Lacine Diawara, journaliste chroniqueur à Montréal

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Lacine Diawara
"La langue est le moteur de la culture et la culture est le véhicule du développement"

Lacine Diawara, est un journaliste au parcours atypique. Dans le portrait qui suit, il nous décrit son cheminement et son entrée dans la profession. De Bamako à Montréal, de la radio à la presse écrite, il a suivi plusieurs expériences qu'il évoque ici.

Tout comme notre confrère Ousmane Sow, chroniqueur aux Echos, Lacine Diawara est un journaliste malien vivant au Canada depuis maintenant une vingtaine d'années.

Originaire de Troucoumbé, cercle de Nioro du Sahel, dans la 1ere région économique du Mali, Lacine est issu d'un brassage de culture malienne et guinéenne. Si on père est malien, sa mère est d'origine guinéenne précisément de la ville de Siguiri en Haute Guinée. Sa naissance à Bamako, a fait de lui un soninké qui ne parle pas sa langue première d'où l'appellation " Maraka Djalan ".

Il débute ses études fondamentales au groupe scolaire de Darsalam. Après y avoir passé le DEF (Diplôme d'Études Fondamentales) en 1977, il fait le lycée Askia Mohamed. Il était en 11eme année SB (Sciences Biologiques) quand le gouvernement décide de fermer toutes les écoles suite à une grève générale estudiantine marquée par la mort atroce de Abdoul Karim Camara dit Cabral le 17 mars 1980. Pendant cette longue interruption dans ses études, Lacine se débrouille à trouver un travail d'agent d'exploitation à la Caisse Nationale d'Épargne de la direction générale de l'Office des Postes et Télécommunications située à côté de son lycée. Il exercera pendant sept ans. Quelques années plus tard, il quitte le Mali et se rend à Montréal au Canada. Toujours nostalgique des études, il est admis à la Faculté des Lettres, Langues et Communications de l'Université du Québec à Montréal (UQAM). Il y obtient un baccalauréat en Animation et Recherche Culturelles après une formation en Animation Radio et TV au Collège de Rosemont de la même ville. C'est ainsi que le hasard le conduit au journalisme. Ce fut d'abord, l'émission radio intitulé " Reflets de vers libres en poésie et en chanson d'ici et d'ailleurs " de l'animateur Kesler Brézault sur les ondes de Radio Centre-ville de Montréal  à laquelle il a participé. " Je répondais à ces questions sur mon manuscrit de recueil de poèmes intitulé " Jeunesse inquiète " et préfacé par feu docteur Mamadou El Béchir Gologo ".

Après une heure d'entrevue en direct, Kesler lui propose d'être son co- animateur en lui exprimant sa grande satisfaction de ses réponses à ses questions. N'ayant aucune formation en la matière, il décline l'offre.

L'animateur argumente qu'il peut combiner la formation théorique et pratique en prenant des cours le jour et l'animation la nuit. Il passe un mois sans l'appeler ni venir à l'émission, juste pour voir s'il pouvait tenir. Au début, ça ne l'enchantait pas, attiré plus par les gains de son travail d'ouvrier dans une manufacture. Un beau jour, Kesler le rappelle en insistant qu'il croit que le jeune débutant a des qualités pour réussir dans ce domaine plus promoteur pour un poète que le milieu des usines. C'est ainsi qu'il décide de suivre ses conseils. " Nous avons animé ensemble pendant plusieurs années " dira t-il et réalisé plusieurs entrevues auprès des personnalités littéraires et artistiques du Canada et d'Afrique. J'eus le goût de prendre des cours universitaires pour approfondir mes connaissances.

Tout comme son confrère animateur, Kesler Brézault, ses professeurs d'université, Enrico Carontini en journalisme, et Jocelyne Lamoureux en Sociologie de l'Animation Culturelle, l'ont tous encouragé à persévérer. En continuant toujours son émission nocturne, il travaillait pendant la journée au bureau à Vue d'Afrique, comme personne-ressource du CECI (Centre Canadien d'Étude et de Coopération Internationale), Contrôleur de qualité à Astral tech Communications, ensuite interprète à l'immigration au Canada. Il faisait en même temps, l'animateur et le modérateur d'évènements culturels et littéraires et d'autres emplois périodiques et quelques fois des consultations en animation et communication.

En assumant ses responsabilités de Président élu de l'Union des Auteurs d'ouvres et Artistes Africains au Canada(UAC) dont l'un des objectifs est de servir de pont culturel et littéraire entre le Canada et l'Afrique, il a contribué à la réalisation de certains évènements. Il s'agit, entre autres, du colloque littéraire, qui a donné l'occasion au grand public canadien d'échanger avec des écrivains, auteurs de classiques, tels que Seydou Badian Kouyaté du Mali (ancien ministre) et Bernard B. Dadié de la Côte d'Ivoire (ancien ministre),  de Lise Bissonnette, Jean Louis Roy et Michel Noel, écrivains canadiens de renommée internationale. Le colloque a été location pour le griot Abdoulaye Diabaté, et son orchestre au complet jumelé à Patrick Gravel, un jeune Québécois, d'émerveiller le public de Montréal, Kaniba Oulé Kouyaté aussi était de la fête avec Muna Minolé et Cheb Dinog. Suite à ses activités réussies et à ses œuvres libérales, le parti libéral du Canada l'a demandé de militer en son sein. Après 3 années de militantisme politique, il a été aux élections générales de 2006 dans la circonscription de Longueuil Pierre Boucher, comme candidat de ce parti pour le poste de député à l'Assemblée nationale du Canada. Malheureusement, ça n'a pas marché, mais quand même, ça été une expérience politiquement parlant pour l'homme.

Ainsi, la présence aujourd'hui de Lacine Diawara au Mali est placée dans le cadre d'une association socioculturelle, apolitique et sans but lucratif dénommée Regroupement International pour la Solidarité, la Démocratie et le Développement en Afrique (RISDA-MALI) dont il est le président. Elle a été créée à Montréal en juin 2006 et officiellement enregistrée sous le récépissé numéro 343 G-DB du 06 mai 2009 au Mali.  Elle a pour devise : " Promouvoir la Solidarité comme Devoir par la Démocratie comme Droit et le Développement comme Moyen ". Par ce canal, il envisage des projets au profit de la jeunesse malienne. C'est dans ce contexte de solidarité agissante qu'il a remis, au nom du Risda-Mali, à la Fondation pour l'Enfance du Mali, lors d'une cérémonie officielle en mars dernier, un don de 25.460 livres (d'une valeur de 218 millions Fcfa) pour les élèves et étudiants du Mali. Des livres gratuitement obtenus du partenariat privilégié entre le Risda-Mali et la Fondation des parlementaires québécois, Culture à partager.

L'homme est marié et père de 5 enfants qui vivent tous au Canada.

Par ailleurs, parlant de medias, M. Diawara a laissé entendre que la presse écrite malienne dans son ensemble connait une certaine ascension même si ce n'est pas une ascension certaine comparativement à celles de nos voisins comme le Sénégal. Dans le but d'apporter sa petite contribution à cette ascension,  il complété une équipe qui a mis sur le marché, le 4 mai dernier, un nouvel organe hebdomadaire d'informations et d'analyses nommé : " Option ", sous la direction expérimentée de Ousmane Sow également rentré du Canada.

Quant à la presse parlée, notamment, la radio, son évolution est largement positive grâce à l'élargissement des temps d'antennes accordé à nos langues nationales. C'est une initiative qu'il félicite et encourage, car " la langue est le moteur de la culture et la culture est le véhicule du développement " a t- il dit.  Lacine Diawara se souvient de l'entrevue en 1992 d'une heure que l'homme qui a toujours été son idole, Ismaël Maiga, l'actuel chargé de communication de l'Unicef, à l'époque à journaliste à l'ORTM lui a accordé en direct du studio sur le journalisme, lors de son séjour à Montréal.

Depuis, cette interview demeure sa plus grande satisfaction. Cependant, un jour, dans la salle de spectacle du Kola Note à Montréal, Sékouba Bambino qui donnait un concert lui a accordé une excellente interview à cœur ouvert qu'il devait passer, sans montage à son émission à Radio centre-ville de Montréal.

Arrivée vers l'aube à la maison, il a oublié la cassette et l'enregistreuse dans la boite à gang de l'auto. Le lendemain, il a constaté que des voleurs qui n'ont pu prendre sa voiture protégée par l'anti-démarreur, sont parvenus à briser la portière et à vider complètement la boite à gang. Malheureusement pour lui, la cassette il ne l'a plus jamais retrouvée. Elle parlait de cette importante entrevue sincèrement accordée, quand l'artiste a su les liens d'amitié entre son père El hadj Baba et l'oncle maternel El hadj Amadou Koné du journaliste.

L'homme meuble ses temps libres à écouter ici comme à Montréal, les bonnes variétés musicales du Mali et quelques chansons d'amour. Lacine aime bien savourer le fonio et le tô de maïs (pâte de maïs) assaisonnés de poissons en attendant de retourner au Canada le mois prochain.

Enrtre temps, il  prépare petit à petit son grand retour, comme le dit-il  "c'est plus difficile intégrer un pays et d'en sortir " .

Fatoumata Mah Thiam KONE

Source : maliweb.net