Teinturières à bamako quand la couleur sort de sa réserve

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Une monographie toute en couleurs de l’auteur belge Patricia Gérimont sort de presse aux éditions Ibis Press de Paris, ce 13 octobre.

Ouvrières rinçant les basins et les mettant à sécher. Motifs ballons et patchangas .

Lors de nombreux séjours dans la capitale du Mali, Patricia Gérimont rencontre une famille de teinturières, s’initie à leur art et décide de transcrire son expérience dans un livre reprenant 460 photographies couleurs.

Bamako, capitale de la teinture

Bamako est aujourd’hui la capitale incontestée de la teinture artisanale en Afrique de l’Ouest. La ville regorge d’ateliers et des kilomètres de tissu y sont teints chaque année. Les motifs qui ornent ces étoffes sont obtenus à l’aide de différents procédés de réserve par nouage, couture ou empâtement du tissu.

Cet artisanat se fonde sur la tradition tinctoriale à l’indigo naturel pratiquée depuis des siècles dans cette région d’Afrique. Ces cinquante dernières années, l’activité de teinture s’est redéployée à la faveur de l’importation de basin - un damas de coton d’une grande finesse - et de colorants synthétiques. La variété des couleurs proposées a permis aux teinturières bamakoises d’actualiser les techniques anciennes de réserves blanches sur fond bleu par la création de modèles multicolores très recherchés bien au-delà des frontières du Mali.

Cette activité artisanale contribue fortement au maintien d’un style vestimentaire propre aux sahéliens. A l’heure de l’uniformisation planétaire, les Maliens éprouvent une grande fierté à arborer leurs amples boubous, signe d’appartenance et de distinction.

La réalisation de ces magnifiques boubous requiert un grand nombre d’étapes, faisant appel à une main d’œuvre nombreuse. Par cette forte valeur ajoutée, le basin teint constitue un atout économique non négligeable. De plus, il demeure une expression culturelle populaire réalisée par et pour les Africains, à la différence du Wax, de fabrication industrielle ou du bogolan, ce tissu décoré à l’argile, destiné de nos jours principalement au marché touristique et décoratif.

Ouvrières rinçant les tissus. Le motif du basin en arrière plan est réalisé par fronçage et nouage. Il a subi trois bains de teinture successifs.

Le livre

Le livre de Patricia Gérimont raconte la rencontre de femmes du Nord et du Sud autour d’une passion commune pour le tissu et la couleur. Cet ouvrage, richement illustré, propose la découverte de techniques ancestrales, toujours vivantes à Bamako. Il témoigne d’une expérience humaine peu commune d’une Européenne initiée à l’art de la teinture dans une entreprise familiale de la capitale malienne.

Pour appréhender ce phénomène économique et culturel, l’auteur a choisi l’approche monographique en séjournant dans une petite teinturerie dirigée par trois coépouses. Cette immersion durant cinq mois étalés sur trois ans lui a permis de gagner la confiance de chacun des intervenants et de cerner non seulement l’ensemble des procédés techniques mais également de dresser le portrait des différents acteurs de la teinture. Ce livre en effet est conçu à la fois comme un ouvrage technique et comme un hommage aux artisan(e)s au travers de leur parcours de vie tout en contrastes.

Les trois coépouses teinturières

Survol de l’ouvrage

La préface est due à Anne-Marie Bouttiaux, conservatrice en chef de la section d’ethnographie au Musée royal de l’Afrique centrale à Tervuren (Belgique). Le musée a par ailleurs apporté son soutien à cette publication.

L’atelier

Ce livre, structuré en quinze chapitres, aborde dans un premier temps le contexte général de la teinture à Bamako, son enracinement dans l’histoire et ses enjeux actuels. Le deuxième chapitre consacré à la teinturerie de Sanata et de ses coépouses met en lumière le mode d’organisation des activités tinctoriales en donnant la parole aux artisans. Le chapitre suivant traite des matières premières - le basin et les colorants -, en s’interrogeant sur les raisons qui poussent les teinturières à n’utiliser que du basin importé alors que le Mali est lui-même producteur de coton et pourquoi l’indigo est abandonné au profit des produits synthétiques.

Afel, le vendeur ambulant découpe une pièce de basin pour Mariam, une des trois teinturières. Elle porte un boubou réalisé par couture et nouage. (voir ch. 8 et 9)

Les chapitres 4 à 13 sont entièrement dédiés aux différentes techniques de réserve utilisées pour décorer les basins. Les « attaches », terme local pour désigner les procédés mécaniques de réserve, sont décrites par le menu et richement illustrées. Le lecteur peut aisément comprendre la manière dont chaque motif est réalisé et à quelle famille de procédé il appartient. En allant des plus simples vers les plus raffinées, sont abordées successivement les attaches par pliage et plissage dites attaches faciles (ch 5), la technique du fer qui recourt aux étaux (ch 6), les réserves froncées (ch 7), les attaches guinéennes à l’aiguille et nouées (ch 8 et 9), les réserves brodées (ch 10), les attaches cousues à la machine (ch 11). Viennent enfin les procédés par empâtement appelés bougie (ch 12) et koossi (ch 13) correspondant respectivement au batik et à la sérigraphie.

Tout au long des chapitres, les attaches décrites sont mises en relation avec les techniques anciennes lorsque l’auteur a disposé de sources documentaires à leur sujet. Grâce aux tissus conservés dans les musées, aux photos anciennes et à deux témoignages écrits du début du XXe siècle, on sait que la plupart des procédés d’aujourd’hui étaient déjà employés en teinture à l’indigo. Quinze cartes postales éditées dans la première décennie du XXe siècle sont reproduites à cet effet dans l’ouvrage.

Les deux derniers chapitres sont consacrés aux finitions (lustrage, confection) et à une réflexion sur les motifs, leur nom, leurs agencements, leurs sources d’inspiration et sur la créativité indispensable au maintien des artisanes sur ce marché largement ouvert et très évolutif.

L’auteur

L’auteur, Patricia Gérimont, est née et vit en Belgique. Elle est diplômée en politique de l’éducation. Fonctionnaire au ministère de la Communauté française Wallonie-Bruxelles, elle a d’abord été chargée du soutien aux associations d’immigrés et à l’action interculturelle. Elle est actuellement responsable du secteur des centres d’expression et de créativité.

Parallèlement à la sortie de cet ouvrage, Patricia Gérimont signe un article intitulé « Bamako, une capitale de la couleur », dans le catalogue intitulé « Chemins de couleur » co-édité par le Musée du quai Branly à Paris et les Editions Nicolas Chaudun à l’occasion de l’exposition du même nom, conçue par la conservatrice Françoise Cousin, et qui se tient au musée du 14 octobre au 04 janvier 09.

Information technique

L’ouvrage comprenant 224 pages, au format 21 x 27 cm – 460 photos en couleurs - est en vente au prix de 32 €.
ISBN : 978-2-910728-82-3
Conception graphique : Audrey Voydeville

Les Editions Ibis Press publient des ouvrages en relation avec le Sahara, la Mauritanie, le Maroc, le Monde berbère, l’ethnobotanique, la nature et le patrimoine, en accordant un soin particulier au rapport texte-images.

 

Contact et service de presse

Ibis Press
4 rue des Patriarches à 75005 Paris
 
www.ibispress.com
Tel : 00 33 1 43 71 28 87
Contact : Bernard Césari 

Photos :

Patricia Gérimont est l’auteur des photos du livre et du dossier de presse.
Un CD d’une quarantaine de photos est joint au dossier.
Ces photos sont libres de droit.

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Commentaires (2)

  • Dianyart

    Bonjour, cette articles reflète bien la réalité qui ce vie actuellement au Mali. Moi mêmes je vie au Mali et j\\\'ai pu remarquer que c\\\'est un marché en plein expansion. Et qui fait travailler beaucoup de gens moi le premier :) Effectivement je vend du bazin teint sur internet mon site est nanadiany.com. Portons notre culture toujours en avant c\\\'est important.

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