Les noms de famine en pays soninké (haut Sénégal) par Monique Chastanet

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Article soumis à Soninkara.com par Monique Chastanet.
Résumé

Les noms donnés aux années de famine, survenues en pays soninké (haut Sénégal) à la fin du 19e et au 20e siècle, montrent comment ces crises s’inscrivent dans la mémoire collective : ils nous renseignent sur leur chronologie, leur perception et leur vécu. On retrouve des appellations de ce type dans d’autres régions d’Afrique, soumises à des crises alimentaires récurrentes. Et aussi, quoique plus rarement, dans les sociétés européennes préindustrielles.

Ces événements peuvent laisser d’autres traces, à travers des « prénoms » attribués à des enfants nés pendant une famine. Les Soninkés regroupent ces prénoms avec ceux donnés à des enfants nés dans d’autres circonstances difficiles, après le(s) décès de frère(s) ou de sœur(s) en bas âge, sous l’expression de « noms de fatiguée ». On entend par là des « noms d’enfants dont la mère est fatiguée », au sens de « désespérée ». Apparemment dépréciatifs, ces prénoms visent à détourner l’attention des mauvais esprits pour permettre la survie des enfants. Ils s’accompagnaient ou s’accompagnent toujours, ailleurs en Afrique, de rituels protecteurs. On peut rapprocher ces pratiques de la façon dont les sociétés européennes ont réagi, par le passé, face à une mortalité infantile élevée.

Mots clés  

Afrique - Europe - Soninkés - noms de famine - noms et rituels protecteurs - crises alimentaires - mortalité infantile - lieux de mémoire et repères chronologiques.

Références

CHASTANET Monique, 2013, « Le temps, la mémoire et la vie : noms de famine et ‘noms de fatiguée’ en pays soninké (Sénégal) », in FAUVELLE-AYMAR F.-X. et HIRSCH B. (éd.), Les ruses de l’historien. Essais d’Afrique et d’ailleurs en hommage à Jean Boulègue, Paris, Karthala : pages 275-306.