Des troubadours du Moyen Age aux griots africains

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Des  troubadours du Moyen Age aux griots africainsAu Moyen Age, en Occident, les troubadours sillonnaient les campagnes pour raconter des histoires au public qui ne savait pas lire. En Afrique, depuis plusieurs siècles, les griots racontent eux aussi des histoires pour célébrer les hauts faits (exploits) des rois et des guerriers en quête d’aventures.
 
La tradition littéraire française du XII-XIII siècle  est riche de textes oraux, racontés par les troubadours, qui seront plus tard transcrits, qui donnent au public une image, une représentation de la société médiévale  par l’intermédiaire des personnages –animaux. L’une des manifestations du talent de ces troubadours est Le Roman de Renart qui est  devenu un texte incontournable pour tous ceux qui s’intéressent d’une manière ou d’une autre  à la littérature du Moyen Age. De même, en Afrique au sud du Sahara, les griots ont rivalisé de talent et d’imagination pour montrer au public les différentes manifestations de la culture orale africaine. Les textes de ces griots ont été traduits et transcrits en français moderne  et constituent aujourd’hui l’une des richesses inépuisables de la littérature africaine francophone. A titre d’exemple, Sundjata ou l’épopée mandingue (Présence africaine, 1960) de Djibril Tamsir  NIANE est œuvre importante qui retrace les hauts faits du roi malinké Sundjata. Ce texte, au même titre que les romans de  chevalerie au Moyen Age,  est plein d’exploits de cet empereur africain qui a conquis plusieurs royaumes. Sundjata, comme Perceval le Gallois, Gauvain, neveu du roi Arthur, et Tristan,  est un guerrier en quête d’aventures.

Ce qui fait la singularité des troubadours du Moyen Age et des griots africains, c’est leur maîtrise de la parole et les différentes techniques narratives qui leur permet d’impressionner, d’attirer l’attention du public. Quand on ouvre un texte comme Le Roman de Reenart, ou Sundjata, l’épopée mandingue, on est tout de suite surpris sinon frappé par les méthodes d’interpellation du public par le conteur –narrateur. Prenons ces exemples : « Messeigneurs, écoutez maintenant, et soyez dans l’admiration » ! (Roman de Renart) ; « Ecoutez donc, fils du Manding, enfants peuples noirs, écoutez ma parole, je vais vous entretenir de Sundjata » (Sundjata, p12), qui montrent le souci du troubadour et du griot d’attirer l’attention, d’interpeller le public afin qu’il soit encore plus attentionné par ce qu’il allait entendre.
 
Les troubadours et les griots sont donc les gardiens de la tradition orale. C’est grâce à eux, à leur grande capacité mémorielle (mémoire) que nous avons aujourd’hui une littérature écrite riche et abondante.

SOUMARE Zakaria Demba