Mali : Village de Leya : Cohabitation difficile entre maures et soninkés

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Le présumé assassin en question, Mohamed Dahamo, est connu comme le chef du hameau de Moulehedy dont il surveille jalousement les pâturages. Aucun membre de la communauté soninké ne peut paître ses animaux sur cette terre, et pour avoir bravé cette interdiction, Mamadou Siliman fut froidement abattu par le chef Maure le 23 juillet dernier.


Le problème est que Leya est un village malien dont les Soninkés Diabira sont les fondateurs et occupants majoritaires. Mais les paysans soninkés traversent la rivière servant de frontière pour aller travailler dans leurs champs situés en Mauritanie. Malheureusement, pour les Soninkés, travailler dans les champs qu’ils possèdent depuis la fin du 19è siècle est devenu pratiquement source de malheur.

Sous le slogan « la Mauritanie appartient aux Mauritaniens », une poignée de Maures chauvinistes a commencé une campagne de récupération de ces terres soninké situées hors du Mali. Et c’est justement Mohamed Dahamo, le présumé assassin de Siliman, qui est la tête de ce mouvement, à en croire les ressortissants de la communauté Soninké vivants à Bamako.

Finalement, les habitants de Leya ont renoncé à leurs champs et pâturages, mais cela n’a pas mis fin à leurs souffrances faites de vols de bétails depuis un certains temps. On rapporte que plus de 3 800 bovins et 3 200 caprins ont été volés dans le Guidimaka, au nord ouest de la région de Kayes, où se trouvent neuf (9) communes rurales. Pire, de simples civils parmi les Maures qui sont déterminés à chasser les autres nationalités se permettent de rapatrier sur le territoire malien des Soninkés. Par contre, les Mauritaniens sont libres de circuler librement entre le Mali et leur pays.

Après l’assassinat de Mamadou Siliman, une enquête a été ouverte par les forces de sécurité des deux pays. Mais ce n’est pas la première fois que des Soninkés se font faucher par des Maures à Leya. En effet, les habitants évoquent deux autres crimes: le premier cas est arrivé en 1991 et la seconde en 1995. En attendant la suite judiciaire de l’assassinat de Siliman, les ressortissants de Leya à Bamako multiplient les contacts et interpellent les autorités maliennes afin que la série noire et les exactions prennent fin.

Soumaila T. Diarra

Source : Le Républicain