui revient à chacune comme à chaque mauritanien d’ailleurs.

Soulé Abdou Diarra, via http://www.cridem.org
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