Cheikhna CAMARA, Coordinateur Général du parti socialiste Sénégalais en France scrute l'actualité

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Cheikhna CAMARA, Coordinateur Général du Parti Socialiste Sénégalais en France, revient sur la situation politique du Sénégal, en particulier les querelles internes qui secouent ces derniers temps le parti Socialiste. Dans cet entretien, le patron du Parti Socialiste Sénégalais en France parle aussi de la situation des émigrés en France, la nouvelle politique de l’émigration du Ministère des Sénégalais de l’extérieur, les attentes des populations Sénégalaises avec l’installation du nouveau régime. 

C’est un socialiste pur-sang que nous avons rencontré chez lui à Golmy, un village situé dans les lointaines prairies du Sénégal orientale dans la communauté rurale de Ballou à 19 kilomètres de Bakel. Dans une grande cour qui donne une vue panoramique sur quelques mares et marigots qui peuvent ressembler au fleuve qui se trouve juste derrière pour un étranger du coin. Sous un arbre dans un climat détendu, l’émigré socialiste et cadre de l’entreprise de télécommunication «THALES» basé en France ayant participé aux premiers pas du développement des NTIC en 1972 en Europe,  répond à nos questions.    

 



M. Camara, comment se porte le Parti Socialiste Sénégalais en France ?

Le parti socialiste en France est aujourd’hui en léthargie dans le sens où, après les élections présidentielles et législatives de 2012 , parce que tous les militants ont en  tête le renouvellement des instances du Parti. Nous avions même voulu faire notre renouvellement en France mais le bureau politique nous avait demandé d’attendre la circulaire qui nous en donnerait l’ordre à l’instar des autres structures.

S’agissant de ces renouvellements, quelle lecture avez-vous sur la suspension de Malick Noel Seck  par le Bureau Politique, une des voix fortes qui exigeait du sang neuf au sein des instances du Parti ?


Alors, moi je suis très mal placé pour parler au niveau national même si je suis militant du parti socialiste car pendant douze ans j’ai été secrétaire politique. En effet c’est en 2009 que l’ensemble des militants de cette coordination ont accordé leur confiance à ma modeste personne pour diriger la coordination du parti socialiste. Nous suivons de très près les querelles, c’est vrai que c’est la première fois qu’un camarade socialiste soit exclu sous l’ère de Tanor Dieng. Dieu sait que les dirigeants du  parti peuvent  gérer des hommes et des femmes même si tous les camarades ne savent pas contrôler leurs impulsions. Il aura fallu prôner le dialogue.

Que prévoit le règlement intérieur sur les agissements de Malick Noel Seck ?


Il y a effectivement une commission de discipline chargée de sanctionner les militants fautifs après une recherche de consensus infructueuse. Au-delà  de ces sanctions, le bureau politique peut naturellement chercher le consensus pour que tous les militants puissent se retrouver dans le parti. Nous faisons confiance à ce règlement et aux statuts qui définissent les règles de jeu du Parti Socialiste. De Senghor à nos jours quand même le parti fonctionne de manière démocratique ou les camarades jouissent de la liberté d’expression.

Ne pensez-vous pas qu’il est temps pour le Parti Socialiste d’adapter son règlement intérieur à l’évolution de la démocratie Sénégalaise ?

Il ne s’agit pas d’une question d’adaptation, j’ai vécu les cas de transhumance de plusieurs de nos cadres au lendemain de notre défaite en 2000. Pendant douze ans des hommes et des femmes se sont battus pour que le parti vive et tienne son rang au niveau national. Et ensuite il y a eu des structures qui ont été créées. Au niveau de Paris, nous étions pas tout à fait d’accord sur l’érection de ces nouvelles structures telle que Convergence socialiste ou autres , mais le camarade OusmaneTanor Dieng nous disait qu’il fallait ouvrir les portes du parti pour permettre à d’autres personnes d’y adhérer et d’y trouver leur compte. Lors du congrès, nous allons harmoniser tout ça. C’est la force et la grandeur du Parti Socialiste d’ici et de la diaspora qui en dépendent. La preuve que les choses ne sont pas statiques. 

Êtes-vous d’accord de l’exclusion de Malick Noel Seck ?


J’ai suivi Malick Noel Seck dire à la télévision récemment qu’il devrait être entendu d’abord avant d’être exclu. Je me rappelle qu’à Paris on avait défendu Malick Noel Seck lorsqu’il a été arrêté sous le régime de Wade , tout le monde l’avait soutenu à tort ou à raison. Quand il a émis son opinion à l’endroit du bureau politique, plusieurs membres du parti l’ont condamné . C’est parce qu’ils ont bien analysé la situation. Tu peux dire dans les limites de la liberté d’expression sauf insulter une personne du parti.

Tanor est là depuis le départ de Diouf, quel est l’avenir du Parti Socialiste ?

L’avenir  du parti appartient à la jeune génération même si Tanor et le bureau politique ont fait un bon boulot depuis 2000. Il y a des gens qui veulent porter une ambiguïté sur la candidature de Tanor Dieng à la future présidentielle et au futur renouvellement du bureau politique. Cependant peut-on être Secrétaire Général et ne pas être candidat  à la présidentielle de la république ? Maintenant ce qui reste à savoir c’est de dire si oui ou non Tanor sera candidat au prochain congrès. Notre objectif principal c’est de recommencer avec un nouveau candidat en 2017.

Votre parti est toujours dans la mouvance présidentielle comptez-vous restez toujours dans cette coalition ?


A la veille du second tour lorsque Tanor m’a appelé pour me dire que le bureau politique s’est réuni  et a décidé de soutenir la coalition Macky 2012, il avait précisé que nous alloons battre campagne ensemble et diriger ensemble en cas d’issue heureuse. Ce qui a été fait et on était en première ligne à Paris, nous avons mis en place un bureau avec MonsieurKoita de l’APR et autres.

Nous avions travaillé avant sur les assises nationales et j’ai prononcé un discours envers Macky Sall lors de sa visite à paris pour lui signifier la loyauté de ces hommes et femmes qui ont travaillé pour son élection à Paris. Pour le moment à ma connaissance il n y a pas encore eu de faute de parcours, le pays est géré de manière professionnelle, la victoire du 25 Mars est collective. Cependant, en 2017, je ne pense pas qu’on ira en coalition au premier tour, si bien que je souhaite que ce soit le Parti socialiste qui gagne ces prochaines élections présidentielles.   

Quelle est la situation des émigrés, est-ce que les Sénégalais de France y sont bien représentés?

Nous avons beaucoup travaillé pour qu’il y ait une alternance. Avant le 25 Octobre, on n’avait pas de consul  à Paris, des nominations ont certes été faites à l’instar de M. Makeur Ndiaye le nouvel ambassadeur du Sénégal en France devenu Ministre. Ce qui fragilise encore la diplomatie Sénégalais en France. Dans les grandes villes où vivent de nombreux sénégalais, il n y a pas de consul. Nos compatriotes confrontés à d’énormes difficultés administratives et sont contraints souvent de monter sur Paris. Ceci est à revoir. C’ est à la diplomatie d’aller vers ces fils vivant en dehors du paris.

Après les dernières élections présidentielles, beaucoup de nominations ont été fait par le Président Macky SALL mais il faut mettre les hommes qu’’il faut à la place qu’il faut pour gérer ce pays de manière efficace afin de répondre aux aspirations des populations Sénégalaises.

Je fus conseillé supérieur des Sénégalais de l’extérieur du temps de Abdou Diouf, nous avions mis un document en place qui recense les problèmes des Sénégalais de l’extérieur. Il nous faut dès à présent une bonne politique volontariste pour répondre aux besoins urgents des Sénégalais de l’extérieur.

Il faut que le Président Macky SALL réfléchisse sur ce point et que ce ne soit pas une coquille vide. Dès mon retour, j’essayerai de rencontrer le Ministre des Sénégalais de l’extérieur pour réfléchir sur les problèmes des Sénégalais de la diaspora. 

Les compétences existent un peu partout, mais si ce régime fonctionne sur la base du clientélisme politique,  les mêmes erreurs commises  par Wade vont se répéter.

 Quel est l’avenir de l’émigration ?


 La notion de l’immigration a changé, l’impact était surtout les restrictions des Sénégalais qui sont venus étudier en France. Les soixante propositions de François hollande étaient axées sur la sociabilité des étudiants étrangers.

Nous assistons aujourd’hui à une émigration choisie, et ça se resserre de plus en plus, car la France insère les cerveaux Sénégalais dans leurs grandes écoles mais le Sénégal ne met pas en place une politique de retour des étudiants au pays d’origine.  Et qu’on mette les moyens qu’il faut au lieu de dire oui c’est le pays de ton père ou de ton grand père, il faut venir même si on devait manger des cailloux. Ces universitaires sont des soutiens de famille et ont beaucoup galéré. Ils ne peuvent retourner pour revivre les mêmes galères.  Je dis à ce système. Il faut une politique d’intégration efficace et exempte de toutes reproches.

Si on dit que le Sénégal est un modèle de démocratie il faut aussi renforcer les moyens de survie des populations des grandes villes mais aussi surtout du monde rural. Récemment, nous avons vécu ici les inondations mais aucun plan Orsec n’est arrivé à Golmy dans le département de Bakel ni à Bakel Ville.  Et ce n’est pas tout car la culture de décrue a commencé, on a annoncé dès à présent l’arrivé des criquets pèlerins sous peu, mais l’état n’a pris aucune mesure sur ce problème. Cela créé des frustrations et pousse les gens à partir vers des cieux cléments. Certes, les gens ne peuvent pas continuellement partir à l’émigration mais sans de bonne politique pour vaincre le chômage et l’inactivité dans les zones rurales, on ne peut mettre fin à cette gangrène. Gangrène parce que des jeunes migrent aujourd’hui au prix de leur vie.

Quelle est votre appréciation du discours de François hollande à Dakar devant les députés il y a de cela quelques jours ?

Heureusement que hollande n’a pas répété les mêmes erreurs de Sarkozy dans son discours. Ce dernier ne maitrisait pas son sujet. L’Afrique est le point central de l’évolution du monde. Le Sénégal a montré la voie et le reste de l’Afrique va suivre. Nous savons comment ça se passe de l’autre côté, en Europe.

François hollande a prononcé un discours franc, honnête et sincère et je suis certain qu’il va tenir ses promesses. De plus, les Français ne sont pas plus intelligents que nous. La nouvelle génération doit intégrer cela.

Êtes-vous prêt pour remplacer Cheikh Abdou Kadre Cissoko à la tete du Parti Socialiste à Bakel ?


Seul dieu sait, je connais bien le doyen cheikh Cissoko qui réunissait les militants socialistes de Paris ressortissants de Bakel surtout. Je l’ai rendu visite à Dakar chez lui pour prendre quelques conseils. C’est un homme d’Etat qui a beaucoup d’expérience qui a eu à exercer de hautes fonctions, Nous sommes du même département s’il fait appel à mes compétences je répondrai présent si bien qu’il y a des hommes et des femmes qui ont aussi les épaules larges pour cette mission. Il faut parler, échanger… car le développement  du département de Bakel doit être participative, d’autant plus que moi j’ai plus d’expérience en France et eux ils ont plus d’expérience que moi au niveau local. Si dieu me donne longue vie je n’exclus pas de travailler au niveau de mon département. Tout ce que je  fais pour le moment c’est d’organiser le P.S au niveau de mon village à Golmy.

Est-ce que la rupture annoncée par le Président Macky Sall est en bonne voie ?


Beaucoup de promesses sont pour le moment tenues par la Président Macky Sall, si bien que le Waxx  waxet » de Wade taraude encore l’esprit des Sénégalais.

Ce qui me préoccupe seulement c’est le clientèlisme politique dans des postes de responsabilités. Il faut travailler ensemble en toute honnêteté  pour la réussite de Macky Sall car nous serons tous responsables de son bilan.

Les biens mal acquis, qu’en pensez-vous et également sur le régime Mackyste ?


J’ai mal au cœur sur ce point.  Wade a dépensé des sommes faramineuses que les régimes de Senghor et Diouf  n’ont pas dépensé et les sénégalais n’ont pas vu la couleur de cet argent ne se reste que pour faire une route entre Bakel,   golmy , yaféra et Aroundou… Le monument de la renaissance est un fiasco. Le Président wade avec sa famille ont dilapidé beaucoup de milliards.  Si cet argent avait été investi normalement le Sénégal serait au même niveau de développement que le Portugal. 

Le Président Macky Sall avait annoncé à Paris qu’il n’allait pas abandonner ses poursuites des biens mal acquis et c’est la première préoccupation des Sénégalais. Ils sont intransigeants et ne pardonneront pas.

Le plus important c’est de savoir ce que sera la composition de ce prochain conseil économique et social et que ce ne soit pas des figurants seulement à l’instar du Sénat passé.

La jeunesse, l’éducation, la santé etc sont laissés en rade dans cette contrée du Sénégal, heureusement que dans un village comme Golmy ou nous sommes il y a toujours les émigrés pour venir en aide aux populations.  

De la même manière dont les candidats aux dernières présidentielles ont sillonné le pays , ils doivent revenir voir les conditions de vie quotidiennes des ruraux. Il faut une véritable politique agricole dans le département de Bakel et dans le reste du Sénégal. Le pays ne se limite pas à Dakar, Thies  ou Touba, il faut équilibrer le budget national pour que tout le monde y trouve son compte.

Siabou dit Ibrahima CAMARA