Fort de Bakel: La plus vieille bâtisse du Gadiaga croule sous le poids de ses 189 ans

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Classé patrimoine historique mondial, le Fort de Bakel qui, aujourd’hui, abrite la préfecture de la capitale du Gadiaga, a été construit entre 1818 et 1820. Vieille de 189 ans, cette bâtisse risque, si l'on y prend garde, de s'écrouler sous le poids de l'âge.

C'est entre 1818 et 1820 que le Fort de Bakel a été construit sur une colline surplombant la ville. De 1960 à nos jours, il abrite la préfecture de cette localité du Gadiaga. A l’origine, il y avait un autre Fort construit en banco. Laquelle bâtisse était contemporaine du Fort de Dramané au Mali (connu sous le nom de Saint Joseph) et de celui de Senodébou, Saint Pierre, sur la Falémé.

Ce Fort de Bakel autrement appelé ‘Fort Faidherbe’, a été repris entre 1818 et 1820 sous forme de garnison qui pouvait abriter cent soldats avec deux étages séparés, l'un de l'autre à l'aide d'une passerelle, établie en 1936. Avec des murs très épais et des meurtrières dispersées de manière oblique, le Fort était construit de sorte que les soldats, qui s'y trouvaient, étaient en sécurité. Dans la même zone, une écurie pour tirer les canons et un magasin où on gardait des munitions, ont été aménagés.
Le Fort de Bakel avait jadis pour rôle de défendre les nombreuses compagnies commerciales françaises. Ce rôle de défense a continué jusqu'à l'avènement des ‘traitants locaux’ (avec les Wolofs notamment). Pour preuve, en 1886, ces traitants étaient dans le Fort et combattaient aux côtés des Blancs, contre Mamadou Lamine Dramé, soupçonné au temps de vouloir attaquer le Fort. A l'époque, le Fort était défendu par le Capitaine Lefranc, mort en 1887 des suites du malaria. Il fut enterré à Bakel aux cimetières des Blancs. A la même date, mourut Mamadou Lamine Dramé en Gambie.

L'autre fonction du Fort était d'abriter le siège du Commandant du cercle avec des administrateurs blancs qu'on appelait ‘Commandants de cercles’. Bakel, devenue une subdivision a été rattachée à la région de Matam. C'est par la suite que les fils du terroir ont lutté pour qu'elle soit un Cercle autonome indépendant. Vers les années 1961 - 1963, le Fort est devenu un lieu d'habitation. Le premier chef de cercle fut un Bakelois du nom de Samba Diop ; tandis que Ibrahima Sourang fut le premier préfet de Bakel.

En 1986, c'est-à-dire cent ans après l' ’attaque’ du Fort par Mamadou Lamine Dramé, les élus de Bakel et les populations avaient pris prétexte de ce centenaire pour organiser des journées culturelles, durant quatre éditions successives. L'objectif était de rappeler la résistance de Mamadou Lamine Dramé face aux Blancs. Mais également de mettre en exergue certaines coutumes et traditions comme la circoncision en pays Soninké.

En 1988, le ministre de la Culture, par l'entremise de son collègue de la Protection de la nature, avait trouvé des fonds destinés à la restauration du Fort, mais ce projet peine encore à se réaliser.

Aujourd’hui, en état de dégradation assez avancé avec des murs fissurés, sur fond de badigeonnage, une toiture et un plafonnage défectueux, des portes et fenêtres qui cèdent au moindre mouvement ainsi que des câbles électriques éparpillés un peu partout, le Fort de Bakel a besoin d’une véritable réhabilitation. Pour rappel, en 2006, une tornade avait emporté la toiture du Fort. En réalité, cette bâtisse ne supporte plus le poids de son âge qui, si l'on y prend garde, court le risque de s'effondrer.

Pour nombre d’observateurs, le fait de restaurer le Fort de Bakel pourrait le rendre plus attractif pour les touristes. C'est pourquoi, l’actuel locataire des lieux, le préfet de Bakel plaide en ce sens. Pour Amadou Mactar Cissé, le Fort de Bakel mérite ‘une réhabilitation, un engagement particulier pour les touristes frappés par l'architecture’. Il précise qu'à Bakel, beaucoup d'autres potentialités restent non encore exploitées. Toutes choses qui font dire à Amadou Mactar Cissé que ‘ce Fort, classé patrimoine historique mondial par l'Unesco, gagnerait à être restauré’.

ELH.Thiendella FAL, Walfadjri