LE COIN DES ETUDIANTS: BIENVENUE A PARIS LA FRANCE ! MAIS COMMENT VIS TU ? FIN

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A l’heure où j’écris ce texte, mes poches sont vides mais mon ventre l’est moins. Et, cela grâce à Dieu. J’ai trouvé une solution. C’est ça aussi Paris. Des gens charitables via des associations pensent aux « sans dents » comme nous. Clin d’oeil au président de la république française François Hollande ! Je vais me restaurer chez « Resto du cœur ».

Merci Coluche ! Sans avoir jamais assisté à son spectacle, il « m’enjaille » quand même. Rest in place Coluche ! Mais, il faut un motif pour bénéficier de ce don du cœur pour le ventre. Alors pour mon cas, je leur ai dit que mes garants sont en pleine crise financière comme tous les français d’ailleurs. En plus, ils s’occupent déjà de ma chambre universitaire. Quand le CROUS m’a accordé une chambre, il fallait débourser environ 350 euros sous 48 heures. Mon garant, un frère de lait, a remué terre et ciel pour mettre cette somme à disposition sans compter l’inscription (476 euros ) et autres démarches qui demandent toujours un pécule.

Autant d’argent sur un seul budget, n’est-il pas au bord de la crise financière ? Si l’on sait que ce sont les mêmes personnes qui s’occupent de nos familles au pays et d’autres proches en marge du monde du travail en France, je manquerais de matière grise si je sollicitais une quelconque aide supplémentaire pour souper. Après ce monologue intérieur, mon esprit me dit : « Alors c’est à leur tour, tant pis ». Evidemment, je le dis en des termes plus convaincants car à Paris-La France tout se justifie. Et on t’aide le temps que tu ne meurs pas de faim et que tu trouves une solution plus durable. Mon avis c’est que la meilleure solution c’est de se préparer en conséquence. Ce qui fait défaut chez plusieurs d’entre nous. Souvent, nos parents immigrés ôtent le pain de leur bouche pour l’offrir à la famille restée au village. Dois je couper cette chaine de transmission sachant que je suis censé tartiner ce même pain  de chocolat ou de beurre en plus. Ce serait dramatique. Depuis quelques temps, je bénéficie des aides alimentaires des restos du coeur. Une aide incommensurable en cette période d’adaptation à la vie estudiantine française. En attendant d’avoir des ustensiles de cuisine et une main tendue de mon garant en fin de mois, cette solution me sied à merveille. Finis les thiébou Dieune que je ne revois que dans mes rêves ! Le Mafé et le Yassa m’ont abandonné en cours de route. Maintenant, mon ami s’appelle «  Pâte », «  Pain-Nutella »…  Je me rappelle alors des mots de ma grand-mère «  J’aime pas Kankou, je veux Sokhona. C’est qu’on t’a encore laissé le choix ». Ici, le choix c’est manger par tous les moyens ou crever … La fin ne justifie t-elle pas les moyens ? En tout cas, l’essentiel c’est de faire taire ce ventre affamé pour tenir car n’oublions pas l’objectif : les études. J’ai fait la promesse à mon frère.

Au début, j’ai parlé des raisons qui devraient pousser les gens à entreprendre le voyage. Pour moi, il ne faut que ce soit dans l’esprit de fuir chez soi. Peu importe les raisons, un être humain sérieux ne fuit pas sa terre. Encore une fois, ce discours s’adresse à ceux qui viennent pour poursuivre leurs études. Quant aux autres, ne connaissant pas leurs raisons, nous ne disons rien allant dans leur sens. Donc, pour un étudiant, il faut envisager ceci comme un voyage qui pourrait nous conduire au-delà de Paris car Paris ne doit pas être considéré comme une fin en soi. Ceci pour des raisons historiques que je n’aborderai pas ici mais surtout pour des raisons pratiques. Voyager c’est aller ailleurs que chez soi et ailleurs ne se limite pas à Paris-La France. Au contraire. Mais, ce que je veux vraiment dire si l’on doit venir faire ses études dans ce pays, il faut vraiment  murir son projet. On ne doit pas venir parce que l’on veut juste venir à Paris la France comme nos parents immigrés. Ne pas préparer son voyage, c’est s’exposer à être sans papier. J’imagine pas  la vie d’un étudiant sans papier. A quoi auront servi tous ses sacrifices ? Ainsi, l’on comprend les étudiants qui rentrent au pays après les premières déboires en terre française. Dans tous les cas, on apprendra à travers ses expériences plus qu’on ne pourrait  apprendre dans les bouquins. Et, à partir de là, on remet en cause nos préjugés (qui n’en a pas ?) et la vie nous apprend à être humble et voir la vie autrement. J’ai évoqué cela pour rappeler ces mots de Khalil Gibran « On ne doit rien à personne, on doit tout à tout le monde ». Cette situation, je l’ai vécue doublement. La première, c’est celle que j’ai dit en parlant des restos du cœur à travers laquelle  j’ai compris que la vie se regarde aussi à travers les yeux des autres, c’est-à-dire à travers leurs actes. Comme quoi Dieu est d’une sagesse qui confirme cette vérité : laissons à Allah seul le soin de juger l’homme. Quant à nous vivants, prenons de la vie ce qu’elle offre. Mon esprit me rappelle à l’ordre : «  toi aussi, ton cœur doit nourrir l’espoir chez l’autre à travers un bienfait dont tu as été un jour bénéficiaire. Et, tu marcheras humblement devant une sagesse qui te dépasse. Peu importe que l’on croit à Dieu ou pas ». Quand j’ai dit à Dieu ou pas c’est en référence à la seconde leçon que j’ai apprise d’un étudiant français qui se dit athée. Je suis arrivé à Montpellier un Dimanche. Comme je l’ai déjà dit, je devais être hébergé par quelqu’un. Malheureusement, pour plusieurs raisons, je fus obligé de plier bagages en fin de semaine c’est à dire vendredi. De lundi à vendredi j’ai fait le fou au CROUS sans succès. Il faut dire que les fous n’ont pas beaucoup de succès dans cette vie. Vendredi arrive, je n’ai pas encore de logement. Je ne connais personne. Les quelques rares sénégalais que j’ai à rencontrés me donner juste une tape amicale pour me rappeler une chose que je savais déjà mais qu’ils savaient mieux que moi : « c’est dur la France ». Tu parles. Ils ont raison. C’est dur ! Et je ne leur en veux pas, pas le moins du monde car les gens sont parfois dans l’incapacité absolue de nous aider. C’est comme ce monsieur, très gentil d’ailleurs, que je connais à travers un professeur, ami avec un de mes professeurs. A l’africaine, dois je dire. Et oui, « on doit tout à tout le monde ». Il vivait dans un appartement avec sa femme et leurs trois enfants et son beau-frère. Donc impossible de m’héberger quelle soit sa générosité. C’est aussi le cas d’une autre personne qui est avec sa femme et leur nouveau bébé et un autre enfant. Encore impossible !Moi-même, je l’admets. Et, avant que j’oublie, il y a une association des sénégalais ici ( Montpellier), là aussi impossible. Pourquoi ? Je ne sais pas et je ne cherche pas à comprendre. J’ai autre chose à faire que comprendre leurs raisons : « trouver un toit ». Mais, il faut le dire, certains compatriotes ont des raisons injustifiées. Quant aux étudiants, les tapes amicales viennent souvent d’eux. Mais je ne les blâme pas car ici on comprend même s’il n’y a parfois rien à comprendre. Tu comprends et tu circules pour chercher un toit. Et ce toit,  je ne l’avais pas. Après ce fameux vendredi, les étoiles allaient être sur ma tête, seul dehors dans une ville que je connais à peine. Sdf à Montpllier…  Dieu est grand et le sort est plein d’ironie.

Revenons à ma rencontre avec cet étudiant français qui sera plus tard mon hébergeur par un concours de circonstance. Après les salutations, je lui demandai : « Comment trouves-tu la vie ici ? ». Il me répond que ça va. Et, pour voir sa réaction, je lui demandai si j’avais des raisons de me méfier des gens. Et, il me répliqua :  « Pourquoi ? ». Puis, il me conseilla d’aller vers les gens. Heureusement que cela je le savais déjà. Car si je m’étais méfié de lui, je ne verrais pas comment nous allions devenir amis jusqu’au point qu’il acceptât de m’héberger pendant 15jours. Nous nous sommes juste vus le lundi à la bibliothèque. Après avoir sympathisé, nous échangeâmes nos numéros. Après les 15 jours, si je n’avais pas de logement, j’irais à Marseille chez la famille pou y rester le temps de trouver par correspondance un pied à terre durable. Malheureusement, je ne trouvais toujours pas de logement. Le week-end, le gentil étudiant français, me dit : « Du coup, tu pars quand ? ». Il avait raison d’autant plus qu’il avait besoin d’une certaine intimité pour recevoir amis, famille… Et aussi, c’était le deal. Le contrat moral était arrivé à expiration. Mon frère qui me suivait au quotidien depuis Paris revient aux nouvelles. Comme c’était son idée de m’amener faire quelques jours à Marseille, faute de billet de train, il me trouva un covoiturage « Montpellier- Marseille » le soir même pour départ le lendemain matin à 9 heures. Merci au site blablacar ! Pub gratuite. Un système qui permet de réserver un voyage dans les voitures de particuliers en partance pour une ville quelconque. Seulement, avant mon départ pour Marseille, ce même soir, j’avais trouvé une chambre dans une maison habitée par d’autres étudiants africains. Un étudiant Sénégalais qui était en contact avec mon frère de Paris nous mit en contact avec un français propriétaire de la dite maison. Donc, en partant à Marseille, j’avais déjà la clef d’une chambre. En effet, mon frère avait pris langue avec cet étudiant Sénégalais. Il prit l’engagement de verser la somme de 180 euros, premier loyer en avance de cette chambre que je devais occuper. Je partais confiant à Marseille. Mon frère avait promis de m’envoyer les fonds une fois sur place. A défaut, il s’arrangerait avec les autres frères à Marseille pour mettre cette somme à ma disposition. Le soir, j’informais le gentil étudiant français de la bonne nouvelle. Ce fût ma première nuit paisible à Montpellier.

Le code du Blablacar en poche, je prenais place dans la voiture d’une parfaite inconnue. Je devais lui remettre le code pour faire le voyage. Une femme me conduira jusqu’à Marseille. J’allais découvrir un autre univers. Le foyer africain où vivaient quelques membres de ma famille m’ouvrait ses portes. Je passai trois jours dans cette ambiance familiale. J’oubliai un peu le quotidien stressant à Montpellier. Je dus rentrer le lundi sur Montpellier pour payer la somme et prendre possession de la chambre dans cette résidence privée. Lundi matin, je reçus un appel de mon frère. Il m’informa que le CROUS lui avait envoyé un email pour me faire part d’une proposition de logement. Je devais prendre une décision dans les 48 heures en me rendant sur place. Tout s’emballe. Je pris le chemin retour le soir pour rallier Montpellier. Après une bonne nuit de sommeil chez le gentil étudiant français, je me rendis tôt le matin pour prendre toutes les informations concernant le logement étudiant. En effet, selon mon frère, ce logement ne devait pas dépenser 200 euros. C’était la condition avant tout engagement. Il partait du principe qu’il fallait aussi manger et payer le transport. Donc, il fallait bien étudier la proposition. Bingo ! La chambre coutait légèrement moins cher. Dès lors, il mit tous les documents nécessaires à ma disposition par mail. Un détail important. S’il ne me garantissait pas, ce logement me passerait sous le nez car pour bénéficier de la CLEF ( caution étudiante), il fallait justifier des revenus sur l’année écoulée. Pour ma part, je n’avais pas encore fait 1 mois sur le territoire français. Donc, sans soutien, l’étudiant étranger est sur d’inscrire son nom sur les annales de la galère. Le lendemain, je payai la caution. On me remit mes clefs. Ouf de soulagement ! Une journée mémorable. Je pris mes bagages de chez le gentil étudiant français pour habiter dans ma nouvelle résidence. Je le remerciai du fond du coeur. « La reconnaissance est la mémoire du coeur », dit-on. Dieu, qui le mit sur mon chemin, a bien vu son geste.

Quand je vivais chez lui, il me disait qu’il est athée. Un athée, un blanc et français…qui, de surcroit me forçait à manger. Cela me poussait à revoir mon regard sur la vie et sur les hommes qu’ils soient d’ici ou d’ailleurs. Ainsi, je dis intérieurement : «  Attention à la TV… Le FN n’est pas la France ». Cela me fit plonger dans un silence de cathédrale. Je rendis grâce à Dieu, le tout puissant, sous le toit d’un athée. Je pensai alors à cette phrase : « on ne doit rien à personne, on doit tout à tout le monde ». Mais, la gratitude c’est aussi à l’égard de quelqu’un qui a fait un bienfait pour nous même si ce n’est pas sur le même plan. Et, la reconnaissance fait partie de ma culture, de notre culture musulmane comme on peut le lire à travers ces propres mots du prophète Mohammad (psl) : « Qui ne sait pas remercier l’homme, il ne sait pas remercier son Seigneur ».

Rappeler cette situation, c’est insister certes sur le problème du logement mais aussi dire que quand on veut venir ici surtout pour étudier, il ne faut pas avoir de préjugés. J’avoue que c’est difficile vue l’histoire qui nous lie. Mais, même si on allait en chine, il ne faudrait pas avoir des préjugés en pensant par exemple que tous les chinois seraient de Bruce Lee ambulants en les regardant d’un oeil  méfiant. Cela dit, il faut se méfier des chinois et de leur Kung Fu, surtout les petits. Trêve de plaisanterie. Allez savoir pourquoi ? Dans la vie, il faut garder une certaine innocence afin de pouvoir apprendre humblement. Il ne faut pas négliger les dires des plus expérimentés. Pour preuve, le jour même où je suis arrivé, la personne qui m’a accueilli me confiait qu’elle avait été victime d’escroquerie de la part d’une africaine (en plus). Depuis lors, mes maigres sous étaient toujours dans mes chaussettes : Paris-La France ne rigole point.  Cela tombe bien, moi non plus. Si je perdais cet argent, à peu près le prix d’un billet aller-retour Paris-Dakar, mon frère m’aurait tout simplement renvoyé à la case de départ. Cela tomberait bien pour mon vieux oncle qui cherchait à la même période des bras valides pour cultiver les champs familiaux.

Ce qui ne rigole pas ici, c’est aussi le froid. Avant de débarquer, il faut se préparer d’un point de vue vestimentaire. Et, il ne s’agit pas de se payer des habits de luxe pour venir charmer Paris. Comme le disait Dadié, Paris a vu tellement de choses que rien ne l’impressionne. Il s’agit de trouver des habits de secours pour contrer l’hiver de Paris la France. Il faut acheter des habits épais (lourds) qui peuvent maintenir le corps chaud. Il faut le faire là-bas car ici les vitrines où sont exposés les habits et surtout  leurs prix, c’est un affront que vous ne pouvez laver nulle part. Comme disent les gens de Paris, il faut faire ses courses là-bas, au pays. Encore, faut-il trouver des habits d’hiver dans un pays où il fait pratiquement chaud 11 mois sur 12. Ce n’est pas une mince affaire.  Avant d’être ici, à  la télé, je me moquais bien des gens qui superposaient des habits en faisant des mariages extraordinaires entre les couleurs. A l’heure où j’écris ce texte, je porte quatre habits et je n’ai pas fini de m’habiller. Je porte aussi des chaussettes tout le temps. Dire que je me moquais de mes chères grands-mères avec leur chaussettes pour « contrer » le froid de Bakel. De plus, je regarde à chaque instant si j’ai très bien fermé les fenêtres qui sont d’ailleurs toujours fermées. Je ne sais pas d’où sort cette fraicheur. Je souris en me disant, affectueusement, bienvenue en France Mokhos. Et quand je pense que Montpellier est l’une des villes où il fait le plus chaud, j’en perds mon « Soninke », pour ne pas dire mon latin.

Et quand j’y pense, ce n’est quand écrivant ce texte que je comprends pourquoi je recevais une tape amicale de la part des étudiants au lieu d’être invité sous leur toit. Certains avaient des logements du CROUS. Soit ils hébergeaient déjà quelqu’un, soit ils avaient peur d’héberger quelqu’un au risque de perdre leur logement. Moi aussi, l’ancien sdf manqué, je fus confronté à la même situation. Quand j’ai trouvé un logement, mon ami burundais me demanda de l’aide pour venir passer la nuit. Au moment de signer mon contrat, j’avais pris l’engagement de le respecter à la lettre. Là, je suis devant une personne qui risquait de dormir à la belle étoile. C’est ainsi que je compris l’attitude de certains étudiants. Mais nos expériences font de nous ce que nous sommes. Au regard de ma vie, je ne pouvais faire autrement. Je pris le risque. Je ne m’en remettrais pas si je faisais le contraire. De plus, c’était vraiment occasionnel. Je me posais également la question suivante ? Et si c’était mon frère de lait ? C’était une évidence. Je le fis sans arrière pensée. Après, advienne que pourra. Dans tous les cas, je suis en phase avec ma conscience. Je le ferais autant de fois que besoin urgent en est. Ceci comme tout le reste, je ne l’aurais pas mentionné mais je m’étais promis de tout dire. Et, si cela peut servir de leçons, tant mieux. Pour mon compte, j’ai appris. Je me servirai de cette leçon pour guider mes actions. Quant à la peur d’aider quelqu’un au risque de perdre quelque chose, cela dépend toujours de l’homme en situation. Personnellement ce que je sais c’est que mon ami burundais, comme mon ami blanc, comme mon mon frère de Paris, nous avons tous un seul garant. Et qui peut perdre quelque chose en ayant Allah comme garant ? Mon ami français qui ne croit pas à mon Dieu me dira certainement que je suis fou.

Ce texte se veut le plus informatif possible. Il ne peut pas être exhaustif pour la simple raison qu’on ne peut se souvenir à un détail près de tout ce que l’on a vécu. Ah oui, des moments agréables, j’en ai connu… A Paris, mon frère me fit découvrir les belles routes de cette capitale au bord de sa voiture. Ma mère l’aurait certainement pris pour le « Boss de Paname ». Mais, comme il le dit lui-même, en france, la voiture n’est pas un luxe mais une nécessité surtout si on a des enfants. Bref, pour moi, c’est un luxe. Pour une fois, je prenais la voiture sans payer un rond. Un pied de nez aux cars rapides et autres N’diaga N’diaye qui me prirent toutes mes économies. J’ai bien apprécié également le tour d’Espagne. Pour payer moins cher, mon frère s’est résolu à me faire faire Dakar-Madrid via Tenerife puis prendre un billet lost cost Madrid-Paris. Lors de ce voyage, je passai une nuit dans un super hôtel où j’avais à ma disposition 3 lits. Quel gâchis ! On dit souvent que l’Amérique est le pays de la démesure. Que dire de l’Europe ? Une telle chambre pour une seule personne…. Finalement, CORSAIR et AIRFRANCE m’ont bien arrangés. Je passais la nuit à l’hôtel non loin de l’Aéroport de Barajas ( Madrid). Le lendemain, tôt le matin, je pris l’avion pour Paris la france. Un cousin, un autre étudiant sénégalais devenu « parisien », vint me récupérer à l’aéroport de Roissy. Je goutais aux affres/délices d’un RER, d’un métro…Un monde fou sur chaque m2. Après un long trajet qui dura une heure, je m’affalai sur un lit douillet dans un appartement bien chauffé. Paris fût pour moi des moments de retrouvailles très agréables. Je rencontrai oncles, tantes, cousins, amis, connaissances. Quelques uns me filèrent un petit billet en guise de « bienvenue ». « Casse-croute », disaient-ils ! Une belle découverte pour ce nègre que je suis. Une petite « Afrique » dans Paris la france.

J’emploie le mot nègre au sens d’un africain conscient de son « africanité » en le vivant chaque jour dans sa tête, dans ses actes et surtout dans ses pensées. Et, à ce propos, un africain qui se respecte ne va pas quelque part sans son grand boubou (le mien n’est pas si grand que ça). Je me porte toujours car il ne me quitte jamais. Il est dans ma tête.

Au-delà de tout cela, le plus important reste le voyage. Toute personne qui peut s’en donner les moyens devrait le faire pour mille raisons qu’on ne découvre qu’en voyageant. Autre chose, ce texte ne prétend en rien raconter l’histoire d’un quelconque étudiant. Selon nos garants, nos villes d’accueil, nos motifs de voyage, notre préparation, les amis qu’on se fait, bref selon notre personnalité propre, nos histoires différent. J’espère que d’autres auront l’occasion de se raconter comme j’en ai eu l’occasion sur invitation d’un proche parent. «  Le site que je pilote procède à une nouvelle mise à jour pour changer de version. Plusieurs nouvelles rubriques ont été crées. Il y a désormais un coin étudiants. Tiens, j’aimerai que tu racontes ton expérience à tes frères qui aspirent à venir étudier comme toi en France. J’aimerai que tu éclaires leurs chemins en racontant ton expérience. Ce sera naturel car tu viens de le vivre. Tu ne pourras pas user de subtilités car « Nandité Dakar » n’est pas « Nandité France »… »

 Vu que certains sont restés plus longtemps que nous ici. Ce texte n’a aucune prétention si ce n’est de préparer mes futurs compagnons de galère. Et, si j’ai accepté de l’écrire, c’est pour répondre à la demande de quelqu’un à qui je ne peux rien refuser. Mais, nous espérons que par la même occasion apprendre tant soit peu sur la vie, en général et sur celle de Paris-la France, en particulier.

Et la seule chose que nous pouvons ajouter c’est qu’il faut s’organiser davantage pour éviter certaines situations. Par exemple à Montpellier, il y a effectivement, beaucoup de sénégalais qui pouvaient nous aider le temps que nous trouvons un logement CROUS ou une colocation durable. Mais vu que les gens ne sont pas très bien organisés, c’est difficile de les trouver. «  Combien de fois, m’a t-on dit, Montpellier est noir de Sénégalais. Cela fait un mois que je suis là, j’en ai pas encore croisé plus de 10 ». Mais nous ne blâmons pas. Si on pouvait voir une structure bien organise, ce serait bien. Si c’est national, tant mieux, sinon on peut le faire à notre niveau. Sur facebook, on a quelques groupes d’étudiants, en majorité établis à Paris. Il faut des hommes de terrains. Le virtuel est très intéressant de nos jours. Ce n’est pas à négliger. Mais, il faut plus pour que l’étudiant étranger ne soit pas désorienté dès ses premières heures.

Il faut une communauté d’accueil des étudiants Sénégalais dans certaines villes. Je ne dis pas qu’il y en a pas. Pour ma part, j’en ai cherché en vain. De plus, chaque jour, je vois des étudiants « bleus » dans l’âme taper à tous les murs de tous les groupes sénégalais de Facebook pour trouver un pied à terre dans une ville quelconque.

Pour finir, nous disons affectueusement à ceux qui veulent venir. Peu importe leur préparation, ils n’échapperont pas au froid de Paris-La France. D’ailleurs, que serait Paris-La France sans son froid ? Mais n’empêche qu’il faut toujours garder son sang-froid… Alors une fois à Paris , comme le disait mon garant, tu dis « Bonjour avec un large sourire quand il le faut. Merci au plus petit service et Au revoir… Puis, tu la fermes (ta bouche évidemment) et tu apprends…Paris n’a rien à foutre de la familiarité à l’africaine ». C’est ce que je compte appliquer, « françaisement parlant »… Affectueusement !

Moctar KOITA, Etudiant en Master de Philosophie, Montpellier ( France ) pour www.bakelinfo.com