Lutte contre le paludisme au Mali

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Lutte contre le paludisme au MaliUne politique nationale bien définie pour endiguer le fléau.

Le paludisme, qui est transmis par la piqûre d’un moustique, fait plus d’un million de morts par an pour la plupart des enfants de moins de cinq ans en Afrique. Sur ce continent, un enfant meurt du paludisme toutes les 30 secondes. Au Mali, un enfant sur cinq meurt de paludisme. Cette maladie constitue une des principales causes de l’anémie chez les femmes enceintes et de l’absentéisme à l’école et au travail. Faire reculer le paludisme est de réduire de moitié la charge du paludisme ou de l’éradiquer à jamais, telle est l’initiative du Gouvernement du Mali. C ’est pourquoi nous sommes allés à la rencontre de Mme la Ministre de la Santé, Mme Maïga Zeinab Mint Youba, et M. George Dakono, le Coordinateur du Programme National de Lutte contre le Paludisme.

Selon M. George Dakono, le paludisme est une maladie fébrile et parasitaire provoquée par des parasites du genre plasmodium. A en croire notre interlocuteur, le paludisme est l’une des causes de décès chez l’enfant et les femmes enceintes. Le paludisme touche près de 100 pays dans le monde. Avec des zones de réapparition de la maladie, la résistance du parasite aux antipaludiques les plus accessibles financièrement aux populations et la résistance du vecteur aux insecticides les plus couramment utilisés, la situation s’est aggravée au cours des dernière décennies, dira-t-il.

Selon l’explication de M. George Dakono, au Mali, le paludisme se caractérise par son endémicité dans les régions du centre et du sud et son potentiel épidémique dans les régions du nord. En ce qui concerne les cas enregistrés dans les formations sanitaires publiques, dira Mr George, ce nombre est de 850 723 en 2004. Ce chiffre est en déca de la réalité dans la mesure où les taux de fréquentation des formations sanitaires se situent entre 25 et 30%, la majorité des cas de paludisme sont traités à domicile ou au niveau communautaire, car l’accessibilité aux structures de santé de la population n’est que de 47% dans un rayon de 5km et de 71% dans un rayon de 15 km (SLIS 2004), a noté M. Dakono. Il a par ailleurs noté que la faible utilisation des résultats de laboratoire et l’absence des techniciens de laboratoires dans la plupart des structures limitent la précision du diagnostic du paludisme.

A en croire toujours M. George Dakono, plusieurs facteurs ont contribué au développement de la chimiorésistance dont l’automédication associée à la qualité incertaine des médicaments antipaludiques disponibles dans le secteur informel ; la prise en charge inadéquate des cas de paludisme, la faible observance de la chimioprophylaxie à la chloroquine chez les femmes enceintes malgré la gravité du paludisme.

Pour une lutte efficace, dira M. Dakono, le Mali a élaboré et mis en oeuvre un programme National de lutte contre le paludisme depuis 1993. Selon lui, plusieurs actions ont été entreprises, à savoir la mise en oeuvre du plan d’action quinquennal 1993-1997, le plan accéléré en 1998, l’adhésion du Mali à l’Initiative “Faire Reculer le Paludisme” en 1998, la révision de la politique nationale de lutte contre le paludisme en 2000, l’élaboration du plan stratégique de lutte contre le paludisme en 2001-2005, en relation avec le cadre stratégique de la lutte contre la pauvreté.

Malgré ces mesures, dira M. George Dakono, le paludisme demeure un problème prioritaire de santé publique de par sa fréquence, sa gravité, particulièrement chez les couches vulnérables que sont les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans et par son impact socioéconomique. C’est pourquoi, le Gouvernement du Mali a exprimé sa volonté de faire de la lutte contre le paludisme l’une de ses priorités essentielles de développement, a-t-il dit.

Il a, par ailleurs, expliqué le cadre stratégique de la lutte contre la pauvreté finalisée en 2001 qui accorde la priorité aux volets sociaux, en particulier la santé, la nutrition et les aspects d’hygiène et d’assainissement. Quant au PRODESS en cours, dira-t-il, il constitue une contribution à la mise en oeuvre des nouvelles stratégies de lutte contre la maladie en général, la lutte contre le paludisme en particulier.

Au regard des récents développements du partenariat pour la lutte contre le paludisme et d’autres stratégies nouvelles, a ajouté M-George, une révision de la politique nationale de lutte contre le paludisme s’impose. C’est pourquoi, dira-t-il, le Ministère de la santé a entrepris une révision de sa politique de lutte contre le paludisme pour intégrer les nouvelles approches stratégiques innovatrices de prévention, de prise en charge des cas et la gestion des épidémies.

“La chloroquine jusqu’ici utilisée comme médicament antipaludique de 1ère intension au Mali connaît une résistance croissante des parasites du paludisme (plasmoduim falciparum). Le taux d’échec thérapeutique varie d’une localité à une autre, la résistance à la chloroquine a été évaluée dans les régions de Sikasso (Bougoula Hameau et Bougouni), Koulikoro (Faladié, Kollé, Bancoumana, et Sirakoro Neguetana), Mopti et Bandiagara), Kidal (ville et Hameau) et le District de Bamako (Sotuba). Dans ces localités visitées, le niveau de chloroquino-résistance reste supérieur à 25%, seuil à partir duquel l’OMS recommande un changement de régime théarapeutique”.

Le paludisme est endémique au Mali avec une intense transmission au cours de la saison pluvieuse dont la durée est variable en fonction des zones éco-climatiques, mais des poussées épidemiques sont souvent observées dans certaines localités de la zone subsaharienne, a avancé M. George.

Le but de la politique nationale

Selon Dr George Dakono, le but de la politique nationale est de réduire la mortalité et la morbidité due au paludisme à un niveau tel que la maladie ne constitue plus un problème de santé publique. Gagner la bataille contre le paludisme.

Le Mali préconise de grandes stratégies contre le paludisme: la prévention par la protection contre les piqûres des moustiques ( à l’aide de moustiquaires imprégnées), le traitement rapide à l’aide de médicaments anti-paludiques efficaces, un effort particulier pour protéger les femmes enceintes et les enfants en bas âges, la détection des épidémies et une action rapide pour les enrayer, a expliqué Dr Dakono.

Toujours selon lui, la prévention est une composante majeure de la lutte contre le paludisme. Elle est axée sur la lutte anti-vectorielle intégrée contre les formes adulte et larvaire du vecteur, mais les mesures d’hygiène et d’assainissement du milieu sont timides, un accent particulier est mis sur la promotion des supports imprégnés d’insecticides et le traitement préventif sur la promotion des supports imprégnés d’insecticides et le traitement préventif intermittent à la sulfadoxine-phyriméthamine chez la femme enceinte.

Quand à la Ministre de la Santé, Mme Maïga Zeinab Mint Youba, elle a avancé que le paludisme au Mali est responsable de 34 à 39% des motifs de consultation dans les services de santé. Il représente la première cause de décès des enfants de moins de 5 ans et la première cause d’anémie chez les femmes enceintes. C’est pourquoi, dira-t-elle, que le pays s’est doté d’une politique nationale de lutte en 1993, suite à sa participation à la conférence ministérielle d’Amsterdam, et a adhéré à l’Initiative Roll Back Malaria/ Faire Reculer le Paludisme (1999).

Selon ses explications, le Mali a aussi souscrit à la Déclaration dite d’Abuja (25 avril 2000) et aux Objectifs de Développement du Millénaire (ODM), qui réaffirment l’engagement de la communauté internationale à agir ensemble pour réduire la mortalité et la morbidité dues au paludisme pour la réduction de la pauvreté.

L’effort mondial a ainsi abouti au développement de nouvelles stratégies sur lesquelles reposent actuellement la lutte contre le paludisme, le Traitement Préventif Intermittent chez la femme enceinte avec la Sulfadoxine Pryméthamine, la lutte anti-vectorielle avec l’utilisation des moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée de résistance, dira-t-elle. Et de renchérir: “Mais, c’est surtout devant le constat de la multiplication importante que la chloroquine laissera place aux dérivés d’Artémisinine combinées à d’autres molécules efficaces, Combinaisons Thérapeutiques à Base d’Artémisinine (CTA).”

Mme la Ministre de la Santé a aussi évoqué que la stratégie nationale de lutte contre le paludisme au Mali est multisectorielle avec l’implication des communautés, les Universités et les Ecoles de santé, les Associations et les Organisations non gouvernementales nationales et internationales, le secteur privé et les partenaires au développement.

A l’en croire, le Gouvernement du Mali prendra les mesures nécessaires pour la mise en oeuvre efficace sur l’ensemble du territoire de ces stratégies qui constituent le socle de la nouvelle politique du Mali. Pour y parvenir à une lutte efficace, Mme la Ministre a évoqué certains axes développés tels que les activités de communication dans le cadre de la nouvelle politique de lutte contre le paludisme, le plaidoyer en direction des leaders politiques et des partenaires, la mobilisation sociale en direction de tous les intervenants et la communication pour le changement de comportement.

Enfin, c’est sur ces notes qu’elle a invité les responsables sociosanitaires, les responsables politiques et administratifs, les partenaires au développement et les communautés à considérer ce document de politique et les directives techniques qui le renforceront comme la référence nationale en matière de lutte contre le paludisme d’une part et à se l’approprier d’autre part.

Mariétou KONATE

Source : Quotidien Malien ( Le mali )