Le commerce dans le département de Bakel

 Imprimer 

Le commerce a longtemps été une activité prisée à Bakel. De "Buhan et Teïsseire" aux « Baol – Baol » sans oublier les grands commerçants Soninkés, le département de Bakel a toujours été un carrefour commercial. Autrefois, les colons avaient fait de cette contrée Soninké un pilier du commerce colonial. De grands commerçants s'installèrent alors dans la vieille ville de Bakel. Les marchandises aussi diverses et variées arrivaient à Bakel par voie fluviale depuis la capitale St Louis. Le fleuve Sénégal était navigable. Les bateaux embarquaient et débarquaient de l'actuel embarcadère de Bakel (Bologanxore) qui avait des allures de port. Certaines photos de Bakel colonial montrent le port de Bakel d'autrefois. On y voit clairement des bateaux à voile et des hommes déchargeant des marchandises. Des archives qui montrent que Bakel disposait d'importantes activités portuaires.Il faut aussi noter que le fleuve Sénégal était plus grand à l'époque et la navigation était possible... Les berges du fleuve caressaient les murs de l'actuelle Mairie de Bakel et dans certains endroits, le fleuve se trouvait à proximité des maisons. Les ponts de Modincané et de Girimpalé baignaient dans l'eau du fleuve. Ceci montre que le fleuve Sénégal de la période coloniale n'a rien à voir avec celui d'aujourd'hui. Bakel avait toutes les facettes d'une ville économique. Dans les différents magasins de l'époque, BUHAN et TEISSEIRE était un des plus florissants.

Le local en ruine de cette enseigne commerciale est toujours présent à Bakel. Sur la façade, on peut lire " BUHAN et TEISSEIRE"... Il se situe sur la route départementale de la ville à quelques encablures de la préfecture de Bakel et à deux pas de l'embarcadère. Il fait parti de nos jours des vestiges historiques du patrimoine Bakélois. Il y avait d'autres magasins aussi réputés que le célèbre B&T mais leurs sites n'ont pas pu résister au temps. Ce rappel des temps coloniaux a juste pour but de montrer combien l'histoire de la ville historique de Bakel etait liée au commerce colonial. Depuis Bakel n'a pas dérogé à cette habitude.

Après la période coloniale d'importants commerces de gros ont vu le jour à Bakel. Entre autres, on peut citer la SONADIS. Une franchise de gros qui eut une histoire florissante dans la ville de Bakel... Ce magasin appartenait à des commerçants Maures. Il distribuait toute sorte de denrées de première nécessité. Tout bakel faisait ses courses et ses commandes dans cette grande enseigne. Ce centre commercial traditionnel se trouvait dans le quartier N'diayega 3. Bakel a connu des jours heureux avec la SONADIS. A coté de cette franchise, il y avait des boutiques d'un lybano-syrien du nom de Mamadou Nar. Il était à la tête d'importants magasins de gros de toute sorte de produits. Il a eu un succès fou à Bakel. Il travaillait avec des Bakélois de naissance à savoir le vieux Dalla Maka Camara et le vieux Fousseynou Dioxé de Girimpalé... Mamadou Nar était à cette époque le plus grand commençant du département de Bakel. Il partageait les parts de marché du commerce Bakélois avec d'autres maures venus de la Mauritanie et certains autochtones à savoir Mamadou Wane, Issa Soumaré, repreneur de Buhan & Teïsseire.

Au même moment, les wolofs du Baol, conscients de la richesse des ménages Soninkés ont investi la ville de Bakel. Ils ont ouvert des commerces de gros et des boutiques de prêt à porter.Ils détiennent les clefs du marché central de Bakel à nos jours. En parallèle, un autre commerçant du nom de Yara Dieng détenait une épicerie. Ce commerce se situait à la frontière entre N'diayega 2 et celui de N'diayega 3 en face du Marché (Saxaleme) dans une ancienne Boutique de Mamadou Nar. C'était une boutique d'alimentation générale où on y trouvait des articles éléctroménagers et autres fournitures de bureau. Ce riche commerçant Wolof d'origine Maure a fait long feu à Bakel. Plusieurs générations de Bakélois ont trouvé sur place ce commerce d'alimentation générale où les villages environnants venaient faire leurs courses mensuelles. Cette boutique a résisté aux temps et aux nombreux ajustements structurels jusqu'aux années 2000. Son propriétaire a finalement fermé boutique et s'installa à Dakar avec sa famille.

Dans le quartier d'affaires de Bakel, il y avait aussi la boutique de Dramé Samba Diogou. Il occupait  un des fonds de commerce de Mamadou Nar. Originaire de la ville voisine de Diawara, ce riche commerçant Soninké s'est installé à Bakel avec sa fratrie (Bouna Diogou et Issyakha Diogou). Samba et Bouna détenaient une boutique de commerce de matériels de construction (Ciments, fer...) et de quincaillerie pendant qu’Issyakha vendait dans leur boutique de matériels électroménagers. Cette famille Soninké de Diawara a aussi fait fortune dans la capitale du Gajaaga et a largement contribué au bien être des populations Bakéloises. Dans le même sillage, d'autres commerçants de gros d'électroménagers se sont installés dans le quartier DAR ES SALAM. On peut citer entre autres, la famille Dramé ( Demba et Thierno ) originaires du village de Galladé, l'incontournable Aladji Touré, originaire du village de Gandé et Salif Soumaré , originaire du village malien de Lany. Ce dernier était spécialisé dans le commerce de gaz butane. Pendant plusieurs années, il était le distributeur exclusif de gaz dans le département de Bakel. En plus de cette activité, ils vendaient également de la cola. Tous ces commerçants étaient Soninkés et ont fait fortune dans le commerce.  

Les Wolofs du Baol communément appelés les « Baol - Baol » ont fait leur entrée fracassante dans l'échiquier commercial du département de Bakel après les événements Sénégal - Mauritanie de 1989. Avant leur implantation, le commerce de détails était la chasse gardée des Maures du pays voisin de la Mauritanie. Dans chaque quartier, on y dénombrait une pépinière de boutiques de détail. Après le malheureux événement de 1989, les Maures furent chassés du Sénégal particulièrement du département de Bakel. Les Wolofs qui étaient moins visibles dans le commerce Bakélois furent leur entrée fracassante. Auparavant les Wolofs n'étaient visibles qu'à l'intérieur du marché et ils étaient spécialisés dans l'habillement. Certains avaient néanmoins leur petit commerce de denrées alimentaires au marché de Dar Es Salam. Dans les années 80, ils ont changé de fusils d'épaules. Ils ont investis les deux marchés centraux de Bakel ( Saxeleme et Saxaxoré ) et ont fortifié leur présence dans le commerce de détail dans les quartiers. Ils détiennent les clefs du marché de N'diayega qu'ils partagent avec les boutiques de tailleurs et les Laobés qui vendent des effets féminins. Bakel prend alors des allures de ville Wolof. Partout, les boutiques de « Baol - Baol » poussent comme des champignons. Détenant les rênes du commerce d'habillement, de denrées alimentaires de première nécessité, ils commencent de plus en plus à se lancer dans le commerce de gros. Au même moment, quelques uns d'entre eux se lancent dans le commerce d'électroménagers. L'un des plus célèbres d'entre eux était Masylla Sarr. Sa boutique était spécialisée dans le commerce de matériels Hi-fi, de matelas, de chaises... Jusqu'aux années 2000, son magasin d'électroménagers était une référence à Bakel. Les « Baol Baol » ont redistribué les cartes du commerce local Bakélois. Mieux, ils ont migré vers les autres villages du département pour y ouvrir des commerces de toute sorte. Bakel est devenu ce carrefour commercial florissant. Les Wolofs sont partout présents dans le département de Bakel. De Galladé à Bakel et de Koughany à Aroundou sans oublier Kidira et Gabou, les wolofs deviennent les principaux acteurs du commerce local.

Vers la fin des années 90, une autre forme de commerce voit le jour à Bakel. Il s'agit des boutiques de commerce de gros mais spécialisées dans l'alimentation générale. La spécificité de ces boutiques est qu'elles appartenaient à des GIE Soninkés (Groupement d’Intérêt Economique). Ils ont été mis en place par les associations d'émigrés Soninkés établis en France. Les plus célèbres d'entre elles étaient : l'alimentation générale « GIE la Bakéloise » et celle de « Samba Lémé ». Ces magasins faisaient la fierté des Bakélois. Les familles recevaient mensuellement leur ration alimentaire commandée par leurs proches dans les foyers parisiens. Les Wolofs perdent des parts de marché considérables. Les Soninkés deviennent incontournables dans la grande distribution. Des camions de riz, d'huile et d'autres produits grouillaient mensuellement dans la capitale du Gajaaga. Malheureusement, la gestion de ces GIE ont été catastrophiques. Après quelques années de gloire, ils firent faillite et redonnent les clefs du commerce de gros aux Wolofs. L'un d'entre bouleversa réellement les habitudes des Bakélois. Il s'agit de l'incontournable Habib DIOP. Il détient le monopole du commerce de gros à Bakel. Toutes les denrées de première nécessité de Bakel arrivent chez lui. Il est aujourd'hui à la tête d'une importante entreprise de distribution. Mieux, il a réussi à créer une Mutuelle d'épargne et de crédit en associant avec quelques Bakélois.

Aujourd'hui, Bakel est toujours un carrefour florissant. Malgré, la crise financière qui frappe le monde entier, les populations du département de Bakel disposent toujours d'une manne financière considérable qui fait courir les « Baol – Baol ».

Samba Fodé KOITA dit Makalou

Source : www.bakelinfo.com

Ajouter vos commentaires

Poster un commentaire en tant qu'invité

0

Commentaires (1)

  • fromkelba

    c\\\'est vrai ça! en tout cas mon frère il faut préciser que le département fait partie des zones les plus défavorisées du pays.À quoi ça sert une fortune si tes enfants ne peuvent meme pas s\\\'offir un bon établissement scolaire; a quoi sert d\\\'avoir de l\\\'argent si tes soeurs mères sont plus vulnérables que les autres femmes du senegale à mortalité et morbidité maternelle.
    Quel paradoxe.
    un département riche où vivent des gens démunis.
    biiiiiiilll mmmbath