Lakhamané : un festival de toute beauté

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Lakhamané est une localité d'environ 5000 âmes, située à 75 kilomètres de Diéma dans la Région de Kayes.

La prospérité de ce village lacustre a attisé de nombreuses convoitises autrefois. Lakhamané signifierait en Soninké "chez Lakhami", ou la maison de Lakhami à qui le village appartiendrait depuis les conquêtes de El Hadj Omar Tall. Ce dernier aurait cédé le village aux Khassonkés contre 40 esclaves et quelques cadeaux supplémentaires.

Aujourd'hui, Soninkés, Peulhs, Maures et Bambaras cohabitent en parfaite harmonie sur le territoire avec les Khassonkés. Il s'agit de la cinquième grande famille du Khasso. Cette ethnie se rencontre dans 22 des 26 villages que compte la commune dont Lakhamané est le chef-lieu. Lorsqu'est évoquée l'histoire du Khasso, on cite généralement les quatre grandes familles les plus connues que sont Almamya, Guimbaya, Safréa et Hawa Dembaya. Les griots oublient d'ajouter Sanga-Khasso qui se trouve à Lakhamané, explique Mamadou Diaouné, administrateur et membre de l'Association des ressortissants de Lakhamané à Bamako.
Le village est sorti de sa monotonie il y a une dizaine de jours à la faveur de la deuxième édition du festival initié par l'association des ressortissants de la localité. La cérémonie d'ouverture de cet événement a enregistré la participation d'une forte délégation officielle conduite par le ministre de l'Artisanat et du Tourisme, N'Diaye Ba et son homologue du Développement social, de la Solidarité et des Personnes âgées, Djibril Tangara. La présence de ces personnalités a comblé de bonheur les habitants du village. "Jamais deux ministres ne s'étaient retrouvés en même temps à Lakhamané", confie un jeune spectateur. 

 La cérémonie d'ouverture a été riche en couleurs. Danses de cavaliers, acrobaties du "Tiébléntié", jeunes filles soninkés et khassonkés, femmes maures vêtues de leurs traditionnelles tenues bleues: le spectacle était de toute beauté. Des causeries-débats sur le foncier, la cohabitation entre éleveurs et agriculteurs, la scolarisation des filles étaient au programme du festival.

a jeunesse de Lakhamané a saisi l'opportunité pour rappeler aux autorités leurs préoccupations. Celles-ci sont nombreuses : la construction de salles de classe pour le second cycle de l'enseignement fondamental, le surcreusement du lac Koumbou, la construction d'un centre de santé et d'une maison des jeunes et surtout la couverture télé. En effet, Lakhamané est une des rares localités de la zone à ne pas recevoir le signal de la télévision nationale.

Y. DOUMBIA, L'ESSOR