Gastronomie: Une multitude de plats, mais...

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Gastronomie: Une multitude de plats, mais...

Le Mali n’est pas un pays de haute gastronomie. Toutefois, on y trouve des plats à plusieurs variantes et à base d’aliments énergétiques ou d’hydrate de carbone : sucres et féculents (maïs, blé, riz, mil, sorgho, pomme de terre, patate douce, ignames, courges, manioc, bananes, sucre et miel).

La cuisine malienne est construite autour des deux denrées de base que sont le riz et le mil. Cette nourriture est consommée en pays sonrhaï, bambara, soninké, khassonké, malinké, sénoufo ou dogon. Tout comme le dîner, le déjeuner et même souvent le petit-déjeuner sont généralement composés à partir de ces deux aliments. Seuls les accompagnements (sauces, légumes, épices, viandes, poissons) varient en fonction du moment de l’année. Bien entendu, il y a autant de spécialités que de régions ou d’ethnies.

Des spécificités de recettes traditionnelles sont repérées chez certaines ethnies. A titre d’exemple, le fakouwoye est consommé chez les Sonrai, même s’il est bien apprécié par les Tamasheq aussi. Le tô à la sauce gombo (sec ou frais) ou aux feuilles de baobab (fraîches ou sèches et pilées) est consommé plus en milieu bambara que dans n’importe quel autre. Les Malinkés préfèrent généralement la nourriture à base de pâte d’arachide. Le couscous enrobé de sauce rouge ou de pâte d’arachide est l’affaire des Khassonké et des Soninkés.

Ce qu’il faut néanmoins retenir, c’est que les Maliens, dans leur majorité, mangent beaucoup mais ne se nourrissent pas bien.

Une absence de vitamine A est très souvent constatée dans nos aliments. Or, chez l’homme, selon Dr. Daou, la carence en vitamine A affecte spécialement l’œil. Elle provoque un trouble du fonctionnement physiologique des cônes et des bâtonnets de la rétine, des lésions structurelles de l’épithélium, de la conjonctive et de la cornée. Les parties de l’œil qui sont exposées à la lumière sont particulièrement atteintes.

Des troubles respiratoires, la diarrhée, l’anémie, un retard de croissance, une diminution d’activité des mécanismes de défense contre les agents infectieux ainsi que les troubles de l’odorat et du goût sont souvent observés dans l’hypovitaminose A.

Mal bouffe

« De nombreuses personnes mangent de grandes quantités d’aliments énergétiques riches en féculents comme le riz, le maïs, le mil, le manioc mais ne mangent pas suffisamment d’aliments constitutifs du corps et protecteurs comme les œufs, la viande, le poisson, le haricot, les légumes à feuilles vertes, les fruits. Elles peuvent être sous-alimentées en dépit du fait qu’elles mangent beaucoup de féculents ».

Pour bien manger et être en bonne santé, conseille-t-il, une personne doit manger suffisamment d’aliments de chacun des groupes suivants : des aliments constitutifs du corps ou protéines, des aliments énergétiques et des aliments protecteurs.

La carence en vitamine A se présente surtout chez les enfants (les garçons plus que les filles) âgés de 1 à 5 ans et tout particulièrement au moment du sevrage. En effet, dit le médecin, les enfants naissent avec des réserves limitées de vitamine A. Ils sont, par conséquent, très dépendants de l’allaitement maternel. Il est donc important que la femme enceinte soit bien approvisionnée en vitamine A.

Cependant, force est de constater que ces règles ne sont pas observées à la lettre dans beaucoup de familles en raison de la conjoncture. « L’essentiel, c’est de se remplir le ventre », affirme un chef de famille qui a du mal à trouvé les trois normaux. Pour ce dernier, notre pays, depuis la sécheresse de 1974, n’a pas connu une insécurité alimentaire aussi aiguë.

C’est-à-dire, l’impossibilité pour les mères, les pères de trouver de la nourriture à plus forte raison suivre les conseils d’un nutritionniste. « On est en train de se chercher. Que Dieu sauve le Mali ! » Fasse que l’appel du chef de famille soit exaucé pour épargner au Mali la famine. Surtout que son premier responsable a dit que « bé bi babolo ». Autrement dit, chacun pour soi, Dieu pour tous.

Amadou Sidibé

Source : Les Echos du 21 mars 2008