Dossier politique : Bakel, un nid d’électeurs abusés par les partis politiques : que faire en 2012 ?

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"On ne pas libère pas un peuple, un peuple se libère lui-même. Tant qu'il s'érige des images de sa liberté, il se crée de nouvelles chaînes". disait Gauthier.

Le département de Bakel a longtemps compté dans la sphère politique sénégalaise. Abdou N'diaye, Cheikh Cissokho et leurs partisans socialistes ont toujours bénéficié d'une base locale solide. Qui ne se souvient pas des meetings riches en couleurs du parti socialiste à Bakel ? Des moments de folklore où les socialistes venaient miroiter monts et merveilles avant de monter à bord de leurs rutilantes 4x4 flambants neuves. Nous avons vécu une trentaine d'années dans l'obscurité et l'ignorance sans qu'aucun cadre ou un haut dignitaire ne vienne nous éclairer. Les régimes de Senghor et d’Abdou Diouf ont mis le département de Bakel à genou. Au moment où les autres régions et départements du Sénégal bénéficiaient d'infrastructures de tout genre, le peuple Bakélois se contentait de sacs de riz, de quelques billets du franc  CFA et de poissons fumés. Nous n'avons rien gagné de la confiance aveugle accordée aux papes du socialisme sénégalais. Nos enfants s'assoient toujours sur les mêmes bancs utilisés par leurs pères et mères. Le collège Waoundé N'diaye depuis 1982-1983 n'a connu aucun changement. Le district sanitaire de Bakel croule sous les mêmes problèmes depuis 20 ans. Le visage de Bakel est resté intact. A croire que nous sommes allergiques au changement. Le mariage politique entre Bakel et le régime socialiste fût l'un des plus solides du Sénégal, mais également l’un des plus amères en terme de retombées économiques. Jamais par le passé, le peuple Bakélois n’a tourné le dos aux mentors socialistes Abdou N’diaye, Cheikh Cissokho et dans une certaine mesure Ousmane N’diaye. A l'époque où tout le Sénégal changeait de compagnon politique, Bakel resta fidèle à son union politique. Est ce la raison de l'oubli du régime libéral de nos jours ? Malgré l'abnégation et le courage des libéraux, Cheikh et ses acolytes sont restés les rois de cette partie du Sénégal oriental pendant plusieurs décennies. Mais comme disait Jules RENARD "Rien n'est éternel, pas même la reconnaissance ". Bakel ne dérogea pas à la règle. Le divorce advint de fort belle manière en 2009. 40 ans de mariage politique plein de frustrations et de flops mais ponctués de fidélité et de don de soi. 

Le changement devenait inéluctable. Le peuple Bakélois n'avait plus le droit à l'immobilisme. La politique politicienne n'avait plus de place dans le Sénégal Oriental. Du Goye supérieur au Goye inférieur, le vent du changement a soufflé. Bakel rattrapait son retard sur le reste du Sénégal. Tout le département tombait sous la coupe des libéraux. Les nouvelles étoiles ont pour noms Aminata DIALLO, Hamidou KOITA, Mamadou Djiby DIALLO, Tahirou DIAKHITE, Yougoukhassé KONATE. De vieux loups ayant longtemps cheminés pour le compte du pape du Sopi. Bakel respire enfin. La population locale qui a souvent mis le retard du département au compte du non alignement à l'alternance semble renaître de ses cendres. La mairesse Aminata DIALLO fût reçue plusieurs fois en grande pompe par le département de Bakel. Ses autres acolytes gagnent également le cœur des populations du département de Bakel. Nos besoins étaient facilement identifiables. Il fallait être aveugle pour ne pas pointer du doigt les problèmes du département de Bakel. Les messies Bakélois sont arrivés.

 

 Dans le domaine des infrastructures, le département avait besoin de routes bitumées et opérationnelles. Une réfection complète des ponts de Bondji et de Modibougou était une priorité. Ce grand département du Sénégal avait également besoin d'une liaison routière  des villages satellites aux chefs lieu de communautés rurales, en passant par les chefs lieux d'arrondissements et les trois communes Bakel, Diawara et Kidira.

 

Sur le plan sanitaire, nous attendions des actes forts pour redorer le blason du district sanitaire de Bakel, réfectionner les postes de santé des villages et de créer de nouveaux points santé dans des villages satellites. Lassée de faire des kilomètres pour la moindre opération bénigne ou une hospitalisation, la population du département de Bakel avait besoin de la mise en route du bloc opératoire de Bakel, longtemps réduit à la décoration. Elle attendait également une augmentation de son personnel de santé. Nous avions besoin de médecins dans les trois communes, d'infirmiers dans les arrondissements et les communautés rurales. Ces mêmes plaintes revenaient sans cesse depuis le temps des socialistes. Des doléances urgentes et légitimes !

 

Sur le plan économique, Bakel avait besoin de création d'entreprises. Les jeunes attendaient une main tendue pour lancer des microprojets. Malgré une émigration croissante, plusieurs jeunes avaient fait le pari du développement local. Les cultures maraîchères et les plantations agricoles dans les localités de Lothiandi, Foloboula, fruits de la coopération l'occident, constituent des illustrations parfaites. Nombreux sont les jeunes qui ont fait le pari de rompre avec l'oisiveté et le chômage. A ce titre, plusieurs d’entre eux ont également investi dans l’élevage et l’aviculture. Ils attendaient des organismes étatiques des financements pour se lancer dans la création d'entreprises à l’instar des autres jeunes du Sénégal. Le secteur informel (Mécanique, Menuiserie, Tôlerie, transport, élevage, commerce) avait besoin d'une restructuration et d'un nouveau souffle pour assoir un tissu économique et industriel local. Bref, tous les secteurs de l'économie comptaient sur des mesures d'accompagnement pour un développement local sain et viable. Le département de Bakel, étouffé, avait besoin d'air. Les libéraux incarnaient l'espoir.

 

La sécurité des biens et des personnes était également une priorité et non des moindres. Bakel et ses milles villages étaient souvent victimes de vols de bétail, de coupeurs de routes, de rackets organisés et de crimes crapuleux. La mairesse de Bakel, Animata DIALLO, et le maire de Diawara Hamidou KOITA avaient tous inscrit ce problème majeur dans leurs programmes. Avant même leur prise de fonction, ils déclaraient avoir alertés les ministères de tutelle (Intérieur et Forces armées) de l'insécurité suffocante dans le département de Bakel. La population locale espérait un quadrillage des zones satellites par des camps de gendarmes et de militaires. Elle souhaitait également une unité de sapeurs Pompiers dans les points cruciaux du département. Imaginez qu'en 2011, Bakel, une zone frontalière et un point de ralliement des gros transporteurs ne dispose d'aucune unité de sapeurs pompiers. Lors des accidents, d’incendies graves ou de noyades, les populations n’avaient que leurs yeux pour constater les dégâts et pleurer les morts. Nous sommes depuis fort longtemps coutumiers des faits. Implanter une caserne de soldats du feu était donc une nécessité. Une autre doléance inscrite dans les agendas de nos libéraux.

 

L'électricité et l'eau furent depuis des lustres des revendications récurrentes. Avant que la crise de l'énergie ne devienne générale, le département de Bakel s'était déjà habitué à l'obscurité et au manque criard d'eau potable. Nous vivions l'enfer sur terre depuis belle lurette. Combien de fois, les populations ont-elles  été privées d'eau et d'électricité sous une température suffocante ? Des milliers de fois sans qu’aucun gouvernement ne vienne à notre rescousse. Quand nous avions crié notre désespoir, nous avons eu droit à un massacre sans que justice soit faite. Nous avons perdu une vie lors des mouvements de protestation de 1997. Seydou Diatourou fût sacrifié sous l’autel des revendications sur l'eau et l’électricité. Pour calmer le jeu, l'Etat a brandi la carte de Mananthali. Tels des écureuils, ils ont creusés des trous pour installer des poteaux dans tout le Gajaaga et le Bundu sénégalais. Les libéraux ont hérité de ces installations mais n'ont jamais réussi à activer le " Plan Takaal Bakel ". Les tailleurs sont réduits au chômage technique faute d’électricité, les métiers du froid agonisent et la population vit toujours dans la promiscuité.

 

De promesses en promesses non tenues, la dynamique s'essouffle. Comme le dit l'adage " Jamais deux sans trois ". Nos édiles ont eu les pleins pouvoirs pendant des années mais ne sont jamais parvenus à jeter les bases d'un développement local. Au lieu d'essuyer nos larmes, ils ont amplifié notre désarroi. Aminata Diallo trahit même le peuple en s'alliant au vieux lion édenté, Cheikh Cissokho, en 2009 pour barrer la route à son camarade de parti, Tahirou Diakhité pour des raisons moyenâgeuses de classe sociale. Une trahison jamais enregistrée dans les annales de la politique Bakéloise. Cheikh renait de ses cendres timidement à Bakel et s'accroche à son poste de conseiller au Conseil général de la région. Un coup de poker réussi par Sora Diatta pour avoir une mainmise sur les politiques régionales.

La mairie de Bakel est cogérée par le Benno Siggil Sénégal ( Abdoulaye CISSE dit Modibo ), l'APR ( Ibrahima Baba SALL ) et le parti libéral. Une mairesse fantôme qui gère les affaires locales à distance. Ses adjoints de différentes mouvances politiques se démènent tant bien que mal sans pour autant réussir à extirper les Bakélois de leurs problèmes quotidiens. La politique politicienne règne toujours dans la capitale du Gajaga. Rien n’a changé à Bakel. Si on réveillait l'ancien maire Feu Waoundé N'diaye ou même le grand politicien Abdou N'diaye, ils retrouveraient en une fraction de seconde leurs chemins. Bakel a stagné, pour ne pas parler de reculade. Les femmes, motrices de tout développement local, survivent grâce aux ONG et autres associations locales telles qu'APIS, ARD... L'Etat est inexistant dans leurs projets de développement. Les jeunes ne trouvent aucune autre alternative sinon grossir les statistiques de l'émigration ou celles de l'exode rural. Les plus courageux investissent les cultures maraîchères et tirent difficilement leurs épingles du jeu. Bref, les maisons du département de Bakel vivent des fruits de l'émigration. L'Etat ne contribue aucunement au pouvoir d'achat des Bakélois. 

 

A Diawara, Hamidou KOITA ne réussit pas non plus à mettre sa commune sur la bonne dynamique. Malgré le soutien des émigrés dans les différents projets, les choses stagnent à Diawara. Les embellies sur le plan sanitaire, des infrastructures et les aides économiques sont à l’actif des seuls émigrés.  De plus, une histoire sombre d'impôts défraie actuellement  la chronique dans la riche commune de Diawara. La Mairie semble ne pas être au courant de ce « racket » organisé au plus haut sommet pour grignoter sur les retombées financières de l'émigration. Des émigrés considérés depuis longtemps comme des vaches laitières de l’économie sénégalaise. Ceux même qui sacrifient leurs âmes pour le bien être des populations locales et qui paient déjà des sommes conséquentes lors de leurs retours au pays (Taxe d’aéroport, douanes, frais de transferts d’argent…). Mais l'on se demande comment de telles sommes mirobolantes et inhabituelles peuvent être appliquées à des ménages qui ne vivent que des fruits de l’émigration ? Douce trahison ou racket organisé ! Dans tous les cas, Les libéraux ne sont plus en odeur de sainteté avec la population locale. 

 

Kidira et les autres villages sont également en perte de vitesse. Tous les projets de développement sont l’œuvre des généreux émigrés. L’Etat ne se souvient de ces localités, qu’à la lecture de la carte du pays. Si un drame survenait, ils roulent tous leurs bosses pour venir présenter leurs condoléances et leur soutien tout en nous narguant avec leurs belles voitures et leurs paillettes. De vrais médecins après la mort.

 

Le régime libéral a échoué dans sa tentative de redressement du département de Bakel. Les ménages deviennent de plus en plus pauvres. Des promesses électorales non tenues. Des tentatives d'enrichissement sur les deniers publics, la politique politicienne et l'oubli sont monnaie courante dans cette localité du Sénégal. Après la trahison socialiste, Bakel vit la cuisante déception libérale. Wade et son parti ont abusé de notre confiance. Bakel ne compte aucun ministre ou ministre conseiller dans le gouvernement sénégalais. Depuis les brèves apparitions de Mme Aminata Diallo au ministère de la santé, plus aucun citoyen du département de Bakel n’a bénéficié d'un portefeuille ministériel. On les cantonne au sénat. Bakel ne dispose d'aucune voix dans les hautes sphères étatiques. Ce nid électeurs, riche en ressources humaines, minières et énergétiques continue sa descente aux enfers. Comme tout cela ne suffisait pas, au gré des calculs politiques, nous sommes amputés de l'ancien arrondissement de Goudiry et une partie de Balla. Le département de Bakel est- il maudit ? Tout porte à croire à cette malédiction.

 

Nous cheminons vers les élections de 2012. Le département est devenu le bal des opportunismes politiques. L’heure est venue de prendre notre destin en main. Macky Sall, lors de sa tournée Bakéloise a vilipendé ses anciens camarades de parti et s'est investi de la nouvelle mission de redorer le blason du département de Bakel. A-t-il oublié son passage à la primature ? Qu’a-t-il fait pour notre département ? Bientôt ce sera le tour du pape du Sopi, du Benno avec Cheikh Cissokho, Bathily...

Il est temps de rectifier le tir. Bakel ne doit plus se laisser berner par ces politiciens. Il est venu le temps de dire non aux chasseurs d'électeurs. Nous devons taire nos différences et avoir une seule voix. D'Aroundou à Gandé, De Kidira à Sinthiou Fissa, le département doit prôner une autre politique. Nous devons imposer nos propres hommes et ne plus subir la loi des partis politiques. Plus de place pour le parachutage et aux maires fantômes. Nous devons trouver des hommes intègres et laver vos mairies au "karcher". Nous devons dénicher nos hommes charismatiques et travailleurs pour les imposer aux futurs gouvernements du Sénégal. Une carte d’électeur est une arme. On connaît la compétence de nos fils éparpillés un peu partout dans le Sénégal et dans la diaspora. Encore faut-il les persuader de rentrer au bercail et de les inoculer le virus du chauvinisme. Il est maintenant l'heure de battre le rappel des troupes. Bakel doit avoir des voix audibles et pesantes à la Présidence de la République et à la primature.  2012 devra être l'année des hommes intègres et la scission avec les politiciens véreux et animés que par leurs propres objectifs personnels. Bakelois de tous bords, un tournant de votre vie future se dessine, il faudra payer de notre sang notre reconsidération.

 

Samba Fodé KOITA pour www.bakelinfo.com