L’écrivain sénégalais El Hadji Diagola n’a qu’un seul combat qui lui tient à cœur : «C’est la protection des civilisations bafouées.» Il vient de le prouver à nouveau avec la parution de son dernier roman, Un Président fou. Paru aux éditions Bajag-Meri, le journaliste-écrivain y dénonce les nombreux problèmes de tout un continent, mais surtout, ceux de Diamané, une contrée jumelle au Sénégal.
Le film des événements tels que décrit par l’écrivain fait défiler à l’esprit les souvenirs d’un 19 mars au Sénégal. Tout porte à croire, en partant des faits, que la trajectoire de Diamané ressemble fort bien à la vie politique du Sénégal. Les images, les récits, les hommes, les acteurs politiques, les pensées, les actions, tout dans le livre ramène fortuitement à l’histoire récente du Sénégal. Pourtant, il s’agit bien, pour El Hadji Diagola de «Diamané», ce petit pays d’Afrique où, le vote du second tour de l’élection présidentielle s’est déroulé sans violence, sans fraude et aucune contestation.
Aussi, à «Diamané», comme le raconte El Hadji Diagola dans son ouvrage, le nouveau président nomma aussitôt après la cérémonie de prestation de serment dans le stade, monsieur Kapalémè Siré du Parti du progrès, au poste de Premier ministre pour ce premier gouvernement de l’alternance. Il fit circuler également au niveau du Palais et au sein de son parti et de la société civile, une modalité de demandes de recrutement, basé sur la confection d’un curriculum vitae lourd.
Les mois passèrent. Et, de plus en plus la nouveauté devient difficile à gérer. «Les divergences demeurent», fait remarquer l’auteur qui indique par ailleurs que le président du pays tente par tous les moyens de contrer les attaques de ses ennemis opposés à la modernité et au libre-arbitre. Mais, «ces adversaires sont cachés sous un masque amical», indique l’auteur qui dans la deuxième partie de l’œuvre, à la page 95 décrit dans un style alerte le changement de comportement du président. «Au Palais, son Excellence changea de comportement, ce qui inquiéta ses meilleurs amis politiques, fondateurs du Parti de réforme de «Diamané». Il devint despotique et surtout autoritaire… Ainsi, ce président de la République de la post-alternance, après 4 ans de pouvoir, avait déçu tout un peuple», mentionne-t-il.
La troisième et dernière partie de ce roman paru aux éditions Bajag-Meri, met par la suite, à nu, les carences et les déboires engendrés par l’investiture de ce Président fou que l’auteur nomme par ailleurs Sadio Wakhanté. En effet, dans ce dernier tableau, le lecteur lit et vit avec beaucoup d’intérêt «la guerre de positionnement» qui s’est intensifiée au niveau de la Présidence de la République. Car, «les relations de Sauma, fils aîné du chef de l’Etat et de son fils spirituel dans le parti et au palais s’embrouillaient davantage…». L’intensité de ce contentieux finit par une division totale et fait décider le président, à non seulement limoger ce fils spirituel, mais aussi à le mettre en prison pour «atteinte à la sûreté de l’Etat et à la défense nationale»… Mais plus tard, se sentant malade et fatigué, ce Président fou réunit toute sa famille et invita ses deux fils à la réconciliation. Ainsi, décida-t-il après avoir fait son mea culpa, de laisser sa place au «fils spirituel» devenu Président du Sénat après sa sortie de prison.
Par Gilles Arsène TCHEDJI, LeQuotidien.sn