Hamady Hounaré : Le projet de communalisation divise les populations

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Le projet de communalisation du village de Hamady Hounaré situé à un peu plus de cinquante kilomètres de Matam, divise les populations. Si certains acteurs pensent que c'est encore tôt de le faire à cause du manque d'infrastructures, d'autres y voient la main de l'opposition, dont les conseillers refusent le développement du village. Hamady Hounaré vit ainsi un duel à distance qui oppose des élus dont chacun se dit défenseur des intérêts du village.

(Correspondance) - Depuis l'annonce du projet de communalisation du village, proposé par le gouvernement de Abdoulaye Wade concernant le village de Hamady Hounaré, situé à un peu plus de cinquante kilomètres de la commune de Matam, les populations de ladite localité sont à couteaux tirés. Les principales raisons qui fondent cette mésentente résulteraient du fait que certaines autochtones approuvent l'idée de l'Etat alors que d'autres sont d'avis contraire.

Si les populations, qui sont pour la plupart analphabètes, ne comprennent pas le pourquoi d’un tel projet, les élus locaux quant à eux sont loin de servir le même discours. ‘Nous ne sommes pas d'accord avec la communalisation de Hounaré pour plusieurs raisons’, affirme Abdourahmane Kane ‘Ndiogou’. ‘Le village, poursuit notre interlocuteur, ne dispose pas assez d'infrastructures capables de booster son économie ; et vouloir en faire aujourd'hui une commune c'est sacrifier les quinze mille âmes qui vivent dans le village’. De l’avis de Ndiogou Kane, deux individus, notamment Amara Diaby et Abou Diaw, sont à l'origine de ‘ce projet de communalisation qui ne leur rapporte absolument rien’.

Interpellé sur la question, Amara Diaby soutient que Abdourahmane Kane est un opposant et il n'est même pas originaire du village de Hamady Hounaré. ‘Le village a longtemps été sous la coupole de Sinthiou Bamambé qui se trouve être le chef-lieu de communauté rurale. Et c'est à la suite d'une concertation, élargie aux populations du village, que ce projet de communalisation a été conçu. Donc, si le nommé Ndiogou dit le contraire, il ne dit pas vrai’, précise Amara Diaby.

Par ailleurs, la localité de Hamady Hounaré, du point de vue population, est l'un des villages les plus peuplés du département de Kanel, à l'image de Waoundé, Bokiladji et Dembacané. Et hormis le marché hebdomadaire, qui se tient dans la localité en début de semaine, le village est composé de Wolof, de Pulaar et de Soninké. En plus, il y a un poste de santé qui polarise près de quinze villages dont les populations viennent se faire soigner tous les jours.

Le village dispose de cinq quartiers, d'un collège d'enseignement moyen de la sixième à la troisième et de quatre écoles primaires. Les populations, composées pour la grande majorité de paysans, pratiquent aussi bien la culture du Diéri que celle dite sous pluie, c'est-à-dire pendant l'hivernage. Le développement du village s’apprécie également avec les fruits de l'émigration, car la plupart des jeunes de la localité se trouvent à l'extérieur. A Hamady Hounaré, les grands investissements ont été réalisés par les émigrés.

Malgré tous ces efforts, le projet de communalisation ne fait pas l'unanimité dans le village, car certains pensent que si le village s’érige en commune, la gestion des ressources va changer... Aujourd'hui, la division a atteint des proportions inquiétantes, car certains conseillers, favorables à Abdourahmane Kane, ont adressé une lettre de protestation au ministre de la Décentralisation et des collectivités locales, Ousmane Massek Ndiaye, afin que le projet soit purement et simplement annulé. L'autre camp, celui de Amara Diaby et compagnie, a déjà saisi les autorités administratives afin que le projet de communalisation de Hounaré soit effectif, ‘pour le bonheur des populations’.

Amadou Issa KANE

Source : Walf.sn