Chasseurs et guerriers au Musée Dapper

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Chasseurs et guerriers choisi par la Fondation Dapper.

De tous temps, en Afrique comme ailleurs, il est revenu à quelques hommes de nourrir et défendre leur communauté. Car comme le dit le vieil adage malinké, « le chasseur a pour fils aîné le guerrier »... Il est vrai que chasse et guerre sont souvent indissociables. Ce sont les chasseurs qui vont permettre de réaliser les superbes boucliers de cuir de buffles, d’hippopotames ou d’éléphants. Mais surtout, les qualités de force, de courage et de maîtrise de soi sont aussi nécessaires aux uns qu’aux autres. Dès l’enfance, les hommes vont s’y préparer. Ces qualités acquises expliquent, s’il en était besoin, le prestige et le pouvoir qu’on pu avoir chasseurs et guerriers dans les civilisations africaines. Les pièces présentées dans cette exposition en témoignent.

Armes - lances, épées, dagues et couteaux - parures, et statuettes montrent ici la variété et la richesse du travail des forgerons et des potiers. Tout particulièrement remarquables sont d’une part les ngulu, ces couteaux aux formes surprenantes forgés par les ngombé (ex-Zaïre) ou les haches fang (Gabon), d’autre part les figures équestres du Mali.

En effet, aussi loin que l’on remonte dans l’Histoire plusieurs fois millénaire du Mali, on trouve le cheval. Mythes, légendes, récits historiques ou chants l’attestent. En témoignent plus encore les cavaliers présentés ici : statuettes de terre cuite du XIIIe et XIVe siècle, soninké, bankoni ou bambara, mais surtout les statuettes dogon en bois des XIVe et XVe siècles où les cavaliers impassibles et fiers se dressent sur leurs chevaux tel des Don Quichotte africains.

Deux petits regrets qu’à aucun moment ne soient évoqués d’une part les très nombreuses peintures rupestres, si présentes dans toute l’Afrique (et qui montrent l’étonnante familiarité des hommes et des bêtes) et d’autre part l’importance de la chasse à l’éléphant (source formidable de richesse comme l’atteste le mobilier funéraire somptueux découvert lors de fouilles de l’île d’Ife).

A remarquer enfin les lithographies et aquarelles des guerriers zoulous prêtés par le Musée Africa de Johannesburg, et la superbe parure de tête en peau de léopard et plumes d’autruche du Musée d’ethnographie de Lisbonne qui montre l’importance de la parure dans l’acte de guerre ou de chasse.

Quelque soient les réserves de certains face au parti pris esthétique de la Fondation Dapper, ne boudons pas notre plaisir car comme toujours ici la mise en scène est superbe et, comme l’a dit Segalen, « cette mise en beauté du spectacle est un merveilleux outil de connaissance ».

Par Isabelle Merle des Isles
source : Africultures