France: Manifestations devant les centres de rétention pour étrangers

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Des milliers de personnes ont manifesté samedi partout en France à l'appel d'organisations de gauche pour protester, dans le cadre d'un mouvement européen, contre l'enfermement dans des centres de rétention des étrangers sans papiers en instance d'expulsion.

A Paris, plusieurs milliers de personnes ont manifesté entre la Porte dorée, où se trouve la Cité de l'immigration, et le centre de rétention de Vincennes, où seraient enfermées 280 personnes actuellement, selon les organisateurs de la manifestation.

Etaient présentes des personnalités comme Olivier Besancenot, de la LCR, Arlette Laguiller de Lutte ouvrière ou encore l'acteur Charles Berling.

Une organisation de sans-papiers a annoncé à l'issue de la manifestation son intention d'occuper un centre de sport à Vincennes, mais la préfecture du département, contactée par Reuters, a déclaré n'être informée d'aucune action de ce type.

Près d'Orléans, 150 militants et sympathisants du Réseau éducation sans frontières (RESF), de la CGT et du PC se sont retrouvés aux abords du centre de rétention de Cercottes (Loiret) pour en exiger la fermeture, a constaté Reuters.

A Rennes, plusieurs centaines de personnes - 1.500 selon les organisateurs - ont défilé pour demander la fermeture des centres de rétention rebaptisés "prisons des sans-papiers".

Le cortège a gagné les abords du centre de Saint-Jacques de la Lande, ouvert depuis le 1er août. C'est le plus important de l'ouest de la France avec 60 places.

Un porte-parole du collectif a dénoncé l'enfermement de nombreux mineurs dans ce centre. "Nous demandons la fermeture de tous les centres de rétention en France, en Europe et dans le monde", a t-il lancé lors de ce rassemblement.

DIRECTIVE EUROPÉENNE

Les organisations de défense des sans-papiers entendent protester en France contre un projet de directive européenne qui prévoit de porter la durée maximale possible de rétention administrative des étrangers à 18 mois.

Cette directive, si elle était adoptée, changerait radicalement la situation en France où la durée maximale de rétention est de 32 jours. Cette durée est supérieure à 18 mois, voire illimitée dans plusieurs autres pays de l'Union.

"Au-delà de notre opposition au projet de directive européenne, nous demandons la fermeture pure et simple de ces lieux d'emprisonnement", a dit à Reuters près du centre de Cercottes Jean-Pierre Perrin, un des porte-parole de RESF.

Les autorités administratives sont très mobilisées sur les expulsions de sans-papiers, ce qui accroît la tension dans les centres de rétention, où un mouvement de protestation s'est amorcé le mois dernier.

Le 10 janvier, le préfet du Loiret a annoncé officiellement qu'il avait dépassé, avec 120 étrangers expulsés, l'objectif chiffré de reconduites à la frontière assigné par le ministère de l'Immigration.

Conformément aux voeux du président Sarkozy, le gouvernement travaille avec des objectifs chiffrés d'expulsions, méthode contestée par les organisations de défense des étrangers.

Le chiffre fixé pour 2007, 25.000, en sera pas complètement atteint, a annoncé récemment le ministre de l'Immigration Brice Hortefeux.

L'UMP a protesté en fin de journée contre la visite d'élus de gauche dans un centre de rétention. "La gauche n'a pas renoncé à instrumentaliser l'immigration à la veille des élections municipales", a dit Yves Jego, porte-parole du parti majoritaire, dans un communiqué.

Thierry Lévêque avec Mourad Guichard à Orléans et Pierre-Henri Allain à Rennes.