Dembankané (Kanel): Les émigrés financent un centre de santé de près de 140 millions

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Dans six mois au plus, les problèmes d'infrastructures sanitaires dans la commune de Dembankané et environs seront un mauvais souvenir pour ses habitants. Leurs ressortissants résidant en Europe, notamment en France, vont construire un centre de santé de 136 millions de francs Cfa.Ce qui pourra réduire considérablement les évacuations sanitaires vers d'autres lieux plus éloignés.

La diaspora de la commune de Dembankané, dans le département de Kanel, va construire un centre de santé de 136 millions de francs Cfa. Cette infrastructure sanitaire va supplanter le dispensaire qui n'arrive plus à répondre aux besoins des 12 mille habitants de la commune. Regroupés au sein de l'Association Dembankané Solidarité et Développement, ils vont débourser 30 % de la somme et les 70 % seront octroyés sous forme de subvention par le Programme d'appui pour les solidarités et le développement (Paisd). ‘Notre contribution est de l'ordre de 30 %. Nous l'avons décaissée depuis le 18 septembre et versée dans un compte bancaire ouvert au Sénégal’, explique Birahim Camara, chargé des relations extérieures de l'Association Dembankané Solidarité et Développement (Adsd).

Ce centre de santé, dont la construction débute au mois de novembre pour s'achever quatre à six mois après, comprendra, selon lui, un service de gynécologie, un service de chirurgie et un service cardio-vasculaire. ‘Nous voulons un outil de santé efficace capable de répondre aux attentes de la population’, renchérit Birahim Camara. Qui ajoute que toutes les autorisations administratives obligatoires ont été obtenues des mains des autorités administratives.
Selon le président de l'association, Abdoulaye Soumaré, Dembankané est doté d'un dispensaire qu'ils ont construit, mais qui ne répond plus aux besoins de la population à cause de l'accroissement démographique.

En tous les cas, ce qui a accéléré la réalisation de ce projet sanitaire, c'est le décès d'une femme enceinte en fin août alors qu'elle était en route sur Dakar pour se faire soigner. ‘Ce projet est capital pour nous. Ourossogui est à 123 km et le premier centre de santé proche de nous est à Bakel, à 45 km. Il peut y avoir des drames dans notre village à cause de l'enclavement routier et de l'éloignement des infrastructures de santé. En début août, une femme est décédée en donnant la vie. Il n'y a aucun moyen sanitaire capable de la prendre en charge. On l'a évacuée à Dakar. Finalement, elle est décédée entre Kidira et Dakar, avec le bébé dans le ventre. Ce qui a ému tous les ressortissants de Dembankané de par le monde. C'est pourquoi nous avons décidé d'accélérer ce projet de construction du centre de santé dans notre village’, explique Birahim Camara.

Quid du personnel ? Le président de l'association, Abdoulaye Soumaré, compte sur l'Etat, même s'il n'a pas encore pris contact avec le ministère de Santé pour lui poser le problème. ‘Nous n'avons pas encore rencontré le ministre de la Santé. Il ne sert à rien de construire un centre de santé si nous ne pouvons pas avoir de personnel. Les autorités nous ont averti sur cela. Elles nous ont dit qu'il faut au moins un médecin, une matrone. Nous n'avons pas eu de contact direct avec le ministre de la Santé pour nous clarifier sur cette question. Mais, dès maintenant, nous allons prendre les devants pour savoir si le ministère pourra nous donner du personnel’, fait-il savoir.

Mais son trésorier semble optimiste. Parce que, dit Mamadou Siby, si le ministère ne leur fournit pas le personnel, ils prendront eux-mêmes en charge cette question en recrutant. ‘Si l'Etat nous dit qu'il ne peut pas mettre à notre disposition un médecin, nous serons obligés d'en recruter et de le payer’, promet-il. Il compte également sur le Conseil régional de Tamba pour prendre le relais. Surtout que cette institution régionale prend déjà en charge les infirmiers de la région.

L'association Dembankané Solidarité et Développement a déjà construit un marché d'un coût de 120 millions de francs Cfa, une bibliothèque, un dispensaire, un collège et un lycée. Elle envisage également la mise en place d'une pisciculture pour réduire le chômage dans la commune et fournir aux populations du poisson.

Moustapha BARRY, (Correspondant permanent à Paris) - WalFadjri