France: Manifestation contre l'islamophobie après l'incendie d'une mosquée à Saint-Priest

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Près de 2.000 personnes se sont rassemblées devant la mosquée de la banlieue lyonnaise, visée samedi par un incendie criminel. La communauté musulmane dénonce une "montée de l'islamophobie".


Environ 2.000 personnes se sont rassemblées dimanche 21 décembre après-midi contre l'islamophobie et le racisme devant la mosquée de Saint-Priest (Rhône), cible la veille d'un début incendie criminel, a-t-on appris auprès de la police et des organisateurs.
"Je me suis senti soutenu, car nous étions très nombreux. Il y avait des politiques, comme le maire Lyon, Gérard Collomb, le maire de Saint-Priest, Martine David, mais aussi des représentants de toutes les religions et des associations. Certains sont venus de loin pour participer", a confié à l'Associated Press Azzedine Gaci, président du Conseil régional du culte musulman.

Incendie criminel

Un début d'incendie d'origine criminelle a endommagé samedi cette mosquée de la banlieue de Lyon, suscitant des condamnations unanimes et la colère de la communauté musulmane, qui dénonce une "montée du racisme et de l'islamophobie".
Le feu, qui s'est déclaré sur la porte d'entrée de la mosquée, "ne s'est pas propagé" et les seuls dégâts à l'intérieur ont été "causés par les fumées", a précisé la police à l'AFP.
Toutefois, un photographe de l'AFP a pu constater qu'une bibliothèque était contiguë à la porte incendiée et a vu une brouette pleine de livres religieux brûlés.
Le ministère de l'Intérieur a confirmé le caractère "criminel" du sinistre. "Tous les moyens nécessaires, notamment de police technique et scientifique, sont mis en oeuvre pour retrouver au plus vite les auteurs de cet acte lâche et intolérable", a-t-il assuré.

Après des profanations

La police lyonnaise a annoncé avoir trouvé "un certain nombre d'éléments" sur place à même de faire avancer l'enquête.
Le recteur de la Grande Mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, accompagné de la maire de Saint-Priest, Martine David (PS), s'est rendu sur place. Il a vivement dénoncé la "montée du racisme et de l'islamophobie".
"Après les tombes musulmanes profanées près d'Arras, après la mosquée de Meyzieu, jusqu'où ira-t-on?", a-t-il ajouté, évoquant la profanation début décembre de 500 tombes du carré musulman du cimetière Notre-Dame-de-Lorette, près d'Arras (Pas-de-Calais), et celle de la salle de prière de la mosquée de Meyzieu (Rhône) en août.

Banalisation de l'islamophobie

Le président du Conseil français du Culte musulman (CFCM), Mohammed Moussaoui, a "appelé les autorités à tout mettre en oeuvre pour arrêter les auteurs de cet acte criminel".
La Grande Mosquée de Paris a condamné "avec force cet acte criminel qui provoque une fois de plus une profonde émotion dans la communauté musulmane nationale et un sentiment croissant d'islamophobie qui ne fait que s'aggraver, profanation après profanation des lieux symboliques et sacrées de l'Islam de France".
Pour le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap), "cet acte, qui prolonge d'inquiétants et répétés passages à l'acte, confirme l'enracinement de cette forme de racisme qu'est l'islamophobie, et dont l'impunité des auteurs concourt à sa banalisation".
L'évêque de Créteil, Mgr Michel Santier, a "condamné cet acte inqualifiable qui porte atteinte à la liberté de conscience et à l'exercice de la liberté de culte", tandis que le Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme (BNVCA) a demandé "aux autorités de faire protéger les sites musulmans sensibles, et interpeller les criminels racistes".

Multiples réactions


Marcel Dreyfuss, président du Consistoire de la région Rhône-Alpes et vice-président du Consistoire central de France, a exprimé la "solidarité de la communauté juive dans cette situation indescriptible et scandaleuse". Il a indiqué qu'il serait "au côté" des responsables de la communauté musulmane dimanche à Saint-Priest.
Le porte-parole de l'UMP, Dominique Paillé, a dénoncé ce "nouvel acte inqualifiable". "De tels agissements portent atteinte de manière intolérable à nos principes démocratiques et républicains fondés sur la tolérance et la liberté de croyance et de culte", a-t-il ajouté.
"C'est, une nouvelle fois, après les profanations du cimetière de Notre-Dame de Lorette, un acte ignoble de racisme et de refus de l'autre", a affirmé la première secrétaire du PS, Martine Aubry. Le maire (PS) de Paris Bertrand Delanoë a appelé "le gouvernement à prendre toutes les mesures pour garantir la sécurité de nos concitoyens quelles que soient leurs convictions spirituelles."

Le Nouvel Obs.