Projet Soninkara: l'Afrique dans le 21ème siècle: Soninkara (l'énergie des liens fondamentaux)

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Le projet soninkara constitue une recherche sur la gouvernance comme outil intégrateur total. La démarche du projet s’est inscrite dans une volonté de retour sur le passé historique de l’ouest africain pour retrouver le fil rouge qui nous relie à notre patrimoine culturel afin de repenser a la source d’un model social, politique, culturel  et économique d’un peuple soudé par des valeurs communautaires mais pour qui la réussite est également primordiale.

D’une façon générale la motivation de ce projet fait suite à une réflexion de plusieurs années sur les rapports des sociétés africaines avec du développement.

Au cœur de cette réflexion la recherche des mécanismes internes du développement.

Il a fallu un long détour pour retrouver le concret lui-même. C’est celui de la recherche des sources orales (langues et cultures) de la critique historique, du savoir pluridisciplinaire.

Il nous a fallu tout une éthique et une rigueur sans faille pour proposer une synthèse vivante que nous avons voulue comme une source d’inspiration pour la construction d’un projet de société a l’orée du 21eme siècle.

La recherche s’est effectuée sur trois domaines :

   1. Le référentiel historique
   2. Le domaine de la production du savoir
   3. Le contexte de l’immigration et de la création culturelle


Le croisement de ces trois domaines nous a fait aboutir à la découverte d’un concept majeur : Le Soninkara. Il est le socle, le pivot, la pierre angulaire de la construction sociale dans le pays soninké. Ce concept est un outil intégrateur total.

Il faut le rappeler ; la société traditionnelle soninké est une société intégrative hiérarchisée à niveaux multiples et complexe.

« Soni» signifie enfilage et « Kara » énergie.

Soninkara est un modèle d’organisation, d’action et de gestion qui se met en œuvre comme un principe d’unité et de cohérence quand un groupe se réuni pour décider.

C’est aussi l’occasion pour constater comment un rassemblement d’hommes peut se traduire par la mise en commun du cerveau collectif en vue de faire émerger un leadership collectif.

Pour les soninké la métaphore du collier renvoie à celle de l’organisation ; ce qui explique la nature d’une société vivante, d’une culture vivante et aussi de la nature d’une société tombée dans le chaos et dans le désordre.

Le plus important dans un collier c’est le fil qui fait le lien entre les différentes perles. Quand le fil est coupé, c’est l’unité qui est perdu. Une seul perle ne peut tenir lieu de collier, autant un seul homme ne peut rien faire encore moins signifier quoi que ce soit.

A partir de ces considérations il est facile de comprendre que quand les hommes se mettent ensemble pour un objet commun ; il n’y a plus d’égo, il n’y a plus de moi individuel.

Ainsi les hommes qui se mettent ensemble ne créent plus qu’une unité, un noyau de densité, de puissance et d’énergie. La prise de décision par ce groupe devient un mouvement, un pouvoir d’action pour la réalisation d’un objectif. D’un seul objectif commun. Dans cette action commune il n’y a plus de place pour la « politique ». Il s’agit de dire ensemble, de décider ensemble et de faire ensemble.

Soninkara est une source d’énergie ; la matrice culturelle de toutes les institutions sociales du pays Soninké.

 

   1. 1.     Le référentiel historique :

Nous avons considéré la période qui va du 4eme siècle au 16eme siècle. C’est une époque de haute civilisation pour retrouver le temps vécu des hommes du soudan occidental dans l’Afrique du moyen-âge, celle des trois grands empires Soudanien.

Le pays du N’gana, le pays de l’or : L’empire Soninké.

C’est dans l’entre-deux-fleuves que s’est constitué le premier royaume africain dont l’histoire écrite et orale fait mention.

La position géographique de l’Aouker situé à mi-chemin entre le Sahara et les forêts du sud est fort instructive.

Incontestablement les Soninkés ou les Sarakollés ont hérité et bénéficié de connaissances et de techniques de provenance très diverses. Les tribus Sarakollés du Bakounou, du Wagadou et de tout l’Aouker purent dès lors s’organiser en un royaume avant le premier siècle.

Le développement atteint par le vieil empire au 7eme siècle ; au moment où il entra en contact avec les propagateurs de l’islam, suppose une longue période de formation, puis de maturation d’institutions, de coutumes, de techniques et de règles de vie que la religion nouvelle ne réussira pas à ébranler.

Les récits historiques placent la naissance du royaume Sarakollés du Ghana au 4eme siècle après J-C. Il atteint son apogée au 10eme siècle sous la dynastie des Kaya Maghan et il s’effondre au 11eme siècle sous les coups  des Almoravides. Les premiers Califes y auraient envoyé une mission militaire en 667.

Ghana resta célèbre pour sa richesse en or. Pour la tradition il été le pays de l’organisation par excellence et celui de la formation, de l’éducation des hommes. N’gana pour la tradition signifie justement « l’homme accompli ».

Ibn Haugal le premier chroniqueur arabe qui visita le royaume écrit : « Le roi du Ghana est le plus riche de la terre à cause des richesses et des provisions d’or se trouvant auprès de lui, qui ont été acquises depuis des temps anciens par ses prédécesseurs et lui-même ».

Le voyageur arabe a compris que tant de richesses accumulées étaient dues à un effort réparti sur plusieurs générations.

« Le Pays de l’or » (car c’est ainsi que les arabes désignait Ghana) tirait alors sa force de ses richesses d’abord des ressources naturelles du pays principalement de l’agriculture et de l’élevage.

L’Etat crée par les Soninkés à l’ origine n’était qu’une confédération de tribus. Chacune de celles-ci avaient un territoire bien délimité, une autonomie respectée mais étaient tous sous l’autorité d’un pouvoir centralisé qui devait vite conférer au clan royal toute la puissance sur l’ensemble du pays.

Au 10eme siècle le royaume initialement axé sur l’Aouker comprenant le Bakounou, le Wagadou et le Ka’arta s’était transformé en véritable empire ; contrôlant d’autres peuples ou royaume tels que le Tekrour, le royaume berbère Aoudaghost et plusieurs peuples des confins sénégalo-nigériens ayant à peine atteint le stade tribal.

Le Ghana s’effondra à 1076 ; tout laisse à croire qu’avec l’Islam s’en était fini de la CIVILATION SOUDANAISE. Bien au contraire, le Soudan recevait un sang nouveau et le Mali qui prit la relève après le Ghana allait bientôt le prouver.

Faut-il le rappeler ; c’est sur les terres du Wagadou que le jeune prince du Mandé Sundjata Keita s’exila afin de parachever sa formation et son initiation. C’est à son retour du pays Soninké qu’il vaincu Soumangourou Kanté a la fameuse bataille de Krina en 1235.

Ensuite il intégra de vastes territoires dans un empire qui s’étendait de l’atlantique au lac Tchad. Continuant ainsi l’œuvre d’intégration de ses prédécesseurs empereurs Soninké.

En 1236 ; l’assemblée de Kroukanfouga  fut le moment ultime de l’unification des peuples de l’Afrique de l’ouest sous la bannière du Mandé. Ce renouvellement de l’unité d’une nation constitue encore le socle de l’identité culturelle de la nation Malienne qui dépasse les frontières de l’actuelle République du Mali.

Nous héritons cette identité culturelle de l’esprit d’une civilisation pour qui le mélange des peuples constitue le facteur essentiel de leur unité. La diversité est la condition même de l’unité et de l’intégration.

« DINGA » est un esprit intégrateur total. Il signifie en Soninké le creuset. Le lieu du mélange harmonieux de tout et de tous. L’esprit du DINGARA est fondé sur une tolérance absolue.

   1. 2.     Le domaine de la production du savoir :

Notre investigation dans ce domaine s’est effectuée autour des rapports que nos savoirs traditionnelles entretiennent avec la science moderne, avec en toile de fond  cette interrogation majeure : Comment s’articule en Afrique dans le domaine du savoir et du savoir-faire et par rapport au mouvement qui préside à l’action, l’ancien et le nouveau.

De cette interrogation centrale d’autres questions surgiront :

-          Que savions-nous hier et comment le savions-nous ?

-          Que savions-nous faire hier ?

-          Que savions-nous faire aujourd’hui ?

-          Quel rapport entre ces savoirs et savoir-faire nouveau et ceux d’autrefois ?

-          Quel était hier, quelle est aujourd’hui la part du mythe, des légendes de la mythologie dans ce que nous croyons savoir aujourd’hui ?

-          Quelles procédures et méthodes fondent nos croyances d’aujourd’hui ?

-          Par rapport à ces savoirs, quels principes et quelles règles régissent notre comportement individuel, collectif et social et quelles normes président aujourd’hui aux actions dans la sphère historique sociale et politique.

Ces questions peuvent sembler déstabilisantes au prime abord. Mais leurs réponses existent cependant à partir d’une recherche acharnée. Il faut aller chercher ces réponses en multipliant les sources et s’en armant d’audace et de patience toute en n’ignorant pas que la préoccupation centrale demeure le conflit entre l’universalisme et le relativisme culturel et la possibilité des « rationalismes » au pluriel. Devoir montrer comment on en est arrivé à parler des « rationalités » au pluriel.

Il devenait possible dès lors qu’on reconnaissait la diversité des cultures et des civilisations, d’éclairer l’histoire de ce pluriel par celle du débat entre modernisme et post-modernisme.

La réponse ne manque pas de convaincre : la désaffection  à l’égard de la raison au singulier est une réaction parfaitement compréhensible contre une compréhension excessivement étriquée de la raison.

Aussi a-t-on longtemps identifié le rationalisme en général avec une idéologie relativiste qui prétendait avoir réponse à tout en excluant toute approche non étroitement scientifique de la réalité.

L’occident a voulu imposer jusqu’à une certaine date une « conception scientifique du monde ». Il entendait réduire tout le champ de la connaissance à ce qui est « donné immédiatement » et imposer dans l’examen de toute question la seule méthode acceptable : l’analyse logique de l’expérience humaine.

Il entendait du même coup « déblayer le terrain des débris métaphysiques et théologiques déposés par les millénaires ».

Face à ce crédo de l’empirisme logique, la réaction été prévisible. Les champs du connaissable ne se réduit pas à la seule matière physique.

Le monde des valeurs et tous les domaines de l’activité humaine méritent aussi bien d’être explorés si l’on veut saisir l’homme comme une totalité irréductible a une seule dimension.

La prétendue « conception scientifique du monde » est devenue une vision du monde parmi d’autres qui sont tout aussi légitimes.

On peut encore cependant décrocher de cette vision européocentriste et en appeler au bon sens.

Admettre que la rationalité occidentale n’est qu’une forme historique parmi d’autres formes historiques possibles de la rationalité en général et qui a lieu d’interroger les autres cultures sur leurs expériences en ce domaine et sur leurs projets de sociétés ou de civilisation.

C’est ce que nous avons effectué lors de notre dernière recherche au Mali finalisée avec « la problématique de l’insertion des autorités et institutions traditionnelles dans le nouveau  contexte démocratique du Mali ».

C’est le terrain qui a complètement bouleversé nos concepts et catégories, méthodes et approches de la tradition.

Il a fallu descendre sur le terrain concret de la production du savoir et conceptualiser une connaissance particulière.

Partir du savoir au sens large, incluant non seulement le savoir stricto sensu, c’est-à-dire les connaissances mais aussi le savoir-faire et les hommes ainsi que leurs modes de production et de transmission.

Il a fallu faire un travail sur la langue et sur la culture afin de se rendre sensible à la totalité socioculturelle et saisir par une compréhension vive et une conceptualisation originale la pulsion interne des sociétés traditionnelles et de leur vision du monde.

Ce travail de la reconstruction d’un univers culturel spécifique nous commandait d’intégrer à la fois l’art, les loisirs, les mythes, les modes de vies, la religion pour aboutir à  un résultat exhaustif et trouver le comment de l’articulation sur le terrain de l’ancien et du nouveau, du traditionnel et du moderne. Telle  était la question centrale de cette recherche.

A son terme, nous pouvions préciser d’une part que l’opposition entre le « traditionnel » et le « moderne » n’était pas une opposition figée mais mouvante ; et que les frontières entre l’un et l’autre servent à chaque époque à redessiner, à redéfinir a nouveaux frais et sur de nouvelles bases en fonction des projets et des perspectives que se donne la société et d’autre part que le « traditionnel » n’est jamais univoque et unidimensionnel. Pas plus d’ailleurs que le « moderne » et qu’il est toujours possible de rechercher derrière la pensée dominante que l’on prend pour traditionnelle la gamme variée de positions marginales temporairement refoulés mais prêtes à refaire surface a la même occasion.

   1. Le contexte de l’immigration et de la création culturelle :

Ce dernier domaine résulte de notre propre expérience de recherche, de consulting et de mise en œuvre de projets sur une période de 30 ans entre la France et le Mali.


C’est le domaine qui a plus nourrit notre réflexion a partir de notre vécu psychologique, les obstacles que nous avons rencontré et des solutions que nous avons tenté d’apporter aux problèmes du développement.

Chemin faisant nous avons mieux affiné et mieux adapté notre conception du développement  pour retenir cette définition : « le développement est un processus global d’amélioration des conditions de vie, d’une communauté sur les plans économiques, social culturel et politique. Pour être durable ce développement doit de se montrer tout à la fois économiquement efficace, écologiquement durable, socialement équitable, démocratiquement fondé, géopolitiquement acceptable, culturellement diversifié.

Le développement ne se réduit pas à la seule croissance. Il doit mettre l’accent sur la satisfaction des besoins fondamentaux (alimentation, éducation, santé) reconnus comme des droits » (source CRID).

Plus concrètement le développement peut se concevoir comme une action fondée sur un projet qui cherche :

   1. A répondre de manière adaptée et durable a des besoins localement exprimer par des populations jugées en difficulté.

   2. Dans le cadre d’un partenariat équilibré

Dans son approche partenariale, le développement passe nécessairement par la capacité des acteurs locaux à formuler eux-mêmes des projets et des activités locales de développement. Elle constitue un gage d’efficacité pour le développement durable dans la mesure où elle favorise l’autonomie, le renforcement des compétences et la prise d’initiatives des acteurs locaux.


Cette définition a le mérite de mettre en exergue les facteurs essentiels du développement qui sont :

 

-          La participation, la responsabilité et l’initiative des acteurs locaux.


-          La diversité culturelle


-          La nécessité du partenariat.

D’une façon générale il est aujourd’hui admis de façon définitive qu’il n’y a pas de recettes en ce qui concerne le développement.


Le développement apparait comme le fruit d’une interaction de plusieurs facteurs parmi lesquels nous pouvons retenir les plus essentiels qui sont : l’histoire, la culture, la politique et l’environnement international.

A ces facteurs essentiels on peut ajouter que le développement nait d’un processus empirique, d’accumulation et d’industrialisation, de progrès techniques, et d’assimilations culturelles.

L’analyse du processus fait apparaitre un facteur déterminant définissant la particularité du processus en même temps que les caractéristiques de la société dans laquelle le processus se déroule : il s’agit de la dimension culturelle.

La dimension culturelle centrale de tout processus de développement n’est ni un handicap ou une contrainte.

La culture n’étant jamais quelque chose de figée, elle évolue ou disparait au rythme des interactions qui ne cesse de se produire.

Le ressort de tout développement : Ainsi on peut retenir que les spécificités culturelles c’est-à-dire l’identité culturelle globale d’un peuple, d’une nation ; cette architecture de réponses constitue le ressort ultime de son évolution et de son développement.

C’est de cette spécificité culturelle que peut naitre pour une société donnée, la définition la plus pertinente de ce qu’on peut appeler : « développement ».

Mais cependant ce levier à lui tout seul ne peut suffire, car chaque société pour atteindre son niveau optimum de développement est obligé de bâtir avant son unité, sa cohésion pour prendre sa place dans une économie aujourd’hui devenue globale en se confrontant a une contrainte singulière.

C’est à partir de cette confrontation que l’on peut juger de son degré de maturité et d’adaptabilité.

La spécificité culturelle et la contrainte singulière : Comprendre le rôle, la place et la fonction de l’identité culturelle. « Le tout de l’homme renvoie à la culture et se ramène en définitive à la culture ».

Le fait de culture, de civilisation est une évidence qui sotte aux yeux.  C’est un fait probant ; celui des travailleur immigrés en Europe et ailleurs dans le monde. Ils proviennent des cultures et des civilisations les plus éloigner des sociétés industrielles.

Dans leurs démarches de fixation pour prendre appui dans leurs pays d’accueil et exister sur un lieu, les travailleurs immigrés spontanément par affinité de culture et de civilisation se regroupent dans les mêmes lieux et dans les mêmes foyers.

Le fait de culture ce manifeste comme un aimant, un outil, une identité, un sous-bassement.

Le fait parait tout à fait naturel et ne crée pas de tensions entre les différents groupes et peut même favoriser des liens interculturels.

Vouloir nier ou détruire au niveau d’un groupe, d’un individu ce soutien existentiel serait criminel, contre-nature, un véritable génocide.

Ce soutien est en effet vital car il procède de toute une dynamique historique propre qui donne une substance, un suc à la vie de l’être humain et du groupe que ni l’économie ni la politique ne peuvent lui apporter.

La dimension culturelle est un instrument dont on ne peut pas se passer. Ce n’est en soi ni un bien ni un mal.

Il ne s’agit pas ici de cette culture de consommation qui se repend comme une écume à la surface du globe ni même du caractère archaïque et des formes extérieures, des signes extérieurs de nos traditions ; mais d’un soubassement, d’une dimension d’un rythme propre à toute civilisation.

Cette définition comprend la culture dans son acceptation la plus large comme un esprit de civilisation ; c’est-à-dire vision commune du monde, manière de penser, de vivre et d’agir qui caractérise un groupe, un peuple, une nation.

Système de références philosophiques, religieuses, esthétiques, intellectuelles et techniques qui permet à un groupe d’aborder le monde sans se dissoudre et disparaitre. Cet esprit de civilisation comme nous l’avons vu, les Soninkés l’appelle « Dingara ». Pour cet esprit, la diversité est la condition même de l’unité dans un esprit commun de solidarité. Le mélange devient le ciment et le moteur de l’évolution sociale.

Pour mieux saisir cette réalité, on peut tenter une comparaison ; la culture pour un peuple est comparable à ce qu’est la personnalité pour un individu. L’être pourvu de personnalité arrive à se situer face aux autres, il marque sa place, possède face au monde une opacité et une épaisseur. En l’absence de cette opacité l’individu perd son autonomie de mouvement et de décision. Il se dilue et disparait absorbé par des personnalités plus fortes et plus dynamiques. La personnalité confère une force, un axe ; il est de même pour la culture qui donne une identité à un groupe par rapport à un autre. Sans cette identité culturelle le groupe perd son centre de gravité et sont véritable pourvoir de décision.

C’est dans ce sens qu’une culture commune lorsqu’elle est partagée par un grand nombre ; si elle est dynamique cohérente a la foi vécue et conscientisée peut représenter un champ de densité dans le rapport de force économique et politique. C’est dans ce fait immatériel que s’enracine un groupe, des hommes reliés à une terre-mère dont chaque individu est une graine.

C’est à ce niveau aussi que la pratique politique, sociale peut se marier avec une culture pour renforcer le degré de sentiment-conscience, d’appartenance, d’énergie pour l’action ou subitement le fausser pour régner sur un vide.

L’entrée dans le 21ème siècle passe pour l’ensemble des peuples et des nations du monde actuel par une contrainte singulière ; la résolution d’une équation qui constitue à s’enraciner très profondément dans les réalités locales pour s’ouvrir au reste de la planète.

Autrement c’est penser local et agir global. C’est en fait se doter de la capacité de mettre en relation deux pôles contradictoires afin d’enclencher une dynamique, un mouvement, un développement.

La globalisation mondiale des échanges contraint singulièrement la liberté de choix que pourraient faire différents acteurs de différents pays en ce qui concerne leurs modes de développement qui leurs seraient propres.

L’intégration au système concurrentiel  mondial et la voie de passage obligé pour chaque pays, chaque groupe social sous peine de marginalisation pour ne pas dire d’exclusion.

Les pays africains dans leurs majorité ont besoin de réformes profondes et nombreuses, de changements économiques, sociaux et politiques qu’ils sont les seuls a pouvoir comprendre et à mettre en œuvre.

Seront-ils capables de répondre à cet immense défi ?

D’autres cultures et d’autres civilisations ont pu répondre à cet immense défi pour exister et triompher au 21ème siècle. Pourquoi pas l’Afrique ?

Les africains doivent surtout savoir qu’il n’y a pas de miracle en économie.

Faut-il le répéter ? L’Asie s’est sorti de la misère par la sueur et l’inspiration, la lumière quelle a pu trouver dans les tréfonds de sa civilisation plusieurs fois millénaires.

L’Asie a pu s’ouvrir au monde sans détruire les valeurs profondes de sa civilisation. Elle peut servir d’exemple mais pas de modèle.

Les différentes civilisations n’ont pas les mêmes trajectoires historiques, n’ont pas les mêmes bases culturelles. Aussi leurs réflexes d’adaptation au monde ne peuvent être que différents.

Cependant l’espoir demeure car les peuples africains ont prouvé par le passé qu’ils étaient capables malgré les terribles chocs subis dans leurs histoires qu’ils pouvaient, se relever, renaitre et s’affirmer face au reste du monde.

L’Afrique est aujourd’hui le continent le plus déconnecté du village planétaire.

Quant au reste du monde, il partage cette lourde responsabilité morale et psychologique de faciliter son intégration dans l’économie mondiale.

Pour revenir au Mali, nous dirons qu’il est l’un des rares pays africains à préserver une profonde conscience de son unité culturelle et de la spécificité de son identité sur plus de 800ans d’ouverture au monde, à travers toutes les vicissitudes.

Aujourd’hui la mondialisation accélérée pose des problèmes inédits  à tous les états-nations car elle constitue une rupture totale, radicale avec tout ce que l’humanité avait connu avant.

Mais pour tous ceux qui connaissent l’histoire du Mali et toutes les richesses de son patrimoine culturel savent qu’il saura trouver les recettes nécessaires pour inventer, innover, pour affronter les défis du 21ème siècle.

Notre optimisme repose aussi sur la vitalité de ses hommes et de son économie à forte potentialités et surtout par un dynamisme permanent enclenché par le bas.

 

Daffé Seydou Madany

17, Rue de l’Espérance

BP 169

95370 Montigny-les-Cormeilles
via maliweb.net