La Libye expulse plus de 400 maliens de son territoire

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La Libye expulse plus de 400 maliens de son territoireAffirmant avoir été maltraités, brimés et privés de leurs droits les plus élémentaires en Libye, les migrants maliens expulsés par Tripoli dénoncent et accusent, à l’image de Mohamed Diané qui a déclaré à l’AFP : "Les Libyens sont très racistes. Moi, j'ai tout perdu dans ce pays, mon argent, mes habits. Je ne conseille à personne d'aller dans ce pays."

Entre mercredi et jeudi, pas moins de 420 ressortissants maliens sont arrivés à Bamako en provenance de Libye, dont les autorités ont mis à exécution les opérations d’expulsion des migrants africains, qui s’y étaient rendus dans l’espoir de réussir dans le pays militant pourtant activement pour les "États-Unis d'Afrique" Parmi eux, certains travaillaient illégalement en Libye.

S’exprimant à leur arrivée à Bamako, nombre d’entre eux n’ont pas caché leur amertume et leur colère. Ils ont indiqué avoir été victimes de mauvais traitements. Mohamed Diané, qui a été arrêté au sud de la Libye, ne décolère pas en déclarant : "On parle d'unité africaine, de la Libye qui aime les Africains. C'est faux, c'est archi-faux." Il poursuivra ses accusations en expliquant : "Les Libyens sont très racistes. Moi, j'ai tout perdu dans ce pays, mon argent, mes habits. Je ne conseille à personne d'aller dans ce pays."

Plus grave, Oumar, âgé de 15 ans seulement, affirme avoir été, avec "d'autres Africains", victime de "tortures" en prison. L’adolescent raconte : "J'ai fait onze mois en prison. On m'a arrêté en plein Tripoli alors que j'avais mon passeport avec un visa", et que "chaque matin, notre premier repas, c'étaient les coups de bâton. On nous frappait systématiquement". Amadou, qui a été arrêté alors qu'il tentait d'aller en Italie via la Libye, important point de transit vers le sud de l'Europe, a précisé : "Je voulais partir en Europe. Mais ce n'est pas une raison pour me traiter comme ça." Avant de souligner : "Je suis resté comme un voleur en prison pendant six mois. On me donnait un peu de pain et de la sardine à manger. Rien d'autre. Il y a aujourd'hui des centaines, mêmes des milliers d'Africains en prison en Libye."

Omar, un autre expulsé qui ne tentera plus de passer par la Libye pour gagner l'Europe, a été catégorique : "Il vaut mieux tenter sa chance de partir autrement et ailleurs. Par la Libye, ce n'est pas la peine. C'est dur, trop dur ! Et si l’on t'attrape, tu es foutu !" Le premier convoi de Maliens expulsés est arrivé dans la nuit de mercredi à jeudi par vol spécial et 140 autres sont arrivés jeudi à la mi-journée. Selon une source proche du ministère malien de l'Intégration africaine, "au total, ce sont 420 ressortissants maliens qui sont concernés par cette mesure d'expulsion. Nous attendons les autres".

Le président de l'Association malienne de défense des droits de l'homme (AMDH), Ibrahima Koné a réclamé l'ouverture d'une enquête. Il a affirmé : "Je trouve aussi inquiétant le silence du gouvernement malien sur la question. Il faut qu'il s'exprime. Il y a eu des témoignages des expulsés. Certains ont tout perdu. D'autres ont été très maltraités." Pourtant, officiellement, la Libye tient un discours très pan-africaniste en faveur de la constitution des "États-Unis d'Afrique" et de la mise en place rapide d'un "gouvernement africain".


Il n’en demeure pas moins qu’en février dernier, Tripoli a encore durci sa politique contre les immigrés clandestins, notamment envers les Africains venus du sud du Sahara.