La tradition orale en question

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L'aptitude à lire et à écrire a une importance considérable pour les sociétés humaines. Malgré l'invention de ces techniques en Afrique, c'est l'introduction de l'islam qui, bien avant la colonisation européenne, favorisa le développement de l'instruction dans cette partie du monde.

 

Les marchands d'Afrique du nord faisaient halte dans les ports du désert et les Noirs africains vivant en bordure du Sahara, comme les Soninke ou les Hawsa, acheminaient les denrées à travers l'Afrique occidentale. C'est ainsi qu'ils furent souvent les premiers à se convertir à l'islam, du fait de ces rapports commerciaux avec les musulmans. À leur suite, la doctrine de Mahomet, l'instruction et la connaissance du monde extérieur pénétrèrent en Afrique noire. Le réseau commercial ainsi établi avait permis la création de communautés musulmanes éparpillées à travers l'Afrique occidentale, au nord de la forêt, et les routes commerciales atteignaient le golfe de Guinée.

La révolution maritime du xve siècle et l'arrivée de voyageurs européens sur les côtes africaines suscitèrent une deuxième grande vague d'informations écrites. Ce mouvement se propagea à son tour de façon progressive vers l'intérieur du continent, mais la diffusion s'accéléra du xvie au xxe siècle. À partir du xvie siècle, en effet, nos sources sont des chroniques historiques rédigées en arabe par des érudits noirs africains des bords du Niger, tels que Mahmud Kati, Abdherramane es Sadi.

À mesure qu'une nouvelle partie de l'Afrique faisait l'objet de rapports

1. C'est grâce aux historiens, géographes et voyageurs arabes que nous disposons sur ces empires de beaucoup de renseignements recueillis, soit directement par El Bekri au xie siècle, Ibn Khaldoun et Al Omari au xrv* siècle, soit par l'envoi de messagers comme Ibn Hawkal au Xe siècle, Ibn Batutah au XIVe siècle et Léon l'Africain au début du xvie siècle.

Source: Seydou Camara, Cahiers d'Études africaines, 144, XXXVI-4,1996, pp. 763-790.