Bakel: Trente villages disent non à l'excision et aux mariages précoce et forcé

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BAKEL-RENCONTRE INTERVILLAGEOISE DE TABANDING.
Décidément les responsables de la coordination régionale de Tostan à Tambacounda ont beaucoup de souffle. Après le département de Tambacounda et la nouvelle région de Kédougou, ils sont allés à l’assaut de Bakel où les communautés de Tabanding ont emboîté le pas à celles de Bala, pour tourner le dos à jamais à toute forme de pratique néfaste à la santé de la mère et de l’adolescent.
Les populations du bourg de Tabanding et celles de 29 autres villages le ceinturant sont plus que jamais décidées à ne plus se livrer aux mutilations génitales féminines et à toute forme de mariage précoce et forcé. Elles l’ont très clairement exprimée ce dimanche à Tabanding, localité du département de Bakel située à environs 34 km de Tambacounda.

Les centres ouverts par l’Ong Tostan et les enseignements dispensés aux communautés jadis réticentes, relatifs aux droits humains, à l’hygiène, à la santé ainsi qu’à la résolution des problèmes y sont pour beaucoup. « Nous ne cesserons jamais de remercier le bon Dieu d’avoir orienté vers nous cette structure qu’est Tostan qui nous a ouvert les yeux sur pas mal de choses qui font qu’aujourd’hui le paludisme a reculé dans notre contrée. Plus personne ne s’adonne à l’excision et les mariages sont devenus des sujets de débat entre conjoints, d’une part, et entre les préposés au mariage, d’autre part, » explique avec une certaine note de jovialité Hamady Wane, le chef de village.

A la rencontre inter villageois à laquelle toutes les couches des communautés étaient représentées, la stratégie mise en œuvre a été celle des débats ouverts dans les trois différents ateliers. Après quelques heures de frottements, les jeunes, tout comme les femmes et les notabilités religieuses ont adopté la même position. Ils ont convenu de tout mettre en œuvre pour que soient renvoyées aux calendes grecques ces pratiques aux conséquences plus que néfastes.

« Nous sommes des adeptes de l’enracinement dans nos valeurs culturelles et traditionnelles, mais pas celles pouvant entamer la vie de nos femmes et filles » martèle Baganda Sakho, le président du conseil rural de Kothiary, non sans regretter les cas ayant engendré des complications au plan sanitaire à certaines femmes. Et de rappeler, d’ailleurs, à l’assistance qu’une loi sanctionnant ces pratiques est en passe d’entrer en vigueur, « le plus tôt sera le mieux pour tous » ajoute-t-il.

Léopold Diouf le sous-préfet de Bala qui présidait la rencontre a quant à lui pris acte des résolutions des jeunes, femmes et imams avant de les inviter à traduire concrètement en actes ces engagements. L. Diouf recommande à la coordination régionale de Tostan de méditer sur la reconversion des exciseuses.


par Boubacar Dembo TAMBA, SUD QUOTIDIEN