- Une conférence-débat sur le thème « Les premiers soninkés en France : de la situation d’émigrés à celle d’immigrés ». Cette conférence est animée par Catherine QUIMINAL professeure émérite de sociologie et d’anthropologie, par Cheikhna-Mouhamed WAGUÉ doctorant en Histoire à la Sorbonne et par Nabakha KAMARA, un immigré soninké très expérimenté et très cultivé. Même si le thème de la conférence n’est pas absent dans les débats quotidiens, il est intéressant de souligner qu’il tire son originalité dans le témoignage direct de l’un des principaux concernés en la personne de Nabakha KAMARA. Ce témoignage, oh combien émouvant et instructif, a permis à la génération montante d’avoir une vision rétrospective de l’immigration, ce qui permettra d’éviter les erreurs du passé. N’a-t-on pas dit que le présent se nourrit du passé ?
-Une projection documentaire sur les premiers migrants Soninkés en France : Au menu de cette journée, le septième art, à savoir le cinéma, a eu tous les honneurs. La projection de quelques courts-métrages sur les premiers migrants en France a permis de cueillir des informations brutes et objectives, puisque ce sont les concernés même qui s’exprimaient. Ces témoignages ont permis d’avoir une vision claire et précise de la situation des migrants. Les voies officielles françaises nous relèguent toujours une conception tronquée et peu objective de la situation des migrants. À partir de ces témoignages, l’on peut dire que la situation de l’immigré n’a jamais été un long fleuve tranquille. D’ailleurs, elle est devenue plus agitée et plus difficile à vivre, vu toutes les mesures prises par le gouvernement français et tous les clichés qui environnent les immigrés en question. On voit par là qu’il fait également partie de la mission de soninkara.com de briser cette Image d’Epinal, qui consiste à voir toujours l’immigré comme un malheureux, une victime éternelle, un homme que l’on exploite sans lui garantir tous ses droits.
-Chants traditionnels de Talibés : C’est un moment émouvant qui nous plonge dans le bon vieux temps de nos aïeux. A s’y méprendre, les talibés semblent ravir la vedette à tous les autres artistes de la journée. Dans la salle, rares sont ceux qui avaient une fois participé à une scène pareille, à commencer par ma modeste personne. L’entrée en scène de ces lions a inhibé la salle. Leur démonstration, doublée de leurs chants, ont permis à notre génération de revisiter le passé dans l’Espace Fraternité, en territoire française, sans se déplacer. Quelle merveille ! Quelle prouesse ! Quelle grande imagination que de penser à visiter cet aspect socioculturel que l’on croyait enfoui à jamais dans les ténèbres du passé. C’est dire que, même en France, il est possible de faire revivre nos valeurs ancestrales et de leur restituer leur pesant d’or d’alors. En tout cas, les talibés ont fait preuve d’originalité et de dextérité. Aussi longtemps, le public se souviendra de ce moment exceptionnel et rarissime.
- Une démonstration en direct d’artisans : Ce fut le tour des artisans soninkés de nous expliquer leur production. Ces démonstrations faites en direct nous a montré à quel point nous pouvons espérer et se dire que nous n’avons pas tout perdu et que l’espoir est toujours permis.
- Un repas gastronomique (diner). Un hommage particulier à rendre à nos sœurs et cousines pour l’immense effort qu’elles ont fourni tout au long de la journée. Elles ont été à la hauteur et pris soins de tous les invités sans exception. Aucune convive n’est sortie mecontente de la salle. A l’image de leur mère, les serveuses ont montré le vrai sooninkaaxu.
-Enfin une soirée musicale : La journée est clôturée par la démonstration des nos nouveaux chanteurs ; il s’agit de Lassana Haawa Sisoxo de Maxana, de Demba Tanja de Ajaar, Guja Manju Xumba Kuyate de Jaageli, la Troupe de Jooguntro, Mamadu Diabaté, et Sira Kouyaté.
Que retenir de ce compte-rendu non exhaustif ? Il est à souligner d’emblée que les membres de l’association Soninkara.com ont su montrer au public, sans aucune vanité, qu’ils sont capables, au-delà des multiples occupations et préoccupations quotidiennes, d’être utiles pour leur communauté. Ils se sont investis dans cette mission de façon désintéressée. La seule récompense qu’ils attendent, c’est de voir leur communauté se développer et de sortir de son sommeil de sous-développement. Toutes les forces vives de cette communauté doivent être mises à contribution pour aider ces bonnes volontés à avancer dans leur mission. Que Dieu nous leur préserve pour longtemps.
Marigatta WAGUÉ