La communauté Bella médite sur l’inopportunité d’organiser une fastidieuse fête

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La communauté Bella médite sur l’inopportunité d’organiser une fastidieuse fête pour le cinquantenaire du Mali indépendant

Tout, même la vie s’arrête dans notre pays ; attendant de continuer après la fastidieuse fête en prévision du cinquantenaire de l’accession du Mali à la souveraineté. Peu importe son degré d’endettement, le retard dans l’émancipation de certaines de ses communautés moyenâgeuses en parlant surtout du Bella. La démocratie chez nous est synonyme de superposition des structures pour certainement accomplir les promesses électorales.

A mon humble avis ; il est tant que le cadre africain cesse d’être un ‘’âne transportant des bouquins’’ d’après l’autre. Sortie des mêmes écoles que le cadre blanc qui ne cesse de réaliser chaque jour des progrès technologiques alors que l’africain, le malien surtout se plaît dans l’organisation des fêtes. Même pour les forums ; les colloques ; les séminaires… organisés ici ou ailleurs ; ce sont leurs retombées festives et pécuniaires qu’exploite le malien. : les perdiems, les tees shorts, les casques… ; quant aux ; résolutions bonjours les fonds des tiroirs.

Entre temps ; les valeurs légendaires desquelles on se réclame ne sont chantées que par nos artistes. Les oreilles sont chatouillées mais la drogue mélodieuse nous fait oublier qu’en Afrique particulièrement au Mali les communautés se valent. S’agissant du Bella ; je le répète pour la N ème fois, que la légende nous apprend qu’il serait venu en même temps que le Soninké qui serait son frère de l’Egypte vers le IIIe siècle AV. J.C. « C’est le fait que le Bella et le Soninké se sont établis dans des lieux différents, qu’ils ont cessé d’être les mêmes, sinon ils sont de même père et de même mère et ceci depuis le premier temps du Wagadou jusqu’à la dispersion des habitants de ce pays. (C’était Mr. Boubou Hama du Niger qui a rapporté la cette datation lors du troisième colloque de l’ASCOA 1977 pour dire que les Berbères, les Gobirs et les Songhaï proviennent de la Libye sous la direction des Berbères. A cette époque les Berbères étaient sous le joug du roi du Ghana. Les Songhaïs, antérieurs aux Zarmas formaient une minorité entreprenante qui s’alliaient tantôt avec les Berbères, tantôt avec les Touareg, toujours avec le plus fort… à lire dans les Actes du troisième colloque de l’ASCOA 1977 Niamey - Niger ; P 135 ; 136)

ORIGINE DE L’ORGANISATION PROGRESSIVE DES COMMUNAUTES NOIRES :

C’était la pression des nomades sahariens qui a poussé toutes les communautés noires « y compris le Bella » à mieux s’organiser pour faire front. La société Soninké s’est structurée progressivement et a trouvé son expression politique dans la formation d’un Etat relativement puissant vers le 8e siècle de notre ère.

Dans le même temps’ c’est à dire, au cours du 8e s de notre ère, les Issaboro ou Songhaï entamèrent eux aussi, le long de la boucle du Niger leur processus d’unification. Les Za (ou Dia Aliamen) réalisaient en effet autour de Gao, l’intégration des groupes rivaux que constituaient les Gabibi et les Sorko…

Parallèlement à la structuration des noirs vers la création des Etats forts, le Touareg a continué à s’imposer par son organisation et sa position géographique (bordure du Sahara.) Il a crée une unité de vie économique et politique basée surtout sur les produits de razzia, et le développement des contacts informationnels quotidiens des groupes ethniques hétérogènes.

La plupart des études menées dans ce sens reconnaissent que le Soninké et le Songhaï sont un et un même individu et parlent du Bella qui est sans conteste un frère au Soninké à chaque fois qu’il est question du Songhaï. Les mêmes sources d’information rapportent aussi que l’absence de la lettre « F » introduite dans la langue après l’arabisation du Songhaï ; Songhaï avec lequel le Bella cohabite et échange est à la base de la déformation de Fellah à Bella ; puisque généralement c’est l’autre qui déforme.

ASTUCE DE L’ENVAHISSEUR POUR LA SOUMISSION PSYCHOLOGIQUE DU BELLA :

Cette nouvelle appellation (bella) est restée dans la langue Songhaï même après son arabisation. Quant au Bella l’hébergement de son étranger puissant d’hier lui a valu l’affectation d’une nouvelle appellation : Akli (captif) commune cette fois ci à lui et aux sujets captivés en vue d’une démarcation grandissante. Il l’a accepté ; cela se comprenait aisément car, connaissant le pouvoir de nuisance du Targui au cas où il manifesterait un désaccord à ce nouveau nom.

Le traitement souvent inhumain réservé à l’homme noir en captivité, « constitue un signe d’avertissement pour les Bella. » Le Targui dans ses moments de douceur, sait bien enduire ce nouveau nom (Akli) pour le faire admettre d’avantage au Bella. Il fait voir au Bella, que son alignement au monde blanc le met au-dessus du Songhaï qui n’est autre que son frère… ce maquillage persuasif est le propre du Blanc. A voir tous les noirs asservis par les Maures ou Arabes qui acceptent se dire blanc (Bedane en maure) parce que l’Arabe et le Maure ont fait croire à ces noirs que le teint de la peau est synonyme de la langue parlée

Bref, à l’époque, la résistance des noirs à l’assimilation n’a pas laissé les étrangers (Berbères ; Touareg) indifférents. Tout ce qui est du noir résistant à l’assimilation ou tout ce qui porte son nom est tout de suite banalisé par le Touareg ou Berbère... Il va jusqu’à considérer ce noir et tout ce qui porte son nom comme une insulte. Exemple : pour saboter un individu qui n’agit pas à la convenance de son interlocuteur il est tout de suite traité de Songhaï : « fou-le camp ! toi le Songhaï là… ». Le Targui dans ses anecdotes assimile le Songhaï à son mouton à laine… expressions qui reviennent à présent dans le langage courant. Elles sont même en passe d’intégrer le langage du cousinage.

Dans le temps, ceci faisait partie du trafic d’influence ou de la politique de dénigrement de l’autre en mettant tous les atouts de son côté pour pouvoir implanter son influence dans les mémoires ; dans le temps et dans l’espace.

Le Bella, certainement pris de court par tout ça, n’a pas été radical au cours de sa résistance à l’annexion oubliant les difficultés qu’il aura plus tard à se démarquer de l’homme captif. Homme avec lequel d’ailleurs il a fini par être bien confondu à tout point de vu. Le Sonrai a plus ou moins mieux résisté. Car, bien qu’il ait perdu plusieurs de ses fils pris en captivité par les Touareg (pour venir grossir le groupe Bella), il a au moins gardé sa langue que des groupes Touareg parlent exclusivement comme langue de naissance (maternelle) car il n’en existe pas d’autre dans ces communautés ; il s’agit entre autres des groupes comme Chirffiga ; Kel Aouza… dans la Région de Tombouctou.

L’aspect positif mais obscurci par la trahison des hommes est que le Bella est devenu un creuset. Il n’est autre que le Soninké non commerçant, le Sonrai non-pêcheur, le Peuhl sans bovins mais avec caprins et le Dogon sans masque et par terre. En plus il n’est pas de ceux là qui ont mordu à l’appât du gain facile, dans ce monde qui stimule moins et exige plus.

LE TERNISSEMENT DE L’IMAGE :

La vie du Bella est fondée sur le travail et le plus souvent musculaire à défaut de l’élevage rendit impossible par un climat hostile en permanence. D’ailleurs son assimilation à l’esclave touareg, provient du fait qu’il est toujours près à monnayer sa force contre un gain bien acquis… Les produits razziés par les Touareg ont toujours besoin d’être conditionnés. A l’absence du captif, le Bella n’hésite pas à se taper des revenus généralement en nature. Ceci étant un marché permanent dans le milieu, le Bella est souvent prêt au bénévolat pour conquérir des bonnes grâces et les marchés à chaque occasion. Pour son cousin le Songhaï qui observe de loin, ses activités et prédispositions, sans avoir besoin de comprendre, le perçoit comme réduit à l’esclavage…

INCIDENCES DE LA COLONISATION FRANCAISE :

Les premiers historiens avaient pris la perception négative que le sonrai et les autres sensibilités s’étaient fait du Bella pour écrire que le Bella est esclave des Touareg.

La preuve est qu’à l’arrivée du colonisateur, qui est aussi libérateur des opprimés locaux ; ceux qui étaient dans ses grâces par exemple le Songhaï qu’il a mis à l’abri des exactions Touareg ne lui avait pas fait la part des choses entre le Bella noble de surcroît son cousin et les captifs razziés dans pratiquement toutes les sensibilités noires au Sud du Sahara.

Néanmoins ; le colonisateur a fait quelque peu preuve de regain d’intérêt au groupe ethnique Bella n’eut été le nom qui continu de garder son contenu chargé négativement.

Exemple : dans le Rapport accompagné par la lettre N° 31/C du 26 mai 1949 de l’Administrateur du Cercle de Tombouctou à Monsieur le Gouverneur du Soudan à Koulouba ; au point III. LES BELLAH : « Mais dit l’Administrateur, la véritable question pour nous ici, n’est pas tellement celle des Touareg blancs, mais bien plutôt celle des bellah, ces touareg noirs qui forment plus des ¾ de la population totale du Gourma, et qui par leur métissage et leur vie dure sont arrivés à constituer une race sélectionnée, très solide et prolifique.

Ainsi, j’estime essentiel pour notre Administration de prendre directement en main la question des bellah et celle de leur évolution au sein des tribus, car ils constituent vraiment une trop belle proie pour certains partis politiques, qui ne manqueraient pas un jour d’exploiter à leur seul profit les revendications souvent légitimes de ces serviteurs… »

Plus loin ; « A mon avis, c’est dans toute cette région, la question la plus importante aujourd’hui. Il faut que les bella aient totalement confiance en nous, et n’aillent pas chercher ailleurs ce que par la suite nous serions obligés de leur donner. Etant donné leur nombre, ils compteront rapidement de plus en plus dans la vie politique et économique locale. »

Malgré qu’avant ; dans la Notice sur les tribus Touareg ; le commentaire de l’Interprète Mohamed Ben SAID 1896 (I-D - 8) Archives Nationales : laisse entre voire une position claire ; le Bella est la chose attitrée du Touareg. Pourtant, Mohamed Ben SAID, rapporte aussi, « qu’en 1896 et avant les Touareg ont autorité sur tous les villages noirs situés sur les deux rives du Niger. Leurs principaux points de franchissement (traversée) sont Salata à l’Est de Gogo (Gao) et Toussa (Taoussa) à l’Ouest de Brom (Bourèm.) »

Un récit plus ancien, rapporté par l’explorateur René Caillé dans son livre ‘’voyage à Tombouctou’’ (Tome II Pages 199 - 200) en dit plus :« les Touareg ; par la terreur de leurs armes ils ont rendu tributaires tous les Nègres leurs voisins ; ils exercent envers eux le plus affreux brigandage. Les peuplades qui y sont exposées ont tellement peur d’eux qu’il suffit de trois ou quatre Touarik pour donner l’épouvante à cinq ou six villages. »

D’après ce même auteur, « ils ne viennent à Tombouctou que pour arracher aux habitants ce qu’ils appellent des présents, et que l’on pourrait appeler plus justement des contributions forcées. Ils viennent toujours à cheval et se font donner du fourrage. Quand le chef de cette peuplade arrive avec sa suite à Tombouctou, c’est une calamité générale, et cependant chacun le comble de soins et des présents pour lui et les siens, ils demeurent quelque fois deux mois toujours nourris aux frais des habitants et du Roi, qui y joint des présents d’une plus grande valeur ; ils ne retournent chez eux que chargés de mil , de riz, de miel et de quelques effets confectionnés…. »

Bref, les exemples sont nombreux ; pour dire que l’ascendant touareg est équitablement partagé par toutes les communautés environnantes ; mais dans l’imagerie populaire, le Bella prend la part chargée négativement.

Si bien que, contrairement à ce qui se dit ; dans aucune des nos langues, Bella ne signifie esclave ; en Issaboro ou Songhaï : esclave veut dire bagna ou tam ; en Bella ou Touareg : esclave veut dire akli ; en Maure ou Arabe : esclave veut dire alghabde ; en Bambara esclave veut dire djon ; en Peuhl : esclave veut dire mathido ou dimadjo…

Dans une certaine mesure, le mal pareil est largement partagé car l’inégalité des rapports de force entre étrangers et autochtones a laissé ses traces au sud du Mali aussi. Particulièrement dans le Mandé ; au sein du même village on trouve deux chefs : le dougoutigui généralement autochtone et le diamanatigui étranger ou représentant d’étranger puissant. A l’époque, les pouvoirs du second étaient beaucoup plus étendues mais de nos jours le statut diamanatigui n’est que titre honorifique...

CRI DE CŒUR : ETABLISSEMENT DE LA JUSTICE SANS COMPLAISANCE ;

en la matière ; le Médiateur de la République ; la Commission Malienne des Droits de l’Homme ne peuvent pas être plus efficaces que l’Association Malienne des Droits de l’Homme ou les différents tribunaux à travers le pays. Trop c’est trop ; assez de superposition des structures qui ne sont que budgétivores. Le droit fondamental ne se mendie pas ; soi la loi l’octroi par son application tranchante et c’est la formule idéale ou que les Acteurs l’arrachent ; synonyme du désordre. C’est le cas du nom Bella ; il est temps de lui restituer sa quintessence ; la dignité et la bonne image sont précieuses pour lui aussi. Un devoir qui interpelle les pouvoirs publics pour pacifier la question avant que les acteurs ne craquent et tentent de se rendre justice.

Ne perdons pas de vue qu’en 1949, le Bella représentait les ¾ de la population du gourma ; c’est une statistique fiable. L’Administrateur colonial avait insisté sur le fait que le Bella est un peuple bien portant, travailleur et prolifique.

Que représente cette population aujourd’hui à travers le Mali indépendant ? Dans quelques mois, précisément le 22 septembre 2010, le Mali se prépare à fêter avec faste le cinquantenaire de son indépendant ; une commission travaille d’arrache pied à cela. A cette commémoration, que compte présenter le Mali à la communauté Bella dont le nom continu de se vider de sa quintessence par le manque d’intérêt et d’encadrement des Autorités ? Pour un Mali qui consomme plus qu’il ne crée, cette faramineuse dépense vaut - elle la peine aux yeux des maliens réalistes ? Ces sous ne pourront-ils pas aider à la réhabilitation de l’image ternie de cette communauté ? Aux maliens de répondre.

AG Intazoumé Mossa : 66 76 85 23 ;

Auteur du livre non encore publié :

UN AUTRE GROUPE ETHNIQUE AUTOCHTONE MAIS DANS L’ANONYMAT OU PEUPLE DEBOUSSOLE (S O S BELLA )

(Car oublié ; ce pendant témoin et gardien de la cellule de base tant au plan évènementiel qu’au plan appartenance sociale.)


Source : temoust.org