Concession du chemin de fer : Les harcèlements du pouvoir ATT

 Imprimer 

Le président du Collectif pour la restitution et le développement intégré du rail malien (Cocidirail), le docteur Tiécoura Traoré, a été libéré, vendredi dernier par la police, à Kayes. Sa caméra, confisquée le jour de son arrestation, lui a été remise sans la cassette. La marche du Cocidirail, prévue vendredi matin, a été interdite par le maire de la commune III. Malgré tout, le collectif entend poursuivre ses actions en dépit de ce que ses militants considèrent comme des harcèlements du pouvoir qui voudrait les réduire au silence, au découragement et à  l’inactivité.

Le pouvoir ATT vire-t-il au despotisme ?

En tout cas, les arrestations de journalistes, d’enseignants et de syndicalistes sont le signe inquiétant d’un retour à la dictature après les évènements du 26 mars 1991. Cette tendance est accentuée par les difficultés du pouvoir à faire face aux problèmes du Nord, de la vie chère, de l’école, etc. Du point de vue économique, l’Etat peine à s’inscrire dans la mouvance de la croissance annoncée dans le programme de développement économique et social (PDES). En outre, les travailleurs de la CMDT ne se reconnaissent pas dans l’initiative riz annoncée par le Premier ministre Modibo Sidibé, car elle ne pourrait réussir, disent-ils, avec la privatisation de la compagnie.

Dans son point de presse, tenu jeudi dernier, la section syndicale de la filière coton de la CMDT, a laissé entendre que la filière était la plus importante et la plus large assiette de redistribution de revenus dans notre pays ainsi que le meilleur instrument de lutte contre la pauvreté. Le syndicat de la CMDT a souligné que la privatisation de la filière coton a été un échec partout en Afrique. Sur ce point, il rejoint les cheminots dans leurs revendications contre la concession du chemin de fer.

Le Cocidirail, qui ne tient pas à se faire museler, a décidé de diffuser progressivement le contenu de la convention de concession de l’exploitation de l’activité ferroviaire sur le chemin de fer Dakar-Bamako. Se référant à l’article 1-16 de la convention de concession et à son annexe, le Cocidirail constate : “la récapitulation des financements cédés souligne une enveloppe de 11 000 000 000 Fcfa et la récapitulation des contrats de travaux cédés laisse entrevoir un montant de 3 455 753 995,15 Fcfa. Rassurez-vous, ce n’est pas vous qui vous trompez, ce sont les autorités maliennes qui ont décidé que tout va bien. Hélas, tout va bien parce que le concessionnaire censé reprendre les contrats par la CNCS et la RCFM reprend le bénéfice de plutôt la belle bagatelle de 11 000 000 000 Fcfa et de la fourniture de travaux et de pièces et autres études à hauteur de 3 455 753 995,15 de Fcfa.

Il serait intéressant d’interpeller le concessionnaire, les Etats et l’organe de suivi afin de savoir ce qui est arrivé à ces ressources”. Des présentes informations, le Cocidirail a tiré la conclusion suivante : la régie des chemins de fer du Mali a toujours conclu des accords et contrats avec des banques, des entreprises, des Nations avec ou sans l’aval de l’Etat du Mali. Ce qui bat à plate couture, ajoute-t-il, la mensongère théorie qui a été usitée par les autorités publiques de notre pays.

En effet, indique le Cocidirail, les plus hautes autorités de notre République ont, sans gêne, servi l’argument de “l’impossibilité pour l’Etat du Mali de financer le rééquipement de la ligne de chemin de fer”. Le collectif martèle que cette entreprise a été saccagée par ceux qui avaient pour obligation de la préserver des attaques mercantiles des réseaux divers de malfaiteurs.

Comme on le constate, malgré les harcèlements et sans se laisser distraire par les intimidations, le Cocidirail persiste dans sa lutte, partout, pour la réouverture immédiate et inconditionnelle de toutes les gares (en bonne et due forme) et le rétablissement de toutes les lignes intérieures du Mali (Bamako- Koulikoro, Bamako-Kita, Mahina-Kayes), l’augmentation du nombre de voitures pour voyageurs et de places dans les trains et la durée des haltes.


Baba Dembélé

Source MaliWeb.net