Mali: Presse communautaire: LE NOUVEL ÉLAN

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La construction d'un nouveau siège participe de l'effort d'adaptation, de diversification, de professionnalisation et de modernisation des journaux en langues nationales de l'AMAP.

C'est dans une ambiance festive que le nouvel immeuble de la Direction de la presse communautaire (Diprescom) a été inaugurée vendredi dernier en présence d'une foule nombreuse d'officiels, de journalistes, de partenaires et d'amis.

Le ministre de la Communication et des Nouvelles technologies qui a présidé la cérémonie a fait un rappel historique de la création, voilà 35 ans, le 10 mars 1972, du mensuel Kibaru. Ce titre était à la fois "une expérience inédite de journal en langue nationale dans notre pays et une opération-pilote de l'Unesco en Afrique francophone", a-t-il rappelé en rendant hommage à l'ancien ministre de l'Information, le colonel Youssouf Traoré (il était capitaine en 1972), invité d'honneur à la cérémonie et à l'Unesco qui s'étaient associés pour lancer le titre.

Le lancement du mensuel, a analysé selon Gaoussou Drabo, répondait à la logique de la promotion de nos langues nationales et à une demande forte des 60 000 auditeurs inscrits dans les 1731 centres d'alphabétisation recensés cette année là. A ce propos, le ministre citera une anecdote : "Pour la petite histoire "Kibaru" fut mis en vente le lendemain de son lancement officiel, c'est à dire le 11 mars 1972 à la foire-exposition de Kita. Si l'on en croit le compte-rendu de l'Essor, la ruée sur le journal fut telle qu'elle a perturbé le déroulement normal du programme et contraint les organisateurs à "arrêter l'opération de placement".

"Kibaru" avait suscité un tel engouement que deux ans plus tard, son tirage était passé de 5 à 8000 exemplaires, mais surtout le titre était devenu l'emblème d'une célébration régionale et nationale lors de ses fêtes anniversaires. Les festivités de 1974 conduisirent ainsi à l'implantation, sur le site actuel de la direction de la Diprescom d'un "village rural" de 17 cases représentant toutes les régions du Mali.

AGE D'OR
: Le modèle des cases, relèvera Gaoussou Drabo, fut conservé pour accueillir les structures d'une presse rurale qui vivait alors son Âge d'or avec Kibaru qui tirait à 22 000 exemplaires. Le journal en bamanan est rejoint en 1983 par un titre en peul, Kabaaru, puis en 1989 par un titre en soninké, Xibaare.

Le mérite de l'Agence nationale d'information du Mali puis de l'Agence malienne de presse et de publicité qui lui a succédé est d'avoir assuré la pérennisation de ces titres malgré des aléas de fabrication et de distribution d'une amplitude spécifique "lorsqu'il faut servir des lecteurs disséminés dans une multitude de villages et hameaux", témoigne le ministre Gaoussou Drabo. "L'Amap, en particulier, a su négocier les virages imposés par d'importantes évolutions. Au premier rang de celles-ci, l'instauration d'un contexte de démocratie multipartisane avec ses enjeux nouveaux dont le moindre n'est pas la décentralisation. L'arrivée de la télévision nationale, parfois des images satellites, de la téléphonie mobile ont, de plus, modelé des goûts et besoins nouveaux dans le lectorat de la presse communautaire", s'est-il félicité.

Soulignant combien la lutte contre la pauvreté par le progrès restait ancrée dans "les gènes de Kibaru, Kabaaru et Xibaare", Gaoussou Drabo constate que les chemins pour assurer le service public de cette belle cause doivent se diversifier, se professionnaliser et se moderniser. "Cette évolution est nécessaire pour répondre aux aspirations sans cesse renouvelées de lecteurs souvent plus jeunes, toujours plus ouverts sur le monde, attachés à leur terroir, mais sensibles et curieux d'autres standards", a-t-il noté en soulignant que la construction du nouveau siège de la direction de la presse communautaire de l'Amap participe de cet effort d'adaptation.

Le bâtiment ainsi inauguré abrite désormais des rédactions, le service administratif et l'imprimerie dédiés aux journaux en langues nationales. Bâti à la place de quatre cases bien éprouvées par le temps, il a été dessiné par le Cabinet d'études techniques en construction, d'architecture et d'urbanisme et édifié par la Générale d'entreprise de construction Inza Diakité. La construction de ces 260 m2 de locaux a coûté 75 millions de Fcfa financés par le Budget spécial d'investissement. L'Amap a assuré sur ses fonds propres l'aménagement de la cour et du mur d'enceinte, le renouvellement complet du mobilier et de la climatisation et prévoit l'installation d'un groupe électrogène capable d'alimenter toutes les installations.

En sus d'offrir un cadre de travail fonctionnel et confortable et d'être le symbole d'une presse communautaire moderne et en mouvement comme le monde où elle évolue, ce bâtiment, souligne le ministre Drabo, atteste également de la volonté de l'Amap d'accompagner significativement la décentralisation. Une volonté qui se concrétisera à nouveau par le lancement à venir des chantiers des représentations régionales de l'Agence à Mopti et à Kidal.

Après la coupure du ruban symbolique par le colonel Youssouf Traoré et le ministre de l'Agriculture, Seydou Traoré, les invités, au premier rang desquels le ministre des Mines, de l'Énergie et de l'Eau, Hamed Diane Séméga et son homologue de l'Artisanat et du Tourisme, N'Diaye Ba, ont pu visiter les nouvelles installations de la presse communautaire.

M. KÉITA, L'ESSOR