La saison des pluies ( Xaaxo ) chez les Soninkes: Le Katunde et le Woyinde (Fin)

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Dans le monde Soninke, la saison des pluies est comparable à un rituel. Pendant cette saison, des étapes se suivent mais ne se ressemblent point.
Les épis de mil sont maintenant entreposés dans les differents emplacements lors de l'opération Fatande. Il est temps de les regrouper dans un seul lieu afin de bien assurer la surveillance. Le lendemain du Fateeye, les jeunes aménagent une très grande surface d'une centaine de m2. Ils coupent les petites herbes, les arbustes et les ratissent afin de rendre propre l'emplacement. Cette suface anémagée est appelée :Le Dugaane.

Dès que le Dugaane est prêt, les jeunes collectent des épis de mil dispersés dans les différents endroits du champ et les entreposent. La durée de cette période dépend de la grandeur des terres cultivées. Généralement, elle dure 2 à 3 jours. D'habitude, les cultivateurs mettent le turbo pour ramasser au plus vite leurs épis de mil pour qu'ils ne perdent pas leurs grains sur place. On mobilise toute la famille car chaque épi collecté en un temps record rentabilise les récoltes.
Les femmes prennent des bassines ou de grands bols. Les hommes se munissent de sacs de riz vides. C'est la période de Beeredje Bagaande. C’est la collecte de tous les épis de mil précédemment entreposés par tas dans les differents coins du champ.
Dés l'arrivée aux champs, on forme de petits groupes et chaque groupe s'occupe d'un secteur déterminé. Ils peuvent faire des centaines d'aller-retours entre les emplacements et le Dugaane. Ils répètent les mêmes activités pendant 2 et 3 jours.

La saison des pluies ( Xaaxo ) chez les Soninkes: Le Katunde et le Woyinde (Fin)

Dés la fin de la collecte, on chosit 3 ou 4 personnes parmi les jeunes pour veiller sur les épis de mil du Dugaane. Ils seront chargés de clôturer l'emplacement, de protéger le Dugaane contre des attaques extérieures ( Animaux, bergers mal intentionnés, pyromanes... ). Leur mission dure 1 à 3 semaines sous réserve que les épis soient complètement secs. Généralement, les vieux passent souvent pour s'assurer que la surveillance s'effectue normalement. Ils profitent de ces passages pour faire des tests sur l'état des épis. Dés que les épis sont secs, ils fixent une date pour passer à l'opération suivante qui n'est rien d'autre que le Katunde.

Le Katunde consiste à séparer les grains de mil de l'épi. Généralement, le Katunde se passe en début d’après-midi. Contrairement aux autres étapes du Xaaxo, le Katunde ne mobilise que les hommes. Aucune femme ne participe à cette opération. Elle sollicite les gros bras. Avant le jour du Katunde, les jeunes sont investis d'une autre mission particulière. Il s'agit de chercher des gros bâtons qui serviront au Katunde. Ces bâtons sont souvent long de 1,50 à 2 mètres et sont en forme d'un L majuscule ( L ). Les jeunes, armés de ces bâtons et de râteaux se rejoignent au Dugaane. Les plus grands répartissent les tâches. Au préalable, ils doivent couvrir tout leurs corps. Ils couvrent leurs têtes et leurs cous par des foulards, les mains par des gants... Toute zone irritable ne doit être laissée en rade. Il s'agit de se protéger contre le Kiguisse. Le Kiguisse est le résidu des épis de mil. Il peut provoquer d’atroces démangeaisons qui incommodent bon nombre de Kaatundanos. Dés que leur protection est assurée, les jeunes armés de bâtons et de râteaux attaquent le Dugaane. Pendant que les uns tapent sur les épis de mil les autres armés de râteaux séparent les résidus des épis des grains de mil.
Ces coups de bâtons sont souvent accompagnés de chants Soninke et de quelques pas de Worosso. Le Katunde comme toutes les autres étapes dure quelques jours. Il dépend aussi de la quantité d'épis du Dugaane.

Après le Katunde, le Dugaane devient un amas de grains de mil et de Kiguisse. On vient de finir une étape décisive de la saison des pluies. On ne voit plus d'épis de mil mais que des grains de mil et de résidus d'épis. La prochaine étape est sans doute : Le Woyinde. Cette opération consiste à séparer les résidus d'épis des grains.
Contrairement au Katunde, le Woyinde fait appel aux femmes. Il s’agit du vannage. Cette opération consiste à vanner les résidus d’épis des grains. Dés le matin, les femmes regroupent les calebasses de la maison et les grandes bassines et prennent le chemin des champs. Elles sont les actrices du vannage. Les hommes participent activement à cette période également. Ils doivent chercher des sacs neufs devant servir à recevoir les grains de mil qui seront vannés par les femmes et autres jeunes hommes adroits. La bonne exécution de cette opération dépend en grande partie d’une clémence divine : le vent. Le Woyinde dépend du vent. Un vent fort présage une rapidité d’exécution du vannage tandis que qu’un vent faible induit des retards. La durée de cette période dépend exclusivement des conditions météorlogiques.

Durant cette étape, on s’organise par groupe de 3 voire 4 personnes. Chaque équipe est composée d’une vanneuse, d’un préparateur de résidus à vanner et d’un collecteur de grains. Le rôle de ce dernier est de remplir les bassines de grains de mil récoltés par les vanneuses. Les hommes quant à eux remplissent les sacs vides de grains de mil. Généralement, on privilégie les sacs de 100 KG pour faciliter le comptage après le Woyinde. Dés que l’on a finit de vanner tout le mil, les hommes bouclent les sacs de mil et les stockent dans un endroit bien discret. Cette récolte du jour peut passer des nuits durant toute la période de Woyinde sous la protection divine. Le cultivateur est un fervent musulman. Du début de la saison des pluies jusqu’à la fin, il place son espoir sur Allah. Semer et attendre la pluie qui est très aléatoire est un réel acte de piété. La phrase fétiche du cultivateur est : « Allah Gando Xoumari » . Après avoir laissé les sacs de mil sous la surveillance divine pendant des nuits, les vieux activent la phase finale de la saison des pluies. On collecte alors ces fameux sacs à dos d’âne ou par des charrettes. Aujourd’hui avec la modernité, des camions se chargent de cette mission. Les hommes stockent les sacs de riz dans les greniers après comptage.
Plus on a récolté de sacs de mil plus on fait grimper sa cote de popularité dans le village.
Ainsi se passe l’hivernage dans mon pays Soninke du Gajaaga.
La saison des pluies est terminée, on peut désormais s’adonner à la lutte traditionnelle et aux Dimmus ( Danses traditonnelles ).

Makalo aka Samba Fodé KOITA

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Commentaires (3)

  • dab

    Iyoo bonsoir,

    Franchement la première photo c\\\'est magique, c\\\'est ça le village c\\\'est pur, il n\\\'y a pas d\\\'illusions, c\\\'est pas transgéniques ni d\\\'engrais... j\\\'espère que cela va rester longtemps comme ça.
    Je ne suis pas du tout contre l\\\'évolution mais il ne faut qu\\\'elle soit déstructive, dans les pays \\\"riches\\\" on ne sait même pas ce que l\\\'on mange, il mieux de manger moins mais de manger une riche de qualité donc riche au lieu de se goinfrer pour tomber malade quelques années plus tard.
    Vive les cultivateurs(trices).
    Comme a dit Diabi Doua :\\\" si tu es content d\\\'aller travailler dans ton bureau c\\\'est grâce aux cultivateurs\\\"
    Vive les villages, vive les villageois et vive l\\\'humanité.

    Ya fateeye

    Dab
    Sangé Do Fallacha

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