Extradition de TAYA, , les 4 vérités de Zakaria Demba Soumaré

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Lundi 4 juin 2007. Pour la première fois dans l’histoire des Africains un ancien chef d’Etat était traduit devant la justice pour répondre de ses actes criminels. L’ex -Président  du Liberia, Charles Taylo, était ainsi rattrapé par ses actes. Il comparaissait devant le Tribunal International de La Haye pendant que les Mauritaniennes et les Mauritaniens s’interrogeaient sur le sort de leur dictateur déchu, Maouya.

Cette traduction devant les instances juridictionnelles nous a appris une leçon : les crimes graves contre l'humanité ne peuvent éternellement rester impunis. Un jour ou un autre, justice doit être rendue aux victimes des exactions. Taylor a répondu de ses crimes. Taya aussi devrait un jour répondre des siens. Des milliers de Mauritaniennes et Mauritaniens ont longtemps souffert, et  continuent aujourd’hui de souffrir des conséquences de plus de vingt ans de dictature.

Le gouvernement de la Mauritanie doit faire face à ses responsabilités, et aborder sérieusement les procédures pouvant conduire à l'extradition de TAYA, et à son jugement.

La poursuite de Taya devant les instances juridictionnelles nationales ou internationales doit être une affaire de tous les Mauritaniens, d'où qu'ils se trouvent. Un pays ne peut se développer en trournant le dos à son passé douloureux. C'est en rendant justice aux victimes d'aujourd'hui que nous parviendrons à construire ensemble, Noirs et Blanc, la Mauritanie de demain.

Les deux décennies de dictature, avec leur cortège de souffrance et d'injustice, ne doivent pas passer sous silence. La justice internationale (même s'il faut un peu s'en méfier, pour des raisons que je ne saurai développer ici) a franchi un grand pas en avant en arrêtant Taylor, il y a quelques années. Elle doit continuer dans la même lancée pour que TAYA soit le deuxième dictateur africain à être jugé à La Haye.

Aujourd’hui, en Mauritanie, la préoccupation du pouvoir du président Aziz devrait être d’instaurer la justice, de panser la plaie, de trouver une solution concrète à la détérioration de la situation sociale du pays au lieu de mobiliser tous ses efforts autour de la question d’un recensement qui, il est vrai, ne fait que davantage aggraver les tensions sociales. Les conditions dans lesquelles se déroule ce recensement  sont de nature on ne peut plus révoltante.

Un pays va mal quand ceux qui sont à la tête du pouvoir mettent en avant leurs intérêts personnels aux dépens de ceux des citoyens, quand, faute de trouver une solution adéquate  à la souffrance des populations, on s’invente une échappatoire ; quand, au lieu d’unir les citoyens autour des valeurs communes, on les divise….

 Un pays va mal quand tout un gouvernement démissionne de ses responsabilités, quand la justice entre les citoyens disparait, quand toute une politique de contestation de la nationalité des milliers de citoyennes et citoyens est mise en place ; un pays va mal quand on essaie, sciemment, d’effacer tout un passé d’injustice…


SOUMARE Zakaria Demba