Ainsi, l’association villageoise de Diawara (Sénégal) de 1966 à 1995 a investi entre 1,7 et 1,8 million e FF, soit 170 à 180 millions de francs CFA actuels avec les seules cotisations mensuels de 15 FF ou les cotisations ponctuelles exceptionnelles pouvant aller jusqu’à 2 000 FF /personne. Je n’ai pas compté les 11 000FF/annuels envoyés pour soutenir les ressortissants du village vivant dans la chambre de Diawara à Dakar (50FF/an/par membre). Je n’ai pas non plus comptabilisé les autres réalisations des autres regroupements du village comme les quartiers, les familles, les écoles arabes, les boucheries, ni même un grand projet privé d’investissement de 100 millions de francs CFA dans un super marché réalisé par quelques villageois avec leur cotisations et un prêt bancaire. Je n’ai pas pris en compte non plus les investissements de départ de 8 millions de francs CFA de la coopérative d’achat ni les quelques millions de francs CFA engloutis dans la coopération avec la SAED pour compenser les "frais" des champs des périmètres irrigués villageois. La pharmacie aussi fonctionne avec un capital que je n’ai pas pris en compte. J’ai limité mon champ aux seuls projets réalisés par la seule AVSF de Diawara ; n’ont pas été également pris en compte l’aide octroyée au village par ses partenaires tels l’ordre de Malte, les Lycées de Renêve et de Dijon, ni même celle de l’UNESCO, ou des ONG.
Toujours s’agissant des réalisation des AVSF que Christophe Daum appelle associations villageoises de développement (AVD) ; lors du colloque qui s’est tenu à Evry les 13 et 14 juillet 1992, il a essayé de faire la synthèse des réalisations de 105 associations villageoises de 100 villages comprenant 16 000 cotisants pour 24000 immigrés et 420 000 habitants dans les villages d’origine. Sur un total de 43 millions de francs investis, seulement 5 millions de francs ont été octroyés par les ONG et les institutionnels. La répartition par secteur d’investissement est la suivante :
- 41 projets et un investissement de 7,8 millions dans le domaine culturel.
-24 - - 0,9 million Agriculture.
-70 - - 9,01 millions Santé et éducation.
-62 - - 6,68 millions Consommation.
-57 - - 3,33 millions Eau
-21 - - 0,78 million Associatif
-16 - - 2,81 millions Services
-55 - - 7,17 millions Ecoles
Total 346 réalisations, 38,56 millions FF de cotisations et 5 millions FF (octroyés par les partenaires).
On peut citer d’autres exemples à partir de l’année 1984 où les Sénégalais créeront des GIE commerciaux (groupement d’intérêt économique) en se référant à la loi instaurant la NPA (Nouvelle politique agricole). Par ailleurs lors des grandes fêtes musulmanes on sacrifie boeufs et moutons en se rassemblant autour de groupes ponctuels de commande de viande de boucherie depuis la France.
La coopérative d’achat par exemple, qui est devenue très active dans tous les villages, importe des produits alimentaires des villes en vue d’assurer le ravitaillement continu du village surtout en période de soudure (août et septembre) à des prix modérés. Les commandes sont faites depuis la France et les bons sont envoyés au village pour le retrait des marchandises commandées. D’aucuns envoient un simple fax à la boutique du village qui livre les marchandises ou le mandat à la famille du migrant qui a passé la commande en France.